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Chronique d'un psy : pour la gratuité du travail psy

28/02/17
Chronique d'un psy : pour la gratuité du travail psy

Alors que tous les regards portent sur le devenir du psychologue, j’ai choisi de me braquer sur les psychologues en devenir, et plus particulièrement sur l’aberration du stage non rémunéré.

Cette semaine est placée sous le signe de l’optimisme. La fin de l’hiver approche. On peut humer au dehors un air presque respirable, certes pollué, mais lorsque le mercure monte à plus de 10 degrés, qu’est-ce qu’on se sent bien ! L’occasion est parfaite pour se promener dans un parc qui revit petit à petit et d’y croiser par hasard au détour de mes déambulations, mon ancienne stagiaire.

Pour elle, la vie est belle. Elle est jeune, brillamment diplômée, le tout couronné par un mémoire qui était loin d’être soporifique. Elle gagne sa vie, ma stagiaire. Elle travaille. Elle a des projets personnels. Elle a tout pour être heureuse. Curieux comme toujours, je me permets de la questionner. Quelle est l’institution qui a senti en elle, la clinicienne bien formée capable de mener à bien son travail ? Elle me répond, dans un élan maitrisé typique des personnes qui arrivent à contrôler leurs émotions mais qui rêvent pas si secrètement que ça, de vous défoncer la gueule à coup de burin, qu’elle travaille dans un supermarché à mi-temps pour financer son stage dans une institution hospitalière. C’est dans ses dires que je me suis rendu compte de l’horreur de la situation.

Sans exagérer, j’étais fâché. Non mais c’est vrai, j’ai pas perdu six mois de ma vie à former un petit être naïf, l’encadrant d’une manière adéquate jusqu’à en faire une arme d’empathie massive, pour qu’elle passe le restant de sa vie à classer des boites de conserve par date de péremption. C’est quoi ce délire ? Financer son stage ? Elle l’a déjà fait son stage : avec moi, pardi ! Pardon ? C’est pareil pour les médecins et les avocats ? Oui, j’entends bien, mais ils sont rémunérés, certes des cacahuètes périmées, mais rétribués pour le travail qu’ils effectuent !

Récapitulons. Si je comprends bien, on considère qu’après cinq ans d’études et plus de 600 heures de stage, le psychologue clinicien n’est toujours pas apte à pratiquer. Petite question : s’ils ne sont pas capables de mener à bien un entretien, pourquoi ont-ils un diplôme certifiant qu’ils sont psychologues ? Pourquoi peuvent-ils porter ce titre honorifique, si le monde du travail considère qu’ils sont incompétents ? Ah… On m’arrête tout de suite, il semblerait que certains d’entre eux, sont clairement compétents ! La preuve, personne ne les encadre. En gros, on appelle ça un stage non rémunéré, du bénévolat, une occasion unique de parfaire ses compétences. C’est marrant, moi j’appelle ça du vol, du dénigrement, voire de l’esclavage doublé de malhonnêteté intellectuelle.

Dans ce contexte, une envie m’a vaillamment traversé l’esprit d’une pulsion si forte que je n’ai pu faire autrement que de la soumettre avec panache à mon ancienne stagiaire : pourquoi ne se rebelle-t-elle pas ? Je la voyais déjà, buvant encore allègrement mes pensées, se faisant porte-parole de tous ces jeunes diplômés qui se doivent de passer par la case du bénévolat, le temps qu’une psy de l’équipe tombe en cloque ou en burnout pour pouvoir avec un peu chance, prétendre à un contrat de remplacement de 6 mois. Et si à partir de maintenant vous refusiez de travailler gratuitement, que se passerait-il ? Elle m’a regardé avec un air assez ironique pour me renvoyer énergiquement dans la figure, que si elle ne le fait pas, un autre en profitera certainement.

Donc, à l’heure actuelle, il est tout à fait normal que des personnes formées, compétentes, jeunes et dynamiques, bourrées d’idéaux façonnés par cinq années acharnées dans un monde académique qui se veut ouvert sur le monde, se voient souvent traitées comme des moins que rien, de la main d’œuvre gratuite, du prolétariat au service d’une institution gourmande, qui n’hésite pas à faire l’impasse sur la logique qui voudrait que tout travail mérite salaire.

En conclusion, cette semaine, il a fait passablement beau. Le ciel a été bleu et j’ai cru un instant que l’hiver était fini. Finalement, entre mon ancienne stagiaire et moi, je me demande vraiment qui de nous deux est le plus naïf…

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Commentaires - 2 messages
  • Entre fautes d'orthographe (tous et pas "tout'), sentiment de toute puissance ("ma stagiaire"), narcissisme +++ ("l'encadrant d'une maniere adequate", "buvant allegrement mes paroles", "une pulsion so forte"), infantilisation (un petit etre naif") et non sens ("une envie m'a traverse l'esprit d'une pulsion si forte"), j'espere que vous n'etes pas psy. Ou sauf qui peut !

    loutus57 mardi 28 février 2017 23:24
  • Votre naͯveté ;-) n'a peut-être pas encore remarqué que le salaire psy est aussi largement bradé! Certaines institutions sociales demandent un "travailleur social" et engagent forcément un psy pour un salaire plus bas, naturellement! Je l'ai vécu! Un autre truc que je ne digère pas vraiment est le fait de travailler en planning : alors que j'ai une consult privée de plus 20 ans , je n'ai eu droit Í  aucune ancienneté car je n'avais pas travaillé dans un planning!!! Alors que je fais exactement la même chose ! Comme si on disait Í  un menuisier : t'as changé de boite, ici, tu recommences Í  ZERO! Je ne pense pas que bcp accepteraient! Cela dit, je ne suis pas en position de me plaindre, trop difficile de trouver un boulot et puis heureusement, je m'y plais même si je perds qq chose comme 4 ou 500 euros tous les mois! Mais n'y pensons plus! L'argent ne fait pas le bonheur! Quoique....

    ccilette mercredi 1er mars 2017 09:34

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