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De l'importance de prendre des mesures concrètes pour la petite enfance

10/05/17
De l'importance de prendre des mesures concrètes pour la petite enfance

En acceptant le poste de ministre de l’enfance et de la culture, Alda Greoli savait que la tÍ¢che serait ardue. En matière de santé et d’accompagnement, l’enjeux majeur, pour la ministre, est de mettre en place des mesures concrètes d’émancipation pour les nouveau-nés et leurs parents. En ce sens, une réflexion profonde de l’accueil est indispensable.

La question des personnes, en politique, est souvent délicate : comment assurer aux citoyens dont on est censé être le représentant, une situation la plus adéquate et en accord avec leur vision personnelle ? Chaque décision se doit d’être méticuleusement pensée et calculée. Peut-être encore plus en ce qui concerne le domaine de l’enfance, tant l’impact de telles décisions peut, par la suite avoir des conséquences désastreuses. C’est donc une lourde tâche, en matière d’accueil, de santé et d’accompagnement de l’enfance qui incombe à Alda Greoli, dont nous dressions le portrait dans un récent article. Qu’elle comprend et à laquelle elle a choisi de s’atteler de pied ferme.

Pas qu’un manque de moyens

Si, d’après le secteur, le souci principal relève d’un manque de moyens effectifs en vue de mettre sur pieds des mesures concrètes, Alda Greoli, quant à elle, se refuse à cette simplification, qu’elle juge trop facile. En ce qui concerne la question des places dans les structures d’accueil ou le statut des accueillantes d’enfants, la ministre n’adopte pas cette vision réductrice. « Non, ce n’est pas qu’un manque de moyens, ça ne peut pas se résumer à ça. Premièrement parce qu’il y a eu des moyens supplémentaires. Pour le Plan Cigogne, il y a quand même eu des moyens conséquents en communauté française, mais aussi en Régions wallonne et bruxelloise pour ouvrir des places. Nous sommes actuellement à 6.800 places en cours d’ouverture (sur les 15.000 prévues dans le plan) pour le Plan Cigogne III, qui est une bonne avancée, même si le chemin est loin d’être terminé. En ce qui concerne le statut des accueillantes encadrées, j’ai établi une trajectoire budgétaire et j’ai obtenu au gouvernement les moyens pour lancer concrètement la mesure. »

« A un moment donné, plus qu’aux moyens, c’est aussi s’attaquer à des questions de statut, d’ordre social, de qualité. Parfois, avec les mêmes moyens, il y a déjà possibilité d’avancer clairement sur les questions de fond. »

Différents enjeux

En matière de politique de santé et d’accueil de la petite enfance, la ministre doit répondre à plusieurs questions, comme donner l’opportunité aux nouveau-nés de s’émanciper correctement dans la société dans laquelle ils arrivent, grâce à des politiques d’accompagnement et d’accueil solides. « Sur les volets tels que l’accueil et l’accompagnement des nouveau-nés, mais également des parents, y compris dans les 3 premiers mois, ainsi que toutes les politiques de prévention de la toute petite enfance à travers les visites ONE, etc. en matière de politique de santé, c’est le plus important à mes yeux. De même, de 3 mois à 2 ans et demi, la politique d’accueil de la petite enfance en crèche, chez les gardiennes, chez les accueillantes d’enfants encadrées, etc. En tant que ministre responsable, c’est sur ces enjeux que je me base. »

Une réflexion en profondeur à opérer

Pour Alda Greoli, une des caractéristiques principales dans la politique qu’elle souhaite mener est le souci d’adéquation avec la société dans laquelle elle se trouve. Ainsi, les diverses mesures prises par la ministre de la Santé au Fédéral, Maggie De Block, ont immanquablement eu un impact sur la façon dont la ministre de l’enfance doit se positionner. Dès lors, en matière d’accueil, il lui tient à cœur « d’avoir une réflexion en profondeur si on raccourcit effectivement les durées de séjours en maternité. Comment est-ce qu’on fait de la prévention, comment est-ce qu’on fait du retour à la maison de qualité ? Comment est-ce qu’on peut, surtout au niveau des personnes les plus fragilisées, ne pas les perdre dans la nature parce qu’on a plus le temps, l’ONE de passer à la maternité ou de faire des détections précoces sur le lieu de l’accouchement ?... A l’heure actuelle, ce sont des enjeux auxquels nous sommes en train de réfléchir et d’apporter des réponses. »

Et l’ONE, justement ?

La particularité du secteur de la petite enfance, en Belgique, est qu’en plus d’être géré par les diverses politiques du gouvernement, est qu’il doit également travailler avec l’ONE. Perçu par certains comme véritable accompagnateur, par d’autres comme organe plutôt contrôlant dont les rouages administratifs semblent parfois voués à faire échouer les personnes motivées, les professionnels qui souhaitent s’investir dans l’accueil doivent néanmoins obtenir son agrément. A ce sujet, puisque le secteur ne peut se reposer que sur une arrivée de moyens, d’après Ada Greoli, il est important que les rôles de chacun soient respectés et leurs limites définies.

Dès lors, Alda Greoli reste intransigeante sur le fait qu’ « en politique je suis obsédée par la différenciation entre un opérateur et un régulateur et je trouve que l’administration comme le politique ont un devoir d’accompagnement, de facilitation, mais aussi de contrôle. Ce à quoi moi je veille en particulier c’est que l’ONE ne fasse pas « à la place de » et qu’il n’y ait pas une forme de pro-formatage par l’ONE de ce que doivent être par exemple les projets d’accueil, les projets pédagogiques, etc. Dans mon rapport à l’ONE, je veille à précisément leur expliquer qu’ils contrôlent, certes – et il n’est pas question de brader ne fut ce qu’un millimètre la qualité de l’accueil – mais par contre, que la liberté d’association est la liberté d’association, que la définition d’un projet pédagogique est la définition d’un projet pédagogique, que ça relève de la responsabilité de la direction d’un milieu d’accueil et de son CA et ça ne relève pas de l’ONE. De la même manière, s’il y a des formations à donner, c’est bien que l’ONE fasse un travail de recensement, mais ce n’est pas à l’ONE de les dispenser. C’est aux acteurs de terrain de le faire, sinon on finit par tout mélanger. »

 Première partie de l’interview : Alda Greoli, ministre de terrain avant tout
 Dernière partie de l’interview : Un premier bilan pour le secteur de l’enfance ?

La rédaction



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