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Egalité homme femme : la Déclaration de Pékin donne la marche à suivre

06/08/14
Egalité homme femme : la Déclaration de Pékin donne la marche à suivre

La Belgique dispose d’un arsenal législatif très complet en matière d’égalité des femmes et des hommes. En près de 20 ans, des avancées notables ont pu être enregistrées, notamment grÍ¢ce à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin, ratifiés en 1995.

Lire le dossier : Gouvernements régionaux : la parité homme femme peine à s’imposer

En France, le Parlement a récemment adopté - le 23 juillet 2014 - le projet de loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Parmi les mesures phares du projet, on citera le renforcement de l’égalité salariale et la réforme du congé parental.

La Belgique, un exemple pour la France

Selon la responsable communication de l’Institut belge pour l’égalité des femmes et des hommes, Élodie Debrumetz, « la France s’est inspirée notamment de la Belgique via les bonnes pratiques échangées au sein de EIGE, l’Institut européen pour l’égalité de genre,ou encore le High level group pour mettre au point cette loi en matières par exemple de congé parental, de protection lors du congé de paternité ou de marchés publics... »

En Belgique, la complexité des niveaux de pouvoirs ne permet pas d’avoir une seule loi englobant toutes ces thématiques. Néanmoins, depuis 1995, de nombreux progrès en matière d’égalité homme femme ont été réalisés, grâce notamment à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin.

Plusieurs dispositions renforcent l’égalité homme femme

Cette Déclaration reflète l’engagement de la communauté internationale au service de la promotion de la femme, en veillant à ce qu’une perspective sexospécifique soit appliquée à toutes les politiques et tous les programmes aux niveaux national, régional et international.

Concrètement, en Belgique, davantage de ministres retrouvent désormais cette compétence dans leur portefeuille. De plus, les effectifs des administrations ont été renforcés etl’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes a été créé (en 2002). Néanmoins trop peu d’associations féminines et féministes sont subsidiées de manière structurelle et les budgets ou les ressources en personnel consacrés à cette politique sont restés figés alors que les missions ont été élargies. C’est par exemple le cas de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.

Le genre pris en compte dans les politiques publiques

Si en près de 20 ans, de nombreuses législations ont également été adoptées ainsi que des politiques structurelles et coordonnées - notamment en ce qui concerne la lutte contre les violences à l’égard des femmes ainsi que le « gender mainstreaming », qui est une stratégie ayant pour ambition de renforcer l’égalité des femmes et des hommes dans la société en intégrant la dimension de genre dans le contenu des politiques publiques - les progrès demeurent lents.

En particulier, il importe de souligner la modification de la Constitution en 2002, insérant une référence explicite à l’égalité des femmes et des hommes. À partir de là, le législateur belge a choisi la voie des mesures contraignantes. Les lois sur la parité des listes électorales ont été adoptées à tous les niveaux de pouvoir conduisant à une réelle progression de la représentation des femmes dans les assemblées législatives et les exécutifs de l’État. En 20 ans, le nombre de femmes dans la prise de décision politique a considérablement augmenté, passant d’environ 10% de représentation des femmes au sein des diverses assemblées à 40% aujourd’hui. Cela dit, dans les faits, la sous-représentation des femmes au niveau de la prise de décision est encore bien marquée. Le dernier exemple en date : les résultats des récents exécutifs belges en terme de parité. Alors que les femmes représentent plus de la moitié de la population, elles ne sont toujours pas représentées à hauteur de 50%.

Les femmes plus nombreuses sur le marché du travail

Des réalisations importantes sont également constatées par rapport aux mesures permettant d’accroître le nombre de femmes sur le marché du travail. En Belgique, le taux d’emploi des femmes a augmenté de plus de 12% ces 20 dernières années, passant de 49.2% % en 1995 à 61.3 % en 2013, celui des hommes restant relativement stable : 73% en 1995 et 72.3% en 2013

La conciliation des vies privée et professionnelle s’est également retrouvée au centre des préoccupations, avec plusieurs mesures adoptées depuis 1995. Comme par exemple :

 L’augmentation du nombre de places d’accueil de la petite enfance (avant 3 ans) atteignant l’objectif de Barcelone fixé par l’Union européenne en 2002 ;

 Une législation en matière de congé parental depuis 1997. Le congé parental s’est fortement flexibilisé (possibilités de temps partiel et de fractionnement) au cours des années, permettant un accroissement du nombre de pères qui y ont recours. Le congé étant non transférable à la mère en Belgique, chaque parent bénéficie désormais de 4 mois de congés, indemnisés, par enfant ;
 L’introduction du congé de paternité de 10 jours rémunérés depuis 2002 ;
 Des actions de sensibilisations ciblées vis-à-vis des pères, des entreprises, etc.

La défense des droits des femmes, une lutte au quotidien

La lutte contre l’écart salarial fut également une des priorités en matière d’égalité des femmes et des hommes en emploi. L’écart salarial en Belgique a connu une baisse constante ces dernières années : de 15% en 2001, il est passé à 10% en 2010. Il est aujourd’hui un des plus petits écarts de l’UE (moyenne UE : 16.2%).

Même si la société tend actuellement vers plus d’égalité dans une série de domaines, l’évolution des mentalités reste lente et de nombreuses discriminations de genre sont encore malheureusement légion :l’écart salarial reste présent, le taux de chômage des femmes est important tout comme le taux de dépendance des femmes et le risque de précarité. Par ailleurs, les discriminations à leur égard en raison de leur sexe, de leur grossesse, de leur accouchement ou de leur maternité restent trop fréquentes.

C’est pourquoi Isabelle Simonis (PS), la récente ministre des Droits des femmes au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mise sur la vigilance : « En tant que ministre des Droits des femmes, mon rôle sera aussi de rappeler que certains droits fondamentaux ne sont pas respectés : je pense notamment à l’égalité de rémunération, au droit à disposer de son propre corps, à l’égalité de participation à la décision politique et économique ou encore au fléau des violences conjugales. Je compte d’ailleurs rencontrer les associations féministes qui se battent quotidiennement sur le terrain pour discuter avec elles et voir ensemble comment nous pourrons les représenter au mieux au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles. »

Delphine Hotua

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