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Enquête : l'impact des ACS sur l'emploi à Bruxelles

17/03/14
Enquête : l'impact des ACS sur l'emploi à Bruxelles

Marion Englert, économiste de l’ULB, a mené une étude sur le chômage à Bruxelles à la demande du Gouvernement bruxellois. Elle nous éclaire à propos de l’impact des ACS sur l’emploi à Bruxelles.

Le statut ACS est-il toujours une mesure de résorption du chômage ?

Oui, c’est une mesure de création directe d’emplois. Sans la mesure, il est très probable que la grande majorité de ces emplois n’existerait pas. Etant donné que les emplois disponibles –c’est-à-dire les offres d’emploi vacantes- manquent à Bruxelles, on peut dire qu’il s’agit toujours d’une mesure qui contribue à réduire le chômage global. Cependant, cette mesure comporte un double objectif. Outre la réduction du chômage, elle offre également un soutien structurel au secteur non-marchand. Par ce biais, elle permet d’encourager la création d’emplois dans des secteurs où les besoins ne sont pas satisfaits dans la Région, notamment l’accueil de la petite enfance.

Le chômage à Bruxelles touche principalement les jeunes, dont certains peu qualifiés. Les contrats ACS aident-ils vraiment cette catégorie de la population ?

Le chômage concerne toutes les catégories d’âge. Parmi les demandeurs d’emplois inoccupés bruxellois, environ 29 % ont moins de 30 ans, 41% ont entre 30 et 45 ans, 30% ont plus de 45 ans. Cependant, si on considère le taux de chômage par âge, celui des moins de 25 ans est en effet très élevé : 36,4 % contre 17,5% en moyenne en 2012. Les jeunes de moins de 25 ans subissent directement le manque d’emplois car ils n’ont pas ou peu d’expérience professionnelle et sont en moyenne moins qualifiés que les autres catégories d’âge à Bruxelles. Il y a peu de jeunes de moins de 25 ans parmi les travailleurs ACS. La grande majorité de ceux-ci ont plus de 25 ans. L’âge moyen des travailleurs ACS se situe autour de 40 ans. Du fait de son objectif connexe de soutien au secteur non marchand, les contrats ACS "loi-programme" ne ciblent pas les jeunes les moins qualifiés. Notons toutefois que la part des personnes qualifiées parmi les ACS (37%) reste tout de même moindre que dans l’ensemble de la population active occupée à Bruxelles (50,8%).

Quel est l’enjeu majeur de l’emploi à Bruxelles actuellement ?

Il faut agir sur de nombreux plans. D’abord, la création d’emplois, en particulier dans des secteurs où les besoins sont importants. Il y a en réalité de nombreux emplois à Bruxelles, mais plus d’un emploi sur deux est occupé par des navetteurs (qui ne résident pas à Bruxelles). Les emplois disponibles (offres d’emploi) sont insuffisants. Ensuite, on compte aussi parmi les enjeux la lutte contre le décrochage scolaire, l’amélioration des conditions et de l’accès à l’enseignement, la formation, les cours de langue... On ne doit pas oublier l’enjeu du bilinguisme. La plupart des offres demandent le bilinguisme français-néerlandais alors que la part de bilingues parmi les demandeurs d’emploi bruxellois est faible…

Les ACS, ou toute autre forme de subsidiation de l’emploi, est-ce « tenable » financièrement à long terme pour les Régions, d’autant qu’un transfert de compétences est prévu ?

La régionalisation des politiques de l’emploi en général -pas uniquement les ACS, mais aussi les réductions de cotisations patronales sur les groupes cibles ou encore les titres-services- pose un problème budgétaire : le coût budgétaire brut des emplois créés via ces politiques seront assumés par les Régions mais la majorité des effets retour favorables (allocations de chômage économisées, grande part des recettes fiscales...) continueront à bénéficier à d’autres niveaux de pouvoir. Le coût budgétaire net par emploi créé pour les Régions dans le cadre de ces programmes sera donc plus élevé que dans un cadre fédéral. Cependant, le coût net par emploi créé n’est pas plus élevé pour les programmes type ACS que pour certaines autres mesures comme les réductions de cotisation patronale.

Manon Legrand



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