Haut potentiel : sujet à la mode ou particularisme véritable ?
Les HP sortiraient-ils de leur réserve ? Ces deux lettres sont régulièrement brandies dans les médias. Comment les détecter ?
Avant, on les appelait les « surdoués », sorte de singes savants qui comprenaient tout, mieux et plus vite que tout le monde ! Puis sont arrivés les HP (haut potentiel), dont on entend beaucoup parler. Leur nombre a-t-il augmenté ? Sont-ils des nouveaux surdoués ? Les avis des psychologues sur la question divergent. Certains estiment qu’une personne HP présente une intelligence distinctement supérieure à la moyenne, identifiable par des analyses intellectuelles hors normes, souvent dès l’enfance. D’autres expliquent plutôt le haut potentiel par une différence d’ordre psychoaffective.
Le QI n’est pas tout
L’image du gamin de 5 ans dont le jeu favori consisterait à calculer des équations, serait néanmoins galvaudée. Il existe certes des enfants et adultes possédant un QI (quotient intellectuel) supérieur (au-delà de 130), mais le haut potentiel ne réside pas uniquement dans ce chiffre. Aujourd’hui, les personnes identifiées HP ne le sont plus au niveau quantitatif de leur intelligence, mais bien qualitativement. Si les tests de QI constituent un outil de mesure que certains psychologues utilisent toujours, notamment sur demande des établissements scolaires, ils ne sont pas suffisants pour confirmer ou infirmer un diagnostic. En revanche, passer ce test permet à certains adultes de mieux accepter cette différence et d’y croire.
Déni de douance
Car l’ironie du sort, c’est qu’un certain nombre de HP, aurait tendance à nier leur douance. Ce qu’ils retiennent de leur différence par rapport aux autres, c’est précisément… la différence ! Et toutes les difficultés qui vont avec. Beaucoup ont même l’impression d’être moins intelligents que leurs congénères. Ils se sentent surtout moins bien adaptés ou en décalage par rapport aux normes sociétales en vigueur. Leurs particularités, tant intellectuelles qu’émotionnelles, aboutissent parfois sur de l’incompréhension. Face à ce type de profil, les professionnels peuvent néanmoins se baser sur une série de caractéristiques, pour identifier un patient HP.
En mode « hyper »
L’une d’entre elles réside dans son comportement psychoaffectif, caractérisé par une extrême sensibilité. Chez le HP, le mot « hyper » se conjugue à toutes les sauces. Il vit les événements avec une intensité beaucoup plus importante que les autres. L’hyperstimulabilité, une curiosité exceptionnelle, avec une propension à passer facilement d’un domaine à l’autre, un grand sens de l’observation, un mode de pensée très (hyper)actif, une certaine susceptibilité, une capacité à faire plusieurs choses en même temps, un sens de la justice exacerbé, un questionnement de l’autorité non-fondé, une rapidité d’apprentissage, une grande capacité de raisonnement, sont autant d’éléments identifiables dans la personnalité d’un HP.
Le diagnostic : vital pour s’accepter
Que des qualités ? Certainement ! Mais l’intensité émotionnelle ressentie par la personne HP, peut aussi devenir handicapante lorsqu’elle n’est pas comprise dans ce contexte de douance. Par crainte de leurs débordements émotionnels, certains essayeront de se calquer sur un mode de fonctionnement plus neutre ou conventionnel. Ils opteront pour une attitude de type « faux-self » (faux-moi), pour se fondre plus facilement dans la société. Mais l’effet boomerang risque d’être calamiteux, car l’émotionnel ressortira là où on ne l’attend pas ! Alors qu’un HP qui a reçu et accepté son diagnostic et compris les rouages de son fonctionnement particulier, pourra alors enfin donner le meilleur de lui-même, se réaliser et entreprendre de grandes choses. L’apport des professionnels de la santé dans cette démarche peut s’avérer crucial pour leur permettre de transformer leur différence en une démarche constructive.
Sandra Evrard
Commentaires - 5 messages
Ajouter un commentaire à l'article