Infirmiers belges : la nécessité d'une formation plus longue

Lire notre dossier : Les infirmiers, pas suffisants, pas assez compétents ?

C’est la conclusion d’une étude publiée par la revue scientifique The Lancet. Un constat partagé par la Fédération nationale des Infirmiers Belges depuis plusieurs années déjà, qui réclame une formation plus longue et de meilleure qualité. Eclairage avec sa présidente, Alda Dalla Valle.

Que préconisez-vous au niveau de la formation des infirmiers ?

Nous voulons une formation unique et augmentée en Haute Ecole, voire à l’université. Il n’est pas question de faire le procès des infirmiers brevetés mais de la filière brevet. L’étude du Lancet vient confirmer ce que nous constatons depuis plusieurs années : la formation est insuffisante. Il faut rapidement nous confronter aux exigences européennes en la matière, c’est-à-dire 4.600 heures dont 50% de théorie et 50% de pratique, en 3 ans minimum. On est loin du compte aujourd’hui. La formation d’infirmier exige du temps. Il y aujourd’hui d’une part plus de modernité et de technicité mais il ne faut pas oublier le patient. Il faut que l’infirmier prenne le temps de se centrer sur le patient.

La Belgique a déjà été deux fois rappelée à l’ordre par l’Europe. Quelles sont les implications ?

Si la Belgique ne se plie pas aux exigences européennes, l’infirmière ne pourra plus être mobile au sein des pays de l’Union européenne car le contenu de sa formation sera insuffisant.

Quelles sont les résistances au nouveau modèle de formation que vous proposez ?

Les écoles de brevet craignent de disparaître. Or, cette formation unique augmentée aurait besoin des enseignants des brevets. Il y a également des résistances syndicales par rapport à ces pertes d’emploi. Quant aux politiques, ils sont d’accord sur le principe mais dans les faits rien ne bouge. Le ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt avait promis une réponse pour septembre 2013, mais entre temps le décret a changé et il n’a pas donné suite à notre demande. Les différents ministres compétents pour cette question – Marie-Martine Schyns pour les brevets, Jean-Claude Marcourt pour le Supérieur et Laurette Onkelinx pour la santé au fédéral - vont devoir se mettre autour de la table. Nous voulons désormais quelque chose de concret pour septembre 2014.

Manon Legrand

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