Isabelle Simonis : « On ne peut, au nom des droits des femmes, créer de nouvelles discriminations »
Pour Isabelle Simonis, Ministre des Droits des femmes et de Egalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la proposition de Théo Francken d’introduire des cours de "respect" des femmes pour les migrants est une mesure qui n’a pas lieu d’être.
Les événements qui ont eu lieu à Cologne le soir du Nouvel an cristallisent la peur et suscitent depuis la politisation du sujet. La maire de Cologne Henriette Reker, s’est exprimée à ce sujet lors d’une conférence de presse donnée ce mardi 5 janvier où elle conseille aux femmes de se tenir à "plus d’un bras de distance » des inconnus...Une sortie qui suscite de nombreuses moqueries. Depuis, c’est Angela Merkel qui est attaquée de toutes parts pour sa politique d’ouverture aux réfugiés. Chez nous, l’intervention de Théo Francken a ouvert le débat sur la capacité des migrants à respecter la femme dans nos sociétés occidentales. Un débat insensé pour Isabelle Simonis.
Une mesure discriminatoire
« Le Secrétaire d’Etat, Théo Francken, veut imposer des cours de « respect » des femmes à destination des personnes migrantes sans réels arguments de fond légitimant cette décision. Il se base sur un fait divers survenu en Allemagne pour lequel nous ne disposons d’aucun élément probant : l’identité des auteurs des agressions de Cologne n’est pas encore connue et, les seuls éléments dont semblent disposer les enquêteurs à ce stade, sont quelques signalements de personnes d’origine maghrébine. Proposer dès lors une telle mesure aujourd’hui, en Belgique, c’est faire un amalgame entre indications formulées dans une enquête allemande et personnes réfugiées. C’est un timing inapproprié qui camoufle un racisme à peine déguisé. Les discriminations graves à l’encontre des femmes sont commises par des individus ou groupes de toutes les origines sociales, ethniques ou nationales. On ne peut, au nom des droits des femmes, créer de nouvelles discriminations », s’insurge la Ministre.
Des cours organisés en centres d’accueil
A la manière du modèle norvégien, Théo Francken souhaite que ces cours de "respect" soient adressés exclusivement aux migrants et disponibles donc en centres d’accueil. Dans un pays où 36% des femmes sont victimes de violence physique ou sexuelle au cours de leur vie, la Ministre des Droits des femmes et de Egalité des chances, Isabelle Simonis s’interroge quant à la légitimé de la mise en place d’un tel plan.
Respect ≠ Egalité
Elle demande également à prendre connaissance du contenu de ce cours car la notion de respect n’équivaut pas à celle d’égalité. Respecter renvoie à l’idée de ne pas porter atteinte, avoir de la considération pour des opinions. C’est bien inférieur à la notion d’égalité qui prône l’équivalence des droits et ne souffre d’aucune différence de traitement. A ce sujet, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vient d’adopter un décret relatif à l’intégration de la dimension de genre dans l’ensemble des politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sur proposition de la ministre.
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