La Compsy, cette belle Tour d'Ivoire
Suite aux récentes attaques dont elle a fait l’objet, tant sur son fonctionnement que sur ses « idéaux », la Compsy a souhaité s’exprimer et a rencontré la Rédactrice en Chef du Guide Social.
Bonne réunion demain ! C’est le message de plusieurs des relais psychologues du Guide Social, lorsque je leur ai annoncé que je me rendais dans les locaux de « La Compsy », comme ils l’appellent dans le secteur. La Commission des Psychologues. L’Organe fédéral de contrôle du titre et de la profession. Mes questions préparées, parée et prête à en découdre – Pourquoi le secteur lui en veut à ce point ? – je me suis rendue dans leurs bureaux, situés au dixième étage d’un bâtiment en plein centre de Bruxelles. Une Tour d’Ivoire, avec vue imprenable sur la capitale. Du moins, c’est ce que je pensais…
Nous acceptons la critique
Une première inspection des lieux m’a permis de me rendre compte que j’étais face à une équipe de 3 personnes, à peine plus âgées que moi. Un peu surprise, mais surtout intriguée et voulant comprendre pourquoi le secteur les accuse notamment d’être opaque, non-démocratique et réductrice, j’attaquai de front pour essayer d’en savoir plus. « D’après le secteur, vous vous cachez, on ne sait pas qui vous êtes. Vous manquez de transparence. Qu’en pensez-vous ? » Ce à quoi, le directeur répond très spontanément : « Vous savez, on accepte les critiques. On a une vision de ce que la Commission peut devenir et nous y travaillons pour ça tous les ans. Maintenant, c’est un processus en plusieurs étapes, qui met du temps. On va d’abord se concentrer sur un projet. Puis un autre... et petit à petit, on y arrive. Pour la transparence, c’est marrant : UNE seule personne a un jour posé une question par rapport à un montant qu’elle ne comprenait pas. Et bien, nous l’avons invitée dans les locaux à venir consulter les comptes. Et là, tout le monde râle, alors que personne n’a pris la peine de demander... »
Une envie de changement
Si elle effraie par son titre et la mission qui lui a été confiée il y a maintenant presque 25 ans, la Compsy aspire à un souffle de renouveau. L’équipe est jeune, mais enfermée dans un système « à la Belge », conçu en 1993 et qui rend les choses très difficiles à changer. La plénière contrôle le staff (d’environ 6 employés), elle-même contrôlée par une présidente (qui jusqu’en 2016 touchait maximum 2500 €/an, somme qui a été augmentée à 12.000 €/an) nommée par le ministre des Classes moyennes, Willy Borsus. Les choses sont donc loin d’être simples. Les représentants des fédérations qui siègent à la plénière sont bénévoles. Seuls les membres des Conseils disciplinaire et d’appel touchent une rémunération de 150€/3 heures prestées.
QUE trois fédérations professionnelles ? Oui, ok, mais…
Dans une série de lettres ouvertes qui lui ont été adressées, plusieurs collectifs de psychologues et de psychothérapeutes praticiens de la parole se sont plaints de n’être pas représentés à la Compsy. Ce système de représentation et des membres effectifs qui siègent à la plénière datent de 1993 et n’a jamais été revu depuis. La procédure est décidée par le Ministère de l’Economie, sans consultation de la Commission. « Les fédérations soumettent un dossier dans lequel elles prouvent remplir les critères établis par la loi de 93 et l’Arrêté Royal de 96. Le Ministère de l’Economie évalue les dossiers de chaque fédération et remet un avis du nombre de membres au ministre, qui décide du nombre de représentants effectifs (c’est-à-dire, avec un droit de vote) par fédération. A aucun moment nous n’intervenons dans ce processus », explique le directeur.
En revanche, chaque fédération professionnelle, à condition de remplir les critères établis dans la Loi de 1993 et l’Arrêté Royal de 1996, peut se présenter pour être agréée à la Commission. Ce sur quoi insiste le directeur : « Oui, ils se plaignent. Mais à un moment, il y a aussi la responsabilité des associations ! Pour autant que nous sachions, aucune n’a introduit de demande d’agrément auprès du ministre. Or, pour nous aussi ce serait intéressant d’avoir plus d’associations agréées, puisque cela signifierait plus de membres représentants, pour chaque secteur. »
Toutes les informations sont disponibles sur le site de la Commission, qui précise que « Certes, c’est une matière très juridique, donc nous sommes certains que peu de psychologues vont approfondir le sujet. Mais pour nous, ce n’est pas un secret. Et nous avons lancé une newsletter pour les informer aussi, mais est-ce qu’ils la lisent ? »
Représentatif ou représenter ?
Une des nombreuses critiques faites à la Compsy est le manque de représentativité à l’égard de la profession. Sur ce point, le directeur est clair : « Il y a une nuance entre représenter et être représentatif. Notre objectif n’a jamais été de représenter les psychologues. En revanche, nous souhaitons être un échantillon représentatif de la profession. Notre rôle n’est pas de défendre les intérêts des psychologues, ça c’est celui des associations professionnelles. » Pour y parvenir, la Commission souhaite passer à des élections au sein de tous les psychologues et non plus « passer via les fédérations agréées ». C’est pour cette raison que l’idée de créer un Ordre s’est imposée. « Un Ordre nous permettrait de changer notre statut et le format des élections, ce que nous voulons maintenant depuis au moins 2011… »
Un manque total de communication
Le directeur de la Compsy déplore la façon dont se sont exprimés les professionnels à leur égard. « C’est assez dommage, nous n’avons jamais eu la question : Comment pourrions-nous être représentés ? Directement des lettres ouvertes ! Si on avait reçu la question, on aurait répondu ! Si on ne l’avait pas fait, on est tous certains que les professionnels l’auraient dit dans leurs lettres ouvertes. Ils n’ont jamais posé la question… » Un manque de clarté quant aux auteurs des lettres demeure également. « Et la majorité des regroupements qui ont écrit les lettres ouvertes, on ne les connaissait pas avant. COPEL-COBES, AlterPsy ? C’est nouveau je pense. Il y en a qui n’ont pas de nom… La lettre ouverte qui a été publiée sur Alterpsy, apparemment ce n’est pas Alterpsy eux-mêmes… Ce n’est pas très clair. »
Et de conclure « Les lettres ouvertes, ce n’est pas notre style préféré, mais… on y a été confronté. On avait une réunion plénière en décembre. Aucune de ces questions n’a été posée ! Et puis, d’un coup, début janvier, tout sort ! C’est un peu facile… »
Bouc émissaire, vous dites ?
Pour la Commission, le fait d’être prise à parti ne résulte pas uniquement des manquements que l’organisation reconnait et assume. Pour eux, le contexte actuel, avec la ministre de la Santé Maggie De Block a contribué à échauffé des esprits déjà en colère. « Honnêtement, ce qu’il se passe à l’heure actuelle est en partie dû aux problèmes à améliorer au sein de la Commission, effectivement. Néanmoins, je pense que beaucoup de collègues sont mécontents des initiatives de la ministre. Ils ont voulu utiliser la Commission pour s’y opposer et ont supposé qu’elle supportait ces initiatives. »
A la question « Et, les supportez-vous » ?, le directeur répond : « Nous n’avons pas pris position et nous n’envisageons pas de le faire. Il y a différentes visions, même au sein de la plénière, parmi les membres siégeant. Ces visions sont bien présentes. Cependant, en tant qu’instance fédérale, nous ne pouvons pas prendre position. »
D’autres articles sur la rencontre à suivre !
[ A lire] :
– La Commission des Psychologues, non-démocratique, réductrice et simpliste ?
– La Commission a -t-elle des motivations sous-jacentes ?
– La Compsy remet les pendules à l’heure
– La FBP demande aux psychologues de soutenir la Compsy
– LePsychologue.be soutient la Compsy
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