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La Wallonie, pas prête pour le transfert de compétences ?

14/06/17
La Wallonie, pas prête pour le transfert de compétences?

Les nouvelles compétences de la Région wallonne en matière sociales et de santé inquiètent le patron de la FGTB wallonne, Thierry Bodson et celui de la mutualité Solidaris, Jean-Pascal Labille, qu’ils jugent trop importantes pour la Région, qui ne pourra les gérer correctement.

Depuis la 6ème réforme de l’Etat, plusieurs compétences sont passées aux mains des communautés et des régions, surtout en matière sociale et de l’aide aux personnes. L’AViQ – anciennement Awhip – a, en Région wallonne, été mise sur pied dans l’objectif de gérer certaines de ces compétences. Pour Thierry Bodson, patron de la FGTB wallonne et Jean-Pascal Labille, patron de la mutualité Solidaris, la Région a mis sur pied un monstre, aux futures compétences qu’elle ne sera pas prête à gérer concrètement. Ils se sont exprimés au journal Le Soir, à propos de l’AViQ, mais également de l’assurance autonomie, mise en place par Maxime Prévôt. Assurance autonomie qui devait être prête pour mi-mai, mais a été retardée à juillet au moins. Ci-dessous, des extraits de leur opinion.

Comme le précise Le Soir, l’échéance des compétences gérées par l’AViQ et la mise en place de l’assurance autonomie est fixée à janvier 2019. Les deux directeurs précisent « Ce sont de magnifiques chantiers, mais avec le nombre d’inconnues qui persistent, la Wallonie n’est pas prête à ce stade pour en relever les défis. »
Pour Thierry Bodson : «  Nous avons parfois l’impression que le gouvernement surcharge la barque. La priorité de l’Aviq est de réceptionner les compétences transférées du fédéral, et ce ne sera pas une mince affaire. En même temps, on se complique la vie en créant en parallèle cette assurance autonomie. On pourrait dire la même chose aussi des allocations familiales, qui seront régionalisées en 2019. Est-ce le bon moment pour mettre en place une réforme aussi fondamentale ? »
« Le contrat de gestion qui sera bientôt signé par le ministre Maxime Prévot poursuit l’objectif de réussir ce transfert de compétences. Mais comment concevoir que l’Aviq sera en ordre de bataille pour intégrer le personnel du fédéral, gérer toutes les matières transférées, installer le conseil de stratégie et les commissions thématiques ? C’est quasi impossible alors que les services rendus par cette agence sont essentiels pour le citoyen », préviennent les deux directeurs.

L’AViQ, ce cerbère

Pour Th. Bodson, comme pour J.P. Labille, l’AViQ est un organisme énorme, dont le champ de compétences, une fois le transfert effectué, s’étendra significativement. Les deux hommes précisent « L’Aviq est un organisme public qui aura les pires difficultés de fonctionner en raison de la manière dont il a été construit. C’est un mastodonte actif dans trois matières qui fondamentalement n’ont pas grand-chose à voir les unes avec les autres. D’ailleurs, avant les transferts de compétences, elles étaient gérées par des structures différentes. »
Th. Bodson rappelle que les souhaits de la FGTB n’ont pas été respectés : «  A la FGTB, nous étions demandeurs de deux ou trois organismes spécialisés. Mais c’est dans l’air du temps en Wallonie : on a peur de dire au citoyen qu’on crée un nouveau bidule. Pourtant, je pense qu’il vaut peut-être mieux avoir deux ou trois agences qui fonctionnent plutôt qu’un gros outil qui a du mal à se mettre en route. »
Et de constater : « Au conseil général de l’Aviq, je n’ai encore jamais entendu le moindre débat sur la manière d’organiser le transfert du personnel, par exemple. Or, cela sera très compliqué. Au niveau des métiers, quels sont les besoins en juristes, en informaticiens ? On n’en est nulle part… »

Quid de l’assurance autonomie ?

Même son de cloche de la part des deux directeurs, en ce qui concerne l’assurance autonomie, censée révolutionner le secteur. «  Sur le principe, nous sommes favorables, précise J.P. Labille. Mais le budget consacré à ce projet est insuffisant. L’assurance autonomie n’a de sens que si elle apporte une plus value dans les services accessibles au public visé. »
Les sources de financement retenues par le ministre sont connues. Elles posent problème au patron de Solidaris : «  Le transfert des moyens de l’aide aux familles risque de laisser des gens sur le bord de la route, ceux qui souffrent d’une dépendance sociale et qui ne bénéficieront plus de ce soutien. La fin de l’aide aux personnes âgées sera un autre souci : pour beaucoup, il s’agit surtout d’un complément de revenus essentiel. »
Egalement pointée du doigt, la cotisation de 50€ que chaque citoyen wallon de plus de 26 ans devra payer. «  Pour nous, poursuit Jean-Pascal Labille, cette cotisation doit être liée le plus près possible aux revenus. La formule retenue doit faire appel à une modulation, sur base de tranches de revenus, et ne doit pas être intégralement forfaitaire. »

Lire l’article complet sur Le Soir

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