Le Plan Hivernal ne règle pas le sans-abrisme
Le Plan Hivernal de Bruxelles pour l’hébergement des sans-abris pendant la période de grand froid s’est clôturé ce 31 mars. Après la mort d’un SDF à Namur le mois dernier, les acteurs médicaux et sociaux de rue s’inquiètent de la portée des structures existantes d’aide aux sans-abris.
Plus qu’une prise en charge limitée à la période hivernale, Il est grand temps de mettre en place des soins et un suivi continu pour mener les SDF hors de la rue. C’est cet appel à un accompagnement global des sans-abris qu’ont lancé les CPAS de Liège, Namur et Charleroi via une carte blanche. En parallèle, Médecins du Monde encourage les acteurs de rue et les autorités publiques à se concerter pour lutter toute l’année contre l’exclusion sociale.
Plaidoyer pour un suivi médico-social continu
C’est la même consternation qui anime les acteurs de rue des secteurs médicaux et sociaux, alors que le Plan Hivernal 2014-2015, faute de places, n’a pas pu sauver un SDF le mois dernier à Namur. Pour tous, c’est l’inquiétude : une fois la période de grand froid terminée et les centres d’accueils fermés, il n’existe aucune structure de suivi des sans-abris de grande envergure. Les acteurs de rue attachés au Plan d’Hiver, comme Médecins du Monde, déplorent les difficultés d’accès aux populations de rue hors de la période hivernale.
Et pourtant, les sans-abris ont des besoins particuliers en termes de prise en charge, comme l’explique Pierre Verbeeren, Directeur Général de Médecins du Monde, dans un communiqué : " il y a toute une série de pathologies plus spécifiques : plus de maladies de la peau, plus de personnes victimes de violences, plus de problèmes de santé mentale et d’assuétudes …. Remettre ces personnes sans abri à la rue est tout à fait irresponsable ".
Lutter contre l’exclusion sociale toute l’année
C’est le même son de cloche auprès del’ASBL Infirmiers de Rue, active à Bruxelles dans la prise en charge continue des SDF via les soins de santé et le suivi social. Pour les acteurs de rue, il est presque impossible d’assurer un suivi continu auprès des personnes sans adresse. Et pourtant, c’est le seul moyen pour les rediriger progressivement vers le logement et la réintégration sociale. Chez Médecins du Monde, on regrette " l’impression de faire un travail à moitié, la morbidité et la mortalité en rue n’étant pas qu’un phénomène saisonnier ". En lançant un appel aux autorités publiques pour la mise en place d’un plan de soins en continu aux sans-abris, ils ont trouvé un écho auprès des CPAS de Liège, Namur et Charleroi.
Pour une politique du sans-abrisme au niveau fédéral
Les présidents des CPAS ont édité une carte blanche pour la mise en place d’une politique fédérale de réinsertion des sans-abris. Intitulée "Le Plan Hivernal, l’arbre qui cache la forêt ?", la déclaration encourage la généralisation de projets probants comme le Housing First, tout en admettant la portée limitée de l’action des CPAS et Relais sociaux face au nombreuses demandes d’aide toute l’année. Pour les 3 CPAS, il est temps que le fédéral investisse dans une politique globale de la prise en charge des sans-abris en plus du Plan Hivernal annuel. Le point d’orgue de cette vision est sans appel : "Créer toujours plus de places en abri de nuit peut apparaître, pour l’opinion publique, comme une manière de se donner bonne conscience, en mettant simplement à l’abri un maximum de « SDF » pendant la période de grand froid…Et après ???"
L’équation est simple : sans passer par un accès au logement encadré et dédié aux sans-abris, on ne fera que sauver les apparences de l’exclusion sociale. Et de mettre les pouvoirs publics sur la voie : en dehors des structures existantes, "d’autres décisions peuvent être prises : création activation du Droit au logement (DAL), lancer un projet identique à l’expérience namuroise de pension de famille..."
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