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Les kinésithérapeutes engagés dans un bras de fer

23/01/17
Les kinésithérapeutes engagés dans un bras de fer

Les kinésithérapeutes semblent engagés dans un bras de fer avec l’Inami et le cabinet de la ministre de la Santé, Maggie de Block. En cause : le manque cruel de budget accordé à la kinésithérapie. Les prestations augmentent depuis plusieurs années, alors que le financement ne suit pas.

Les kinésithérapeutes,comme le secteur de la santé mentale ou le secteur associatif, se trouvent eux aussi, dans l’embarras. Alors que l’UKB relançait une pétition en début de semaine, la seule association représentant tous les kinésithérapeutes de Belgique, Axxon, mettait fin aux discussions avec l’Inami, faute d’avoir trouvé un accord recevable pour les professionnels. Patrick Wérrion, président de l’aile francophone d’Axxon, explique.

Un secteur sous-financé

Pour les kinésithérapeutes, le budget accordé par Maggie De Block au secteur est insuffisant. Un des défis du vieillissement de la population est le maintien en autonomie des personnes le plus longtemps possible, avant qu’elles n’entrent en institution. « Un des grands acteurs de santé dans le cadre du maintien du patient à domicile, dans tout ce qui est musculo squelettique et locomoteur, c’est le kiné. Mais, on a pas de budget… » explique P. Wérrion.

Entre 2014 et 2015, le nombre de prestations a augmenté d’environ 4%, mais la moyenne par traitement de kinésithérapie, elle, a diminué. « L’évolution, ces dernières années, c’est qu’on soigne plus de gens, avec moins de prestations par personne. Donc qu’on ne vienne pas dire que les kinés surconsomment. Si on peut trouver des moyens d’harmoniser certaines pratiques, on ne va pas pouvoir faire de grandes mesures d’économie dans le budget, si ce n’est en enlevant des prestations. »

Le nerf de la guerre

Comme l’explique Patrick Wérrion, dans le système des soins de santé, les budgets sont en silo : un tel montant aux médecins, aux dentistes, etc. « Pour 2017, la ministre nous a prévu, avec la masse d’indexation telle qu’elle l’a laissée, un budget de 760 366 000€. Par rapport à 2016, ça faisait une masse d’indexation de 0,83%. Tous les prestataires de soins se sont vus renier les 2/3 de la masse d’indexation qui était prévue à 2,5%. Depuis janvier 2014, les honoraires des kinés n’ont pas été remontés : 22,26€ en cabinet et 22,65€ à domicile. On nous a refusé les index pour faire des économies. Or pour nous, la masse d’indexation normale nous faisait presque 19 millions d’€ de budget supplémentaire. Aujourd’hui, ça en fait 6 millions et quelques… »

Ce qu’Axxon a proposé, lors des discussions en Commission de convention avec la ministre, ce sont des honoraires de 25€ par prestation en cabinet et de 27€ à domicile. « En calculant ce tarif, nous avons voulu proposer une somme supportable par la population. C’est l’honoraire moyen. Ces revendications (avec d’autres) ont été présentées, puis on a vu qu’il était impossible de trouver un consensus. On a donc arrêté les discussions. »

Les frais de déplacement

En ce qui concerne les frais de déplacement accordés aux praticiens, ceux-ci équivalent à un montant de 0,39 euros. Pour P. Wérrion et l’ensemble de la profession, ce montant est dérisoire. « En Commission de convention, lorsqu’on aborde la question des frais de déplacement (de 0,39 euros par prestation !), tout le monde est d’accord pour dire que c’est indécent. On a entendu des représentants de mutuelles dire, en Commission de convention : nous comprenons les frustrations du monde de la kiné. Nous sommes d’accord que 0,39 euros c’est indécent pour un déplacement et que ça ne correspond pas du tout à la réalité économique. Mais, la ministre a tablé sur un budget et nous devons essayer de le respecter. »

Le Comité de l’assurance

Puisque les discussions en Commission de convention ont échoué, la prochaine étape était celle du Comité de l’assurance, l’organe qui adopte les changements au sein des différentes Commissions des soins de santé. Le 16 janvier, le Comité de l’assurance se réunissait, pour proposer une convention aux kinés : les conditions demeuraient celles qu’ils connaissaient, avec une indexation linéaire des honoraires de 0,83%. « Le 16, TOUS les prestataires des soins ont voté contre cette convention (médecins, dentistes, pharmaciens, infirmiers, etc.) et son adoption. Le vote s’est soldé par 16 voix contre et 21 voix pour (celles des organismes assureurs, évidemment). Puisqu’il faut 2/3 des voix pour faire passer le texte, le Comité de l’assurance n’a donc pas pu avaliser le texte présenté. »

Quid du futur ?

La prochaine réunion du Comité de l’assurance aura lieu le 6 février. D’ici là, puisqu’aucune convention n’a été approuvée, les kinés sont libres, depuis le 1er janvier 2017, d’appliquer leurs propres honoraires. Patrick Wérrion choisit de ne pas baisser les bras. « Le prochain comité de l’assurance aura lieu le 6 février, date à laquelle un vote sera repris. Nous ce que nous voulons, c’est qu’on reconnaisse et qu’on rebudgétise la kinésithérapie en fonction des vrais besoins et pas dire : je suis désolé, il n’y aura pas de budget… Tous les partenaires, aussi bien les organismes assureurs, sont d’accord pour dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans le budget de la kinésithérapie. S’ils arrivaient à faire pression sur la ministre, nous pourrions peut-être avoir nos 25€ et 27€… »



Commentaires - 1 message
  • Dans un ménage, lorsqu'on économise sur le budget santé, on risque de décéder. Alors, si un pays économise sur le budget santé, que risque-t-on ? Peut-être justement vise-t-on de faire, en plus des économies sur le budget retraites, puisque les gens mourront plus vite ?

    nicou jeudi 26 janvier 2017 09:06

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