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Questions de familles : ça bouge... un peu !

12/10/15
Questions de familles : ça bouge... un peu !

Les allocations familiales vont-elles augmenter pour le premier enfant ? Y a-t-il plus de places disponibles dans les crèches ? Un congé de paternité obligatoire de 20 jours : c’est pour demain ? En 2014, la Ligue des Familles publiait son mémorandum.
Un an après, qu’en est-il ? Pierre Lemaire, chargé d’étude à la Ligue des Familles, dresse un premier bilan en demi-teinte.

En 2014, vous demandiez une révision à la hausse des allocations familiales dès le premier enfant. On parle beaucoup aujourd’hui, y a-t-il des avancées ?

Cette demande s’inscrivait dans la problématique de la dé-fédéralisation des allocations familiales. Cela avance plutôt positivement, puisque les deux entités, Wallonie et Bruxelles, ont commencé à travailler sur la question. En Région wallonne, une étude a été commandée pour faire le point sur le système des allocations et proposer des pistes pour le futur. Et dans le cahier des charges de cette étude, l’on retrouve un certain nombre de points qui nous tenaient à cœur, et notamment, la suppression du système des rangs, avec un montant unique par enfant. On sait bien que le premier enfant ne coûte pas moins cher que le troisième ! On sait aussi que cela est à l’étude à la COCOM et il y est fait mention dans la déclaration de politique générale. Évidemment, cela n’est pas encore gagné et nous devons continuer à militer dans ce sens-là. Mais on épingle une première ouverture sur ce sujet.

Avez-vous réalisé une projection budgétaire pour estimer la viabilité des augmentations que vous réclamez ?

Oui et il y aurait un surcoût d’une dizaine de pourcentages, par rapport au système actuel. Ce qui reste plus sensible, c’est la question du supplément social : nous plaidons pour que toutes les familles disposant d’un revenu bas (autour de 2400 euros net imposable), puissent percevoir un supplément de 50 euros. Les régions devront être complètement autonomes sur ces questions, au grand plus tard, pour le 1er janvier 2020. Mais l’on peut très bien imaginer une modification du système pour 2018 ! Cela dépendra de la volonté des politiques.

Par rapport au gros problème du manque de places d’accueil dans les crèches, notez-vous une évolution ?

Depuis notre mémorandum, il y a eu le lancement du Plan Cigogne III, qui vise à créer un certain nombre de places d’accueil. L’ONE annonce que :
 Le « volet 1 » de la programmation a abouti à l’ouverture de 1.235 places à la fin 2014.
 Le « volet 2 » prévoit la création de 5.133 places. Les projets sont retenus et les places en cours d’ouverture.
Nous serions donc aujourd’hui à 6.368 places supplémentaires créées ou en cours de création.
Maintenant, l’on sait qu’à Bruxelles, cela risque d’être insuffisant, à cause de la hausse de la démographie. L’ONE a aussi mis en place un processus de réflexion qui devra aboutir à une révision du système avant 2018 et la Ligue des Familles y est associée. Cela touche, bien entendu la question des places, mais aussi de l’accessibilité, dans les structures d’accueil. Mais par rapport à notre mémorandum, le constat demeure le même : il y a toujours un manque de places. On effectuera une évaluation après Cigogne III. Surtout qu’il n’y a actuellement pas d’état des lieux, pas de cadastre précis, donc c’est un travail nécessaire à entreprendre pour éviter d’avancer à l’aveugle !

Le point suivant concernait une augmentation du congé de paternité, allez-vous avoir gain de cause ?

A ce sujet-là, cela n’a pas avancé du tout ! Et l’on n’a aucun signe positif nous permettant de penser que cela pourrait aller dans le bon sens… Nous sommes toujours à 10 jours de congé de paternité non-obligatoires, contre notre revendication de 20 jours de congé de paternité à prendre obligatoirement. Du côté des familles, on sent une demande ; En 2013, 57.774 pères ont utilisé le congé de paternité (pour l’ensemble de la Belgique, selon des sources de l’INAMI). En 2011, une étude de l’IEFH montrait que 93,8% des pères utilisaient le congé de paternité après la naissance de leur enfant.

C’est un peu étonnant que cela ne bouge pas sur ce point-là, vu qu’en Belgique, nous nous basons régulièrement sur le modèle scandinave, favorable à cette position ?

C’est une question qui est aussi dans les mains des partenaires sociaux. Visiblement, il n’y a peut-être pas une assez grande volonté de se pencher sur une plus grande conciliation entre vie privée et familiale. En revanche, le Ministre Peteers a affirmé l’année dernière qu’il souhaitait avancer sur ce sujet-là et l’on va quand même essayer de faire entendre la demande des familles.

Dans vos revendications, on notait aussi une demande d’instituer un ministère unique de l’éducation, on en est loin ?

Oui. Mais par contre, sous cette législation, c’est la même ministre, Joëlle Milquet, qui a toutes ces compétences-là (enseignement obligatoire, éducation préscolaire et accueil extrascolaire). Maintenant, la question qui se pose est de savoir s’il y a une réflexion globale et cela nous paraît moins évident ; mais la réunification de ces compétences au sein d’un super ministère de l’éducation, pourrait être positive. Cela permettrait une plus grande cohérence, des économies d’échelle et de questionner la formation continue des professionnels. L’accueil ne consiste pas seulement à garder des enfants pendant que les parents travaillent, il faudrait une réflexion plus poussée sur l’enjeu éducatif global de l’enfant. Il s’agit par ailleurs de recommandation de l’OCDE.

Y a-t-il un autre point qui a évolué depuis 2014 ?

Concernant le pacte d’excellence du cabinet Milquet, la Ligue des Familles y est associée et nous avons bon espoir d’être entendus par rapport à la question des rythmes scolaires, avec une réorganisation des congés, notamment un rabotement des longues vacances d’été, pour les redistribuer durant l’année. Il faut aussi avancer sur la gratuité à l’école, avec une plus grande information et clarté sur les frais extra, qui sont demandés en cours d’année, parfois sans base légale.

Propos recueillis par Sandra Evrard

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