Votre profil professionnel vous prédispose-t-il au burn-out ?
Le burn-out toucherait principalement les personnes fortes de caractère, motivées et combatives. En cause, une volonté de fer à toujours prendre sur soi en cas de difficultés au travail. Explications.
Dernièrement, les entreprises et institutions européennes se mobilisent pour trouver des solutions aux problèmes de santé mentale sur le lieu de travail. Après l’obligation pour les employeurs d’assurer aux travailleurs un pôle de santé mentale, et la diffusion d’un guide de gestion des risques de burn-out, c’est au tour des psychologues du travail d’apporter leur contribution à la lutte contre le burn-out. D’après les recherches d’Annabelle Péclard, psychologue du travail à Lausanne, le burn-out concernerait principalement les personnes engagées et combatives, qui se donnent à fond au travail. Une mentalité louable, qui augmente pourtant dramatiquement les risques de burn-out sévère, lorsque les valeurs et la gestion de l’entreprise ne correspondent plus à celles des travailleurs.
Les plus solides sont les plus touchés
Les plus combatifs seraient les plus susceptibles d’être atteints par le burn-out au cours de leur parcours professionnel. Une information étonnante, presque paradoxale. Selon la psychologue du travail Annabelle Péclard, les personnes très investies sur leur productivité au travail sont aussi celles qui s’écoutent le moins : « c’est la maladie des motivés, des personnes engagées, indépendantes, rigoureuses, combatives. Ce sont souvent des gens qui n’ont pas appris à s’écouter, mais à redoubler d’efforts quand quelque chose ne va pas », rapporte le journal suisse Bilan.
Parmi les cas les plus graves décrits par Annabelle Péclard, on identifie surtout des personnes qui ont perdu pied parce que les pratiques ou l’image de l’entreprise pour laquelle ils travaillaient s’étaient trop éloignées de leurs valeurs. Or, ces travailleurs forcenés ont repoussé leurs limites encore et encore, jusqu’au burn-out sévère. Toujours d’après Bilan, et selon le témoignage d’une jeune femme atteinte de burn-out, ces travailleurs seraient "comme dans une relation passionnelle" : "tu as besoin d’aller au bout, jusqu’à ce que la corde pète".
Contrôler la culture professionnelle
Le problème, c’est la mentalité sociale d’aujourd’hui, profondément ancrée dans l’amalgame d’une réussite personnelle tributaire du revenu et du pouvoir. Dans le monde de l’entreprise en particulier, tout le monde doit faire ses preuves et la concurrence fait rage. Mais cette source de stress peut devenir intolérable dès lors que l’entreprise pour laquelle on travaille connaît des problèmes de gestion : mauvaise image de l’entreprise, mauvaise répartition du travail, problèmes relationnels, changement de cap socio-économique, changement de leader...
D’après l’expérience d’Annabelle Plécard, ce sont précisément ces divergences en termes de valeurs entre les entreprises et leurs employés qui sont à l’origine de la plupart des cas de burn-out. Sous pression, et ne parvenant pas à accepter leur mal-être au travail, les plus déterminés fonceraient alors droit dans le mur. En conséquence, si un accompagnement psychologique et social au coeur de l’entreprise est une bonne chose, la psychologue du travail estime que c’est avant tout les patrons et les managers qu’il faut sensibiliser à cette cause : « on doit chercher les solutions très loin dans la politique d’entreprise. »
Apprendre à poser les limites
Le soutien psychologique en entreprise est indispensable pour que les personnes à risque apprennent à poser les limites. Que ce soit vis-à-vis d’elles-mêmes ou de leurs employeurs trop exigeant, il faut parfois apprendre à dire non. Car pour certaines personnes, le burn-out est tellement sévère qu’il peut avoir des conséquences dramatiques sur le long-terme et forcer à une réorientation professionnelle radicale. Mais si les employés ont besoin de recul sur leur lieu de travail, c’est aussi le cas des patrons et coordinateurs de travail. Car plus encore que de détecter les signes avant-coureurs de burn-out, c’est à eux qu’incombe la tâche de veiller au respect des droits et au bien-être général des salariés avant de se soucier de leur productivité. Mais pour changer les mentalités, ce sont les acteurs de santé mentale qui devront amorcer une sensibilisation effective des risques psycho-sociaux au travail auprès de tous les acteurs de l’emploi.
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