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Isolement social et suicide : la (mauvaise) paire

08/10/18
Isolement social et suicide : la (mauvaise) paire

L’isolement social est la cause la plus importante des suicides et tentatives de suicide.

Chaque année, je suis confrontée à l’isolement social et aux tentatives de suicide des personnes âgées que j’encadre. Sauf qu’elles ne sont pas les seules concernées. Ainsi, deux ans plus tôt, une stagiaire de notre établissement, future collègue, a décidé de mettre fin à ses jours. De nombreux travailleurs du médical et du social choisissent la même option. Des questions surviennent : Comment et pourquoi ? Folie ou raisonnement ? Acte justifié ou pas ? Peut-on prévenir ? Est-ce « guérissable » ?

Suicide et tentatives de suicide

Le suicide et la tentative de suicide sont inclus dans la médicalisation, sauf que le suicide n’est pas nécessairement synonyme de dépression ou de maladies mentales. Il existe des suicides rationnels où l’on ne retrouve aucune cause psychiatrique et que l’on peut comprendre comme le résultat d’un raisonnement. Les difficultés psychologiques (accident, vieillissement du corps...), les crises graves de l’existence (divorce, deuil...) ou des conditions de vie particulièrement pénibles (harcèlement, chômage, retraite anticipée...) sont les éléments qui peuvent pousser un être en détresse à souhaiter mourir et à passer à l’acte, comme chez les personnes âgées et les gens solitaires.

Quand la dépression survient

Avant chaque passage à l’acte, on retrouve tous les symptômes d’un état dépressif : sentiment de tristesse, de vide, de perte d’intérêts et de plaisir (qui engendre le retrait social ou la désaffection des distractions agréables), de perte d’estime et de confiance en soi, troubles du sommeil avec insomnie ou hypersomnie, un appétit diminué, un ralentissement/une agitation de la pensée et des mouvements, des difficultés à se concentrer et à prendre des décisions. Une fois cette étape franchie, il est difficile de faire marche arrière.

L’isolement, facteur de risque

Il existe de nombreux facteurs de risque : la misère, les maladies mentales, l’habitat (urbain ou rural), la dépression même... Mais l’un des plus importants est l’isolement social, la résultante d’une forte différence de points de vue, de points communs, de compréhension avec autrui. À ne pas confondre avec la solitude qui est un simple sentiment ressenti lorsque nous nous retrouvons seuls dans un endroit sans vie. L’isolement social est la solitude absolue, l’abandon par autrui. Il supprime les moyens d’échanges fondamentaux (travail, loisirs, amis…) et toute communication est rompue.

Un appel à l’aide

La tentative de suicide n’est plus considérée aujourd’hui comme un suicide raté, l’intention destructrice réelle n’étant pas le véritable objectif. Il s’agit d’une demande d’écoute, d’un appel au secours auprès de l’entourage. La violence du geste suicidaire est un bon indice pour analyser le niveau du désir de mort : le geste rapide et sec face à la scarification dangereuse. Aujourd’hui, il est toujours impossible de prédire avec précision si une tentative de suicide risque d’être accomplie, ni à quel moment. Elle résulte d’un choix sur l’instant même, d’un coup de tête. Les motivations du suicide découlent du désir de tout laisser tomber ou de l’envie de cesser un état émotionnel vécu comme trop éprouvant.

Parler pour prévenir et guérir

Parler de suicide n’a jamais incité à la dépression, ni incité au suicide. Tout le contraire est là : la verbalisation confirme au sujet qu’il peut être entendu et soutenu. Oui mais voilà, le suicide et la tentative de suicide sont particulièrement considérés comme une honte. Il est préférable pour les proches d’annoncer un accident plutôt que d’évoquer une détresse. Tout mouvement suicidaire, exprimé avec des mots ou en démonstration, doit être pris en compte et orienté afin d’éviter le pire : médecin, thérapeute, psychologue... La solidarité de la relation thérapeutique, l’évaluation anticipée et le traitement adéquat sont les éléments principaux de la prévention du suicide. Il faut également bannir l’isolement et garder un contact avec l’extérieur en poursuivant son activité professionnelle et les sorties entre amis/avec la famille. Pourquoi ne pas faire de nouvelles rencontres ? Négliger l’interaction sociale conduit inévitablement à la catastrophe.

L’éduc Touche-à-tout

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Commentaires - 1 message
  • Dans le métier d'assistante sociale indépendante, je suis confrontée régulièrement Í  cette situation. J'en prends mon parti, je délaisse parfois l'administratif pour me centrer sur l'accompagnement bienveillant. Il ne s'agit pas de faire de la thérapie, je laisse cela au psychologue, mais d'aider la personne Í  l'appliquer au quotidien. Je dois donc m'appuyer sur un réseau solide pour permettre au bénéficiaire de l'aide de sortir de l'isolement.

    anema vendredi 12 octobre 2018 10:41

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