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Les termes « pédagogie active » ne peuvent être une appellation à la mode !

12/01/18
Les termes « pédagogie active » ne peuvent être une appellation à la mode !

Les pédagogies actives… Ces derniers temps j’ai l’impression que ce sont les nouveaux mots à la mode. Mais quand on gratte un peu tout le monde ne met pas la même chose derrière ces deux mots. L’intérêt des pédagogies actives diffère selon les interlocuteurs ; et les méthodes encore plus…

Je vois de plus en plus d’institutions revendiquer une pédagogie dite « active ». Mais de quoi parle-t-on exactement ? Je m’inquiète de l’utilisation d’appellations telles que « pédagogies actives », « pédagogies nouvelles » ou encore « pédagogies alternatives » comme seules définitions des techniques, des objectifs et des valeurs d’une institution. Alors que plusieurs courants proposent une pédagogie active, participative et émancipatrice, pourquoi ne pas s’en réclamer ou tout du moins s’en rapprocher ?

Éviter le flou

Le problème de se contenter de la dénomination « pédagogie active » c’est d’installer un flou artistique dans lequel tout peut s’inscrire dès lors que la personne concernée n’est plus passive. Le premier effet pervers est d’ordre général, le flou permet difficilement l’évaluation. Si nous n’identifions pas les items à évaluer, nous ne pouvons ni affiner ni corriger ce qui doit l’être. Nous ne pouvons pas non plus mettre en lumière ce qui fonctionne. Le second effet pervers est de dévaloriser les pédagogies qui proposent un cadre et des techniques identifiables. Au lieu de se réclamer d’une inspiration précise, d’en éprouver les techniques et de les évaluer, les institutions se réclament de la « pédagogie active » se retrouvant seules dans leurs réflexions et face à leur pratique, au risque de générer un peu plus de flou.

La crainte de l’enfermement

Je pense sincèrement que cette tendance à ne pas revendiquer une méthode précise est liée à la crainte de s’enfermer dans une école de pensée et d’en subir les critiques. Pourtant, en identifiant une pédagogie précise, une institution pourrait contribuer à l’amélioration et/ou au développement du courant auquel elle se rattache. De plus elle reste libre de renoncer à cette technique en fonction des évaluations, permettant ainsi à d’autres de se nourrir de son expérience. Une ASBL pourrait même, après plusieurs essais, identifier plusieurs écoles de pensée d’où elle puiserait certaines parties en fonction de ses objectifs et de ses besoins.

La transmission, l’affaire de tous

Quelle que soit notre fonction, nous avons tous un souci d’autonomisation et d’épanouissement des personnes. L’épanouissement passe bien sûr par la formation et l’acquisition de connaissances et de compétences techniques mais cela passe aussi par la transmission de compétences transversales et de connaissances générales utiles au quotidien pour les personnes. L’enseignement n’est pas le seul secteur à avoir besoin de techniques de transmission. Quel que ce soit notre domaine d’action, nous utilisons et/ou créons des pédagogies pour faciliter la transmission et en améliorer sa qualité. Chacune de nos institutions possède aussi un projet pédagogique définissant les méthodes et les objectifs. Ce sont les preuves de nos préoccupations quant à la transmission et à l’information.

Actif c’est bien, mais ça ne suffit pas !

Le terme actif renvoie à l’apprentissage par l’expérimentation, mais pour qu’un apprentissage soit possible il faut un cadre, des valeurs, des références et des confrères pour confronter les méthodes et leurs mises en pratique. Il faut que le cadre et les valeurs permettent à la personne de s’exprimer sur la méthode et que les techniques lui en donnent la place et les moyens. Il existe bon nombre d’écoles de pensées aux expériences et aux réflexions riches. Je m’étonne que les institutions ne se rapprochent pas plus de l’une ou de l’autre de ces écoles de pensées, au moins le temps d’expérimenter ou simplement d’échanger sur les méthodes de chacun. Malheureusement, les rapprochements sont souvent le fait de quelques travailleurs militants et ne trouvent pas assez souvent écho dans les institutions.

CARTERON Perceval. Éducateur.

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