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Fusion inter-CPAS : le dialogue politique reprend

20/04/15
Fusion inter-CPAS: le dialogue politique reprend

Depuis plusieurs mois déjà, les CPAS de Wallonie ont avancé l’idée d’une possibilité de fusion entre CPAS plutôt qu’entre communes et CPAS. Si les grands partis wallons s’animent et sortent enfin de leur silence sur la question, ils n’en restent pas moins divisés.

Pour pallier aux manquements budgétaires, la majorité Wallonne (PS) souhaite favoriser - sans la rendre obligatoire, comme en Flandre - la fusion entre communes et CPAS. Devant le manque de réponses quant à leurs inquiétudes en termes d’emploi et de qualité de l’aide sociale, les professionnels du secteur et la fédération des CPAS de Wallonie sont de plus en plus nombreux à plaider pour une alternative : qu’en-est-il d’une fusion entre CPAS ?

Pas de véritable solution aux déficits budgétaires

La semaine passée, plusieurs présidents de CPAS Wallon déploraient le manque d’intérêt des classes politiques au problème persistant des budgets communaux dans les colonnes de La Libre. D’autant plus, soulignait-on, que les présidents des CPAS aussi bien que les conseillers de l’action sociale sont des élus politiques, rattachés aux partis. Au centre des inquiétudes, l’éventualité d’une fusion entre CPAS comme ultime solution aux déficits budgétaires, pour continuer à assurer l’aide sociale aux plus démunis. Pour beaucoup, de telles fusions mettraient en péril l’existence même des CPAS car elles annihileraient les spécificités de ces structures de solidarité communales. En outre, cette solution ne permettrait pas de régler la véritable problématique de gestion effective des CPAS.

Fusions inter-CPAS : maintenir un socle de l’action solidaire ?

Pour autant, la proposition déjà formulée d’une fusion inter-CPAS n’avait jusqu’ici pas suscité de réaction du côté des pouvoir politiques. Alors que les voix s’élèvent auprès des professionnels du secteur, la Fédération des CPAS de Wallonie s’est récemment prononcée en faveur des fusions inter-CPAS. Selon les acteurs du secteur, cette alternative offrirait de meilleures perspectives à l’aide sociale en termes de moyens financiers et d’accompagnement effectif pour les personnes en difficultés. Auprès de La Libre, le PS, le MR et Ecolo sont enfin sortis de leur mutisme pour exprimer leurs vues sur ces modalités de fusion. Si Ecolo prend prudemment le parti des fusions inter-CPAS, le MR et le PS maintiennent leur soutien aux fusions entre communes et CPAS

La majorité campe sur ses positions

Le ministre-président Wallon Paul Magnette a rappelé dans les colonnes de La Libre la volonté de débat entre les politiques et la Fédération des CPAS. Et de défendre la solution des fusions entre communes et CPAS comme " une faculté, ouvrant la voie à une démarche volontaire et centrée prioritairement sur les services de soutien." Pour la majorité wallonne, il s’agit avant tout de doter l’aide sociale de pôles communaux, afin de "structurer les synergies efficientes." Le ministre-président assure encore sa volonté d’avancer la concertation main dans la main avec les CPAS au gré de rencontres régulières.

Côté MR, si les fusions doivent rester facultatives, on avance la cohérence d’une centralisation de l’action solidaire communale : "nous souhaitons un renforcement de l’intégration de l’action sociale afin que celle-ci ne soit plus divisée ni multipliée entre un CPAS qui assure ses missions propres et un échevinat de l’action sociale qui intervient en surplus", informe la président du MR, toujours auprès de La Libre.

Les métiers de l’action sociale en danger

Dans cette optique, le MR se montre soucieux de maintenir les compétences des professionnels de l’aide sociale : il faut que " les éléments à caractères personnels et confidentiels puissent rester dans le giron de l’aide sociale tandis que les autres services pourraient, le cas échéant, fusionner en totalité". On évite pourtant les sujets qui fâchent et les questions que tout le monde se pose en termes de budgets et de maintien de l’accompagnement social.

Du côté Ecolo, si l’on déplore la possibilité de fusion communes/CPAS comme "un copier-coller de la volonté de la N-VA de détricoter la solidarité", les fusions inter-CPAS sont abordées avec prudence. Pour la coprésidente du parti Zakia Khattabi, le regroupement de CPAS serait particulièrement utile au niveau des petites communes dont les structures connaissent des difficultés financières. A plus haute échelle, la gestion des budgets alloués et le maintien des emplois d’aide sociale poserait problème, tout comme dans le cadre des fusions communes/CPAS : "Qu’en sera-t-il des budgets ? Ne va-t-on raboter les budgets alloués ordinairement aux CPAS ? J’aimerais voir la situation actuelle, où de nombreux exclus du chômage frappent à la porte des CPAS, dans un contexte de fusion. Le métier de l’aide sociale serait certainement mis de côté. Les budgets des CPAS sont déjà tellement difficiles à défendre.", confie-t-elle à La Libre.

Des questions encore et toujours laissées en suspens, alors que la paupérisation alarmante de la société reste l’enjeu majeur de l’action sociale.



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