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Les aidants proches démunis face à la réforme des crédits-temps

09/02/15
Les aidants proches démunis face à la réforme des crédits-temps

La décision du gouvernement Michel de supprimer, à partir du 1er janvier 2015, les allocations pour les crédits-temps sans motif pénalise les aidants proches. Désormais, les crédits-temps ne seront plus accessibles que dans certains cas et de façon très limitée.

Suppression de l’allocation de crédit temps sans motif, restrictions dans les aménagements de fin de carrière, réduction à 50% de l’allocation de garantie de revenu après deux ans aux travailleurs à temps partiel, suppression de la dispense de disponibilité pour raisons sociale et familiale. Ces récentes réformes viennent compliquer le parcours déjà semé d’embûches des aidants proches, qui profitaient jusqu’ici de ces différentes mesures afin d’accompagner au quotidien une personne dépendante, soit à cause de la maladie, soit à cause d’un handicap mental, physique ou psychique.

Des aidants proches seuls contre le sort

En Belgique, comme dans la majeure partie des pays européens, les aidants proches jouent un rôle crucial pour les soins à apporter aux personnes en déficit d’autonomie dans notre société. Comme le souligne le rapport du Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) publié peu après les élections de mai 2014 : « Les membres de la famille, voisins ou amis qui contribuent à prendre en charge un proche âgé ou malade occupent une place très importante dans notre système de santé, où ils assument une fraction non négligeable des soins dispensés. Notre système socio-sanitaire devrait donc veiller à encadrer beaucoup mieux ces aidants proches. »

De cette étude, il ressort également que, si les compensations financières sont peu nombreuses, la possibilité de bénéficier de congés sociaux pour apporter des soins à un proche est perçue comme un point très positif.

Un fameux pas en arrière pour le statut des aidants

Et alors que la loi relative à la reconnaissance des aidants proches a été votée à la fin de la législature précédente (6 juin 2014), le statut des aidants proches se réduit actuellement à peau de chagrin. Aussi, la reconnaissance des aidants n’a pour l’heure pas été opérationnalisée et, leur protection sociale est avec la réforme des crédits-temps pour le moins mise à mal.

Dans le journal En Marche de la mi-janvier 2015, la coordinatrice de l’asbl Aidants proches, Caroline Ducenne, estime que ces réformes auront un impact dramatique. « Bien sûr, la possibilité subsiste de recourir notamment au crédit temps avec motif (soin à son enfant handicapé jusqu’à 21 ans, assistance à un membre de la famille souffrant d’une maladie grave, soins palliatifs...NDLR). Mais ils ne s’adressent ni ne sont accessibles à tous, loin s’en faut. Et ils n’offrent qu’une solution limitée dans le temps. »

Une vie professionnelle entre parenthèses

Certes, le crédit-temps sans motif reste possible mais l’Onem n’accorde plus d’allocation. Or, la situation marginale et souvent lourde à assumer qu’est l’accompagnement intensif d’une personne dépendante, oblige souvent l’aidant proche à abandonner son emploi. Ce qui correspond déjà à une importante perte de revenu.

Si l’objectif des aidants n’est pas d’obtenir une rémunération complète, ils souhaitent à tout le moins une compensation.

Le besoin personnalisé d’assistance en augmentation

Au jour d’aujourd’hui, les personnes en situation de grande dépendance représentent un peu plus de 4% de la population. Et le vieillissement de la société va plus que probablement faire évoluer ce chiffre à la hausse dans les années à venir.

Telle réalité n’a pas échappé au Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé, qui estime nécessaire « de mener un vaste débat sociétal sur la place des aidants proches dans le système de soins et dans la collectivité en général et, de bien réfléchir aux types d’aide (financière ou autre) qui conviendraient le mieux à leur situation spécifique, sans aggraver les inégalités. »

L’asbl Aidants proches a quant à elle récemment demandé au gouvernement fédéral d’appliquer un moratoire sur les mesures pour les aidants proches, le temps de proposer d’autres aménagements spécifiques à leur réalité.

Delphine Hotua



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