Réduction des aides matérielles : un coup dur pour les personnes handicapées
Fin 2015, plusieurs associations d’aide aux handicapés réclamaient l’annulation, devant le Conseil d’Etat, d’un arrêté pris mi-juin par le gouvernement wallon. En cause : la réduction des aides matérielles octroyées via l’AWHIP. Une atteinte au bien-être et à l’autonomie de certaines personnes handicapées.
Le 11 juin 2015, le Gouvernement wallon adoptait un arrêté qui modifie le remboursement de certaines aides matérielles aux personnes handicapées. Mais cette réduction de l’aide financière fournie par l’Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées (AWIPH), peut avoir des conséquences très lourdes sur certains patients. Plusieurs associations, parmi lesquelles l’Association Belge contre les Maladies Neuromusculaires (ABMM), l’Association Belge des Paralysés (ABP), la Ligue de la Sclérose en Plaques et l’Association Parkinson, qui représentent à leur quatre 5500 membres, ont donc introduit un recours en annulation devant le Conseil d’Etat.
Contribution du patient
Les modalités de remboursement prévoient désormais une contribution de 10% de la part des patients qui reçoivent les aides matérielles sujettes à l’intervention de l’AWIPH, contre 2% pour les personnes sous statut BIM (bénéficiaires de l’intervention majorée). « Il existait déjà des montants plafonnés pour certaines interventions, par exemple pour l’aménagement de la salle-de-bain, mais également pour les fauteuils roulants. Malgré les interventions de l’Aviq et de l’Imami, il reste des coûts pour le patient, surtout pour les accessoires qui sont parfois nécessaires pour les personnes fort handicapées. Idem pour les interventions lors de la construction neuve d’un logement adapté. En 2016, les 10 000€ qui étaient octroyés à cet effet n’existeront plus. Pour certaines personnes, ces compléments à financer sont énormes. Mais l’Administration wallonne ne voit la problématique qu’à un niveau macro, avec les 3,5 millions d’euros qu’ils souhaitent faire ! », déplore Jean-Marie Huet, Président de l’ABMM.
Coupes financières
D’autres suppressions ou limitations d’aides matérielles posent également question. L’intervention dans le coût d’installation d’un monte-personne est désormais limitée à un étage. Tandis que l’intervention financière pour l’installation d’une boîte à vitesse automatique dans un véhicule est quant à elle supprimée. Une perte d’autonomie pour les personnes nécessitant ce type d’installations coûteuses pour pouvoir conduire leur véhicule. Autre exemple chiffré : l’AWIPH intervenait avant à hauteur de 1300 euros dans l’achat d’un lit électrique, contre 800 euros aujourd’hui.
Contre le principe du Standtill
Un recul social selon les associations défenderesses, qui irait à l’encontre de la politique d’intégration prônée par la Région wallonne. « La défense adoptée par les associations qui ont introduit le recours devant le Conseil d’état, consiste à exiger le respect du principe de Standstill, qui défend que le législateur ne peut pas revenir en arrière sur ce qui a été accordé en matière d’aide sociale. Nous pensons que cet argument devrait pouvoir être entendu, même si la Région wallonne estime de son côté que ces coupes financières ont des effets mineurs. Pourtant, le secteur de l’aide matérielle n’était déjà pas le plus important à l’AWHIP », explique Jean-Marie Huet. La procédure risque de durer deux ans, mais les associations défenderesses conseillent à leurs membres de conserver les preuves de tous les frais engagés.
Sandra Evrard
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