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Accompagner les victimes de violences conjugales

03/11/17
Accompagner les victimes de violences conjugales

La peur, le dénigrement, les coups ou les humiliations au quotidien : parfois, la violence conjugale s’invite dans notre cabinet. Comment accompagner psychologiquement la victime quand ce type de vécu se dépose au cours de nos séances ?

Insidieuse, pas toujours conscientisée, la violence conjugale est parfois d’emblée le motif de la consultation. Mais parfois, c’est aussi à cette occasion que se révèle peu à peu les violences vécues par nos patients. De la non-reconnaissance à la conscientisation, de l’idée de rompre jusqu’à la mise en acte de cette rupture, le chemin est long. Et il doit être accompagné dans toute sa complexité.

La prise de conscience

Toutes les couches socio-économiques sont concernées et aucun « profil type » ne peut être dressé. La violence conjugale n’est pas toujours visible. S’il faut des traces physiques pour une action pénale, il en va tout autrement pour la réalité psychique et sa conscientisation. C’est la peur qui met souvent sur la voie. Au détour d’un événement, parfois tout à fait anodin, cette peur est verbalisée : « S’il l’apprend, ça va être terrible pour moi ». Cette émotion sera le fil conducteur qui mènera thérapeute et patient vers une mise en mots de ce qui se vit parfois au quotidien.

Une estime de soi malmenée

Sidération, minimisation, culpabilité majeure, la victime est souvent piégée par un ensemble de freins à la conscientisation de la violence dont elle fait l’objet. L’isolement social fréquent, un rapport au corps qui se délite et une estime de soi fort malmenée complètent souvent le tableau. Les premiers mots qui concernent cette triste réalité sont souvent timides, honteux, en demi-teinte. Ce n’est qu’à petites touches, dans un cadre sécure, dans une écoute bienveillante, dans un transfert rassurant, que les récits vont se préciser, s’actualiser, se déposer.

Un long chemin

Le chemin est souvent long et parsemé d’embûches. C’est d’abord dans l’élaboration psychique que s’initie ce cheminement, bien avant que des changements plus concrets ne puissent s’envisager. C’est là que le thérapeute a tout son rôle à jouer. D’abord en offrant l’espace où ces émotions peuvent s’explorer, et parfois même se « décadenasser », pour avoir enfin le droit de se dire, de s’adresser à quelqu’un qui pourra renvoyer, éventuellement aussi sur le plan émotionnel, l’écho de ces paroles.

Revenir au patient

Réenclencher cette circulation émotionnelle permettra aussi de remettre le projecteur sur la victime, quand celle-ci a pris pour habitude de le braquer sur son partenaire, pour guetter ses réactions ou pour excuser, en après-coup, ses débordements. Ramener le sujet sur lui, tout simplement. Une immense culpabilité saisit souvent la victime quand la violence est conscientisée. Alors un désir de minimiser, de trouver des excuses au partenaire, et de mettre en exergue les moments plus cléments viennent temporiser ce que la découverte a d’insupportable : « Ce n’est pas toujours comme ça vous savez ! Parfois, il peut être si gentil… »

Un témoin pour entendre

Différentes stratégies sont mises en place par la victime. Du repli sur soi (ne pas « faire de vagues ») aux ruses qui permettent malgré tout de vivre, des phases d’opposition franche mais vaine aux mises en place concrètes de protection, le parcours est varié et unique. Le thérapeute est là pour l’entendre, mais aussi pour le mettre dans une perspective d’historicisation, séance après séance.

Accompagner le deuil

La rupture finale tardera parfois à se mettre en place. C’est que tout un processus de deuil doit se vivre pour la victime, celui de la relation de couple, celui d’une histoire d’amour qui n’a pas tenu ses promesses, celui d’une famille, parfois, qui vole en éclat. Ce processus douloureux doit être accompagné, sans jugement, sans impatience, en toute bienveillance, dans une écoute qui permettra la mise au jour d’un regard neuf sur des possibilités d’avenir plus douces.

DB, psychologue

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