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La lutte contre le radicalisme suspendue en Région wallonne

30/11/17
La lutte contre le radicalisme suspendue en Région wallonne

Le gouvernement wallon, représenté par la ministre des pouvoirs locaux Valérie de Bue, a annoncé lors de la présentation du budget 2018 de la Région la possible fin des subventions « antiradicalisme » pour 24 communes.

Après les attentats à Bruxelles et Paris en 2016, le gouvernement Wallon a lancé un plan de lutte contre le radicalisme. 24 communes de la Région, hors grandes villes, sont concernées par des projets luttant contre le radicalisme. Récemment, la ministre en charge des Pouvoirs locaux, Valérie De Bue, a annoncé vouloir suspendre les subsides dans les 24 communes concernées. Pour certains députés, cette décision est insensée. Quand on sait qu’au Fédéral, Denis Ducarme vient juste deproposer une formation pour les travailleurs sociaux afin de repérer des « signes » de radicalisme, on peut s’interroger sur la cohérence de la décision de la ministre wallonne.

Des subventions pour lutter contre le radicalisme en Région wallonne

Les projets appliqués dans 24 communes sont essentiellement préventifs. Par exemple, deux personnes à Sambreville étaient chargées de communiquer, d’échanger et de partager avec le milieu associatif, les jeunes, les mosquées … Ils avaient aussi pour rôle d’établir une veille sur les réseaux sociaux, afin de parer à tout sujet suspect. La ville, qui a reçu 81.000 euros pour ce projet, devra licencier ces deux personnes suite à l’annonce de la ministre. « Tout le travail qui aura été fourni jusque-là l’aura été à fonds perdu », regrette le bourgmestre de Sambreville, Jean-Charles Luperto,
Pour la députée socialiste Latifa Gaouchi, membre de la Commission radicalisme au Sénat, la décision de Valérie De Bue est insensée. « Dans tous les pays, y compris dans les pays du Maghreb ou arabisant, on a donné des moyens à la lutte contre le radicalisme. Et chez nous, en Wallonie, on fait le contraire, c’est une aberration, surtout dans un moment aussi délicat », explique-t-elle à l’Avenir.

Évaluer le processus

La ministre souhaite suspendre les subsides afin d’évaluer le processus de lutte contre le radicalisme et ses possibles répercussions.
Cependant, pour Latifa Gaouchi, évaluer un processus en l’arrêtant net ne permet pas de réunir suffisamment d’arguments probants pour décider de son maintien. « Comment évaluer si le processus est interrompu ? Dans un domaine comme la lutte contre le radicalisme, on ne peut pas se permettre une année blanche. L’antiradicalisme, c’est du long terme. Il faut identifier les acteurs, les mettre en confiance, puis autour d’une table. C’est le seul moyen de créer de la cohésion et améliorer le vivre ensemble. »
Selon la députée, le discours de Valérie de Bue contraste avec la volonté du ministre président Willy Borsus de lutter contre la radicalisation. De plus, les plans au niveau fédéral sont maintenus ou renforcés, avec par exemple l’apparition de policiers spécialisés dans certaines villes.

Un nouvel appel à projet pour 2018

Valérie De Bue souhaite lancer un deuxième appel à projet pour 2018 (de janvier à décembre), avec un budget de 2 millions d’euros. Cependant, les 24 communes « antiradicalisme » ne sont pas certaines d’encore être subventionnées. En effet, la ministre estime que la plupart des projets en 2016 ne sont pas assez axés sur la prévention. « Suite à l’évaluation, on a constaté que trop de communes (19/24) ont axé majoritairement leur action sur le vivre ensemble, et donc pas sur la prévention du radicalisme en tant que tel », explique la ministre à l’Avenir. Pour la ministre, les projets sont souvent trop tournés vers les sensibilisations grands publics et ne permettent pas la détection d’individus radicalisés : « De nombreux travailleurs de terrain ont signalé ne pas être en mesure de détecter si une personne est en phase de radicalisation ou non. »



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