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Lettre aux CPAS : la pression sur les étudiants dénoncée

03/02/17
Lettre aux CPAS : la pression sur les étudiants dénoncée

Le Comité de Vigilence en travail social, l’ADAS et une série d’associations de défense des étudiants viennent de co-signer une lettre adressée aux CPAS et à leurs travailleurs sociaux. Elle évoque la non-pertinence de faire pression sur les étudiants du supérieur pour qu’ils fournissent rapidement leurs résultats d’examen du mois de janvier. S’ils ne les ont pas ou qu’ils ont échoué, leurs revenus d’intégration sociale seraient alors menacés.

Vous avez fait signer ou allez faire signer à une étudiante ou un étudiant un « Projet Individualisé d’Intégration Sociale » (PIIS études de plein exercice) portant sur des études avec plusieurs exigences.

 Depuis plusieurs années, des travailleurs sociaux de CPAS contactent des hautes écoles et universités pour obtenir les résultats d’étudiants dès la session de Janvier. Plusieurs écoles ont refusé en répondant qu’il n’y a aucune obligation légale de donner ce type d’information, peu importe le moment de l’année.

 Des étudiants reçoivent par ailleurs des injonctions de leur assistant social pour obtenir ces résultats dès janvier sans passer par l’école. S’ils refusent, ils risquent de perdre leur revenu d’intégration sociale.

 Des étudiants témoignent des exigences et fortes contraintes de ce PIIS qu’ils ont rarement pu négocier et où une attente de résultat positif est mentionnée dès les examens de janvier. Ceci constitue une forte pression sur les étudiants qui les rend plus indisponibles à l’apprentissage et à l’étude, toujours avec le risque de perdre leur revenu d’intégration sociale.

Nous souhaitons vous partager les informations suivantes :

 Le Décret « Paysage » : (...) Dans ce cadre, l’étudiant a le droit de présenter les évaluations à plusieurs moments en fonction du calendrier académique et choisit d’avancer à son rythme pour réussir. (...) Il est donc inadéquat de juger le parcours académique de l’étudiant à partir des réussites ou non des évaluations proposées en janvier ou même de juin. Cette interprétation laissée à l’appréciation des CPAS peut avoir des conséquences désastreuses sur l’avenir de l’étudiant et n’est pas du tout révélatrice de son apprentissage. Nombreux sont ceux, usagers ou non du CPAS, qui réussissent leurs années d’étude malgré des échecs lors des premières sessions d’évaluation. (...) Nous nous interrogeons sur la pertinence de référer à une attente de résultat précis.

(...)

 Par ailleurs, ce nouveau décret se met en place de manière progressive dans les différentes Hautes Ecoles avec un programme d’étude qui est seulement en train d’être adapté pour mieux correspondre à la réalité des étudiants. (...)Malgré toutes les bonnes volontés, les conditions correctes d’accompagnement des étudiants ne sont pas toujours réunies faute d’un refinancement, en CPAS comme en Haute Ecole. Notre société actuelle complexe, pourtant en manque d’emplois, est fortement axée sur l’excellence, la réussite et le parcours sans faute. Il n’est cependant pas souhaitable que les étudiants subissent les conséquences de ce contexte.

 Ces demandes d’attestations relèvent d’une politique plus générale de contractualisation du travail social et d’activation qui, malgré votre volonté d’aider les étudiants, a pour effet le plus souvent à les contrôler et à sanctionner ceux qui sont jugés non méritants. Cette tendance est en inadéquation avec la vision de l’accompagnement pédagogique prônée dans l’enseignement supérieur.

 L’étudiant doit pouvoir réellement négocier librement et sans contrainte (exemples : pression pour les résultats de janvier ou pour trouver un job étudiant l’été au risque de perdre le RIS) les termes de ce « contrat » PIIS et il faut que cela lui soit clairement explicité.(...)

Nous savons que vous aussi vous subissez sans doute les pressions de ces politiques d’activation et que, par maints aspects, vous en voyez, vous aussi, l’impact invalidant !

Dans l’esprit de la démocratisation de l’accès à l’enseignement, nous vous invitons, à vous solidariser avec cette démarche et à refuser de reporter ces pressions sur les étudiants « bénéficiaires » du revenu d’intégration sociale.

Signataires :

L’Association de Défense des Allocataires Sociaux, le Collectif Solidarité Contre l’Exclusion, le Comité de Vigilance en Travail Social, Ecole en colère, la Fédération des Etudiants Francophones, l’Union des Etudiants de la Communauté Française et l’Union Syndicale Etudiante.

Lien pour consulter la lettre complète



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