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MRS : où sont les limites pour les travailleurs ?

31/10/17
MRS : où sont les limites pour les travailleurs ?

Travailler en Maison de repos ou de soins nécessite plusieurs aptitudes professionnelles, mais aussi humaines. Comment le personnel doit-il gérer des résidents jugés, pour quelque raison que ce soit, « non aptes » à une prise en charge de l’établissement ? Récemment, La Libre révèle qu’une résidente de la maison de repos du Domaine du Neckersgat a été expulsée en mai, mais cette dernière a refusé de quitter la résidence.

Les équipes de professionnels employés en maisons de repos le savent bien, leur travail n’est pas des plus faciles. Leur quotidien implique de gérer des personnes âgées, qui nécessitent parfois des prises en charge particulières. Alors que le dernier numéro de Vie@home traitait la question, récemment, le Domaine de Neckersgat, dépendant du CPAS d’Uccle, a expulsé une de ses résidentes. D’ après l’avocat de la résidence, celle-ci perturbait le bon fonctionnement des équipes d’encadrement et nécessitait une prise en charge particulière. Pour le fils de la dame expulsée, c’est l’incompréhension.

Un comportement difficile à gérer

Le Guide Social a contacté le Domaine de Neckersgat, mais ce dernier n’a pas souhaité répondre à nos questions concernant la situation et comment celle-ci était vécue par le personnel de l’établissement. D’après la DH, selon l’avocat du CPAS d’Uccle, la résidente demandait des soins plus spécifiques que ce que le personnel ne pouvait lui offrir. « Les attitudes de cette personne perturbent lourdement les membres de l’équipe d’encadrement, avec notamment des angoisses récurrentes qui effraient les autres résidents ». Ayant déjà fait l’objet d’un courrier d’expulsion en mai, la résidente avait cependant refusé de quitter le Domaine.

Le médecin du Domaine, lui, a précisé que « Ma patiente se trouve dans un état physique et mental nécessitant des soins particuliers et chroniques de façon définitive, pour lesquels la maison de repos n’est pas adaptée. Cette patiente doit donc dans l’intérêt de son état de santé séjourner dans les délais les plus brefs dans un établissement approprié à sa situation médicale. Cette situation douloureuse est indispensable tant pour la dame en question que pour le bien-être des autres résidents. »

Une expulsion après… un jour

Là où la résidence est incohérente, pour le fils de la personne expulsée est que celle-ci a d’abord été acceptée par le Domaine, y a emménagé et a reçu un courrier d’expulsion datant du jour suivant. « Le courrier était daté du lendemain de son arrivée ! J’ai alors contacté le médecin référent de la résidence qui dit n’avoir vu ma mère que durant 5 minutes et avoir signé le certificat justifiant son départ à la demande du chef infirmier qui, entre-temps, a quitté la résidence », explique le fils.

Une procédure judiciaire

Le dossier est à présent traité par la justice. Cependant, la résidence ne confirme pas précisément, à l’heure actuelle, pourquoi la personne a été expulsée. « J’ai demandé à la résidence de me faire des points concrets posant problème mais la résidence s’y refuse. J’ai également emmené ma mère chez un médecin traitant indépendant et chez un psychiatre et tous deux ont confirmé que son état ne nécessitait pas d’institution particulière. Nous avons malgré cela reçu un nouvel avis d’expulsion stipulant que ma maman devait avoir quitté la résidence pour la fin du mois de mai dernier », précise le fils.

Plus loin que l’éthique

Au-delà de la question d’éthique que pose ce type de décision de la part d’une résidence dont l’objectif premier est la prise en charge d’un public vieillissant, on peut s’interroger sur la réelle formation reçue par le personnel. Est-elle suffisante et leur permet-elle de gérer des profils souvent de plus en plus « cliniques » ? Sans aucun doute un problème auquel devront s’intéresser de plus en plus les politiques, quand on sait que d’ici 2060, la Wallonie comptera 400.000 seniors et que pour Bruxelles, c’est déjà le cas.

La rédaction

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