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A Bruxelles et en Wallonie, l'aide aux détenus est insuffisante

08/06/15
A Bruxelles et en Wallonie, l'aide aux détenus est insuffisante

L’un des buts fondamentaux de l’incarcération est négligé depuis des années : insérer le détenu dans la société après sa peine.

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Dans son rapport publié en avril dernier, la Concertation des Associations Actives en Prison (CAAP) constate que les services d’aide aux détenus sont déficients. «  La situation n’est pas nouvelle, mais il était important qu’on en rende compte. On attend une réponse politique. » explique Jacqueline Rousseau, présidente de la CAAP.

Cette étude a été menée pendant un an auprès des 47 associations membres de la CAAP. Fondée en 2007, la CAAP représente le secteur associatif en milieu carcéral et assure la concertation entre ses membres et les autorités politiques.

Un fossé entre loi et réalité

D’un côté, il y a les textes officiels ambitieux ; de l’autre, une réalité de plus en plus inquiétante pour laquelle il n’y a pas encore de solutions concrètes. La loi de principes stipule que «  le détenu n’est soumis à aucune limitation de ses droits politiques, civils, sociaux, économiques ou culturels autre que les limitations qui découlent de sa condamnation pénale ou de la mesure privative de liberté… » À la prison de Jamioulx, pour 339 détenus, seulement une personne à temps plein s’occupe du suivi social, et une autre du suivi psychologique à mi-temps.

Aux prisons de Nivelles et Ittre, il n’y a de même qu’un temps plein pour le suivi psychologique, avec plus d’un an de liste d’attente. Il arrive souvent que la demande renouvelée d’un détenu soit refusée, manque d’effectif, malgré la loi de principes affirmant que «  le détenu a droit à l’offre présente en prison en matière d’aide sociale. »

Pour 5.795 détenus à Bruxelles et en Wallonie, «  il n’y a que 8 personnes à temps plein qui se chargent de la prévention et de la promotion de la santé », déplore Jacqueline Rousseau. Et le rapport mentionne que «  le taux de suicide (et de tentative) est 6 à 7 fois supérieur à la moyenne nationale. » Il n’est pas rare qu’un détenu reste dans sa cellule 22h/24h.

À la prison de Forest, il n’y a aucune activité sportive encadrée, bien qu’on sache les vertus du sport sur la santé mentale. La raison ? Lieux vétustes, aucun personnel ni matériel prévus. «  Depuis le désengagement de l’ADEPS, la Fédération Wallonie-Bruxelles ne propose plus aucune offre ».

Plan de détention, un outil toujours en attente d’application

La loi de principes du 12 janvier 2005, qui détermine le statut juridique des détenus, stipule que «  durant l’exécution de la peine ou mesure privative de liberté, il convient d’empêcher les effets préjudiciables évitables de la détention. »

Parmi les effets, citons la récidive. Pour l’éviter, il existe le plan de détention, un outil prévu dans cette loi. Pour l’employer, il faut des arrêtés d’exécution. Mais ceux-ci n’ont pas encore vu le jour.

Une conférence qui n’a pas fait long feu

En 2009, la Communauté française, la Région wallonne et la Commission communautaire française ont validé un accord de coopération pour améliorer leurs actions dans le milieu carcéral.

À cet effet, il était prévu au moins une fois par an une conférence interministérielle entre les représentants des institutions citées, car l’aide aux détenus concerne de nombreuses compétences. Elle avait notamment pour rôle « de renforcer les politiques déjà développées en matière de réinsertion des détenus. » Depuis presque 5 ans, cette conférence n’a plus lieu.

Quelques priorités pour les détenus

«  À problème global, il faut une réponse globale ». Parmi ses recommandations, outre le plan de détention dont nous avons parlé plus haut, la CAAP propose de déterminer « une offre de services de base, le minimum devant être organisé dans chaque établissement. »

L’ASBL propose également l’implication active au sein des prisons de l’ADEPS, du FOREM, la sensibilisation des agents pénitentiaires aux missions du secteur associatif et l’application de l’accord de coopération de 2009… Autant de priorités auxquelles doivent s’adonner les institutions politiques.

Skan Triki



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