Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Le politique en CPAS : une opportunité

21/09/17
Le politique en CPAS : une opportunité

Un président de CPAS est avant tout un mandataire politique. Si les missions et buts des CPAS sont clairement définis dans la loi Organique du 8 juillet 1976, leur interprétation et les moyens pour y parvenir dépendent largement de choix politiques. Cela a de l’influence sur mon travail d’assistant social de deuxième ligne, jusque dans la création de mon poste.

« Tu peux demander ce que tu veux à notre Comité Spécial du Service Social, à toi de convaincre. » Voici ce qu’un responsable hiérarchique m’a dit lors de mon entrée en service. Je découvrais alors mon nouvel employeur, mais également le fonctionnement d’un CPAS dans ses aspects les plus intrigants. Notamment le fait que ma fonction n’existe dans aucun autre CPAS bruxellois.

Création de nouveaux services

Il se fait que mon poste lui-même résulte d’une volonté politique. Sans m’épancher sur la nature de mes fonctions ni sur la couleur politique qui en est à l’origine, je dirai que je travaille dans la prévention en matière de troubles du logement. Il existait sur ma commune de travail le souhait politique de développer ce type de service auprès de la population. Un projet a été monté, des financements obtenus, et des offres d’emploi publiées. J’ai répondu à l’une d’elles car elle correspondait à mes attentes professionnelles.

La Loi et l’esprit de la Loi

Lorsque, dans le cadre de mes fonctions, je rencontre une personne qui vit une situation sociale précaire, je dois d’abord m’assurer qu’elle a bien eu recours à l’ensemble de ses droits sociaux. Il peut s’agir d’un revenu de remplacement, d’allocations familiales ou d’aide médicale. L’important est de vérifier l’application de la loi. C’est le strict minimum.
Mais si ces droits endiguaient la détresse sociale et permettaient l’accès immédiat à une vie conforme à la dignité humaine, cela se saurait. Ma conception du travail social est d’aller plus loin. C’est l’émancipation qu’il nous faut proposer.

Concrètement

Parce qu’on me donne les moyens de le faire, j’établi une anamnèse du parcours de la personne, je priorise avec elle les problématiques qu’elle souhaite voir le plus rapidement réglées, et lui expose les moyens d’action dont dispose notre institution.
Vient ensuite la rédaction d’un rapport sur les besoins particuliers de la personne, agrémenté d’une série de réponses que nous pourrions y apporter en tant que CPAS. Là, mes consignes sont claires : « sois créatif. »
Exemple : Madame X va emménager avec son fils dans un nouvel appartement mais n’a aucun meuble. Elle ne peut demander une prime d’installation car en a déjà bénéficié et l’on ne peut y prétendre qu’une fois dans la vie. Il conviendrait donc, afin de soulager ponctuellement son budget, de lui octroyer une aide spéciale pour l’achat de meubles, mais d’également payer sa garantie locative, son premier mois de loyer, son assurance habitation et les frais scolaires exceptionnels de son fils. Enfin, trois semaines s’écouleront entre le départ de son logement actuel et l’entrée dans le nouveau logement. Nous pourrions l’envoyer au Samu Social, mais ce dernier est géographiquement trop loin de l’école spécialisée de l’enfant. Une prise en charge exceptionnelle à l’hôtel est nécessaire.

Un reflet démocratique

L’aide demandée est conséquente et pourrait être confrontée à un refus catégorique. La demande sera exposée au Comité Spécial du Service Social. Ce dernier est composé de représentants politiques qui sont là au gré de leur succès électoral. Le président du CPAS, lui aussi mandataire politique, y est également présent. Tous voteront pour ou contre les propositions. L’assistant social qui traite ce type de demande doit donc présenter un dossier « en béton ». Cela demande du temps et la conviction que ce dossier aura des chances d’éveiller la sensibilité des décideurs. Mais mon emploi découlant de choix opérés par bon nombre d’entre eux, la situation est plus confortable.
Chaque CPAS a sa particularité induite par des partis politiques. Il vous faut juste, en tant que professionnel, avoir la chance de trouver celle qui vous correspond.

M.A.



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour