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Nos politiques ont des absences

09/04/18
Nos politiques ont des absences

A l’heure où les politiques prétendent défendre les projets développant la citoyenneté, il est problématique que ceux-ci soient absents des événements qu’ils initient ou pour lesquels ils se sont engagés à être présents.

Tout récemment, je représentais l’ASBL qui m’emploie lors d’une rencontre entre opérateurs de l’Accueil extra-scolaire sur Bruxelles-ville. Convié, comme tous les opérateurs, par Mme Hariche, échevine de l’Instruction Publique, de la Jeunesse et de la Petite enfance, je me réjouissais de rencontrer mes pairs, mais aussi les représentants de la ville. Malheureusement Mme Hariche n’était pas présente à sa propre rencontre.

Un sentiment partagé de désintérêt

Lorsque l’organisateur excusa l’absence de Mme Hariche, le sentiment général fut à la résignation fataliste. Personne n’était vraiment surpris, juste déçus une fois de plus. Pour ma part, j’avais surtout l’impression que cette rencontre ne présentait aucun intérêt à ses yeux. Je me disais qu’à ses yeux nous n’étions que quantités négligeables. Pourtant nous sommes ceux qui donnent corps aux déclarations politiques, nous sommes ceux qui bricolons avec les différents subsides pour offrir un service utile. C’est nous, tous ensemble, qui mettons du contenu lors de cette rencontre. Et c’est l’un d’entre nous qui a organisé la rencontre, invité tout le monde et préparé les outils d’échange. En vérité, c’est son nom à lui qui devrait être en haut de l’invitation.

Du déjà vu

Il y a quelques années j’avais déjà vécu une situation similaire. Mr Madrane, ministre de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice et de la Promotion de Bruxelles s’était engagé à venir rencontrer les travailleurs et les volontaires lors de la journée de clôture de l’année citoyenne de l’ASBL Solidarcité. Cette cérémonie se déroulait au Parlement bruxellois et réunissait toutes les antennes de Wallonie et de Bruxelles. Mr Madrane n’est pas venu, envoyant une personne de son cabinet qui arriva en retard. Et ce jour-là, j’ai ressenti ce même sentiment de désintérêt pour les personnes, mais surtout pour les actions que nous menons. Tout comme lorsque je travaillais pour les services de prévention communaux et que je ne voyais apparaître les élus ou les candidats qu’à l’approche des élections et/ou dans des événements fortement fréquentés ou suffisamment médiatisés.

Un effet pervers

Ces absences sont toujours apprises en dernière minute et n’entraînent pas de réaction personnelle des concernés. De ce fait, quels que soient les raisons ou les artifices pour y pallier, ces absences ont comme effet de creuser un peu plus l’écart entre les travailleurs et la sphère politique. Et ce sentiment de fracture entraîne une perte de confiance (qui est déjà en grave déficit chez de nombreux travailleurs) mais aussi une généralisation d’un désamour pour la classe politique dans son ensemble. Cela amène les travailleurs à ne plus distinguer un incident isolé, une attitude personnelle, et une réalité universelle. Personnellement j’en suis à me dire qu’il y a une réalité universelle à l’attitude désintéressée des politiques. Fort heureusement, je crois aussi que toute règle à ses exceptions.

Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain

Malgré tout, ces expériences désagréables n’enlèvent rien à la pertinence des actions menées par les travailleurs, peu importe l’institution pour laquelle ils travaillent. Il y a lieu de continuer les rencontres et les échanges ainsi que la valorisation des personnes et des projets. Il faut aussi continuer à impacter sur les décisions politiques, non seulement par les organes de consultations mais aussi par l’interpellation. Rappelons-nous que ce ne sont pas les décrets et les initiatives politiques qui sont à la source de nos pratiques et de nos réflexions. Mais que ces décrets et initiatives sont l’écho de nos demandes et de nos revendications (un écho parfois déformé j’en conviens). Preuve que nous devons nous faire entendre et continuer à nous saisir des espaces de liberté et de paroles que l’on nous offre ou que nous nous créons.

CARTERON Perceval. Éducateur.



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