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L’ASBL "Au fil du lien" en danger, faute d'agrément

26/05/20
L'ASBL

La présidente de l’ASBL « Au fil du lien » se démène. Nathalie Demaret, salarié à mi-temps de l’association qu’elle a fondé, voit son travail de plus d’une décennie remise en cause par l’indécision politique. Alors qu’elle aide plusieurs dizaines d’enfants, l’association, qui a déjà mis au chômage ses trois salariés, risque la faillite pour un problème d’agrément, causé par une certaine rigidité administrative.

Guide Social : Tout d’abord, pouvez-vous présenter votre ASBL : « Au fil du lien » ?

Nathalie Demaret : Le service a été crée en 2007. Nous avons fonctionné sur la base du volontariat pendant neuf années. Puis en 2016, nous avons reçu notre première subvention du cabinet Wallonie-Bruxelles. Elle permettait de payer quelques heures de travail. L’année suivante, nous avons reçu le double, ce qui nous permettait de financer l’équivalent d’un temps-plein. En 2018, la subvention a encore doublé, nous permettant de rémunérer 1.8 temps-plein. Même chose en 2019. Mais le solde n’a toujours pas été versé. Cela représente 10.800€. Nous n’avons toujours rien reçu.

Guide Social : Pourquoi ?

Nathalie Demaret : Nous avons demandé un agrément en juillet-août 2019. Cette décision a été prise à la suite de la visite de deux expertes, une visite très poussée. L’administration ainsi que les inspectrices nous ont ensuite notifié qu’elles allaient donner un avis favorable. Fin 2019, le cabinet explique que la demande d’agrément pose un problème. Nous recevrions cet agrément qui équivaut à une subvention pour 1.8 assistants sociaux. Jusque-là, nous fonctionnions hors agrément, en embauchant les gens qui nous semblaient compétents, et en établissant un équilibre pluridisciplinaire. Le cabinet, qui dépend de l’Aide à la jeunesse, donc du secteur de la ministre Glatigny, nous dit que le profil des travailleurs ne correspond pas. Nous avons trois mi-temps : une psychologue, une chargée de communication et moi-même, une accueillante d’enfants ONE.

"Que va-t-on dire aux 45 enfants que nous accompagnons ?"

Guide Social : Or, ces trois mi-temps ne sont pas des assistants sociaux, donc c’est ce qui bloque. Pourrait-il y avoir une dérogation ?

Nathalie Demaret : C’est ce qui bloque, mais les trois mi-temps ont été avalisés par les expertes. Et à l’heure actuelle, nous n’avons ni reçu de subvention, ni de positionnement de la part du cabinet. Il pourrait certes y avoir une dérogation, mais cela dépend de l’Aide à la jeunesse. C’est pourquoi le 11 mai, le conseil d’administration a donné trois préavis, dont le mien, car nous risquons de faire aveu de faillite. Donc, un service, qui fonctionne depuis 13 ans, avalisé par les experts va mettre trois emplois à la poubelle.

Guide Social : Du coup, quelles sont vos demandes ?

Nathalie Demaret : Nous voulons que la Fédération Wallonie-Bruxelles se positionne. On ne sait pas comment gérer la situation, ni comment communiquer dessus. Que va-t-on dire aux 45 enfants que nous accompagnons ? Aux 15 qui sont en attente et aux 8 qui sont dans le processus de sélection ? Et surtout quel avenir pour leur suivi ? Le problème, c’est que faute de réaction du cabinet, l’ASBL risque de fermer ses portes. Tout cela alors que les besoins sont énorme suite au confinement. Ce n’est vraiment pas le moment de fermer !

"L’ambiance est triste et la motivation faiblit dans l’équipe"

Guide social : Pourquoi avoir pris la décision en Conseil d’Administration le 11 mai, de donner leurs préavis aux salariés ?

Nathalie Demaret : La date butoir légalement, pour que le cabinet donne sa position ou sa dérogation, c’est le 12 mai. Donc nous avons attendu jusqu’au dernier moment. Et on attend toujours.

Guide social : Comment survivez-vous en attendant ?

Nathalie Demaret : Depuis 9 ans, l’association a un partenariat avec des petits producteurs locaux. Nous faisons épicerie fine, en vendant leurs produits. Nous n’avons pas attendu les aides de l’Etat pour travailler. Cela met du beurre dans les épinards en temps normal. Là, cela fait tourner le service, même si on ne peut plus payer les salaires. Nous avons allié le commercial avec le social par nécessité. Honnêtement, c’est une décision qu’on ne regrette pas. Ce sont des moments douloureux que nous vivons. L’ambiance est triste et la motivation faiblit parmi les 3 salariés et les 7 volontaires.

Propos recueillis par C.D.



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