Maisons de repos : des bénévoles pour pallier le manque de personnel ?
En ces temps de disette budgétaire, des solutions alternatives naissent un peu partout. Nos voisins néerlandais par exemple ont de plus en plus recours à des bénévoles, notamment dans le secteur des soins de santé. C’est le cas au sein de la maison de repos Humanitas.
Jurgen Mentink est étudiant en architecture et bénévole dans la maison de repos Humanitas aux Pays-Bas. Comme six autres jeunes, il donne de son temps en contrepartie d’une chambre gratuite au sein de l’établissement. « Je vis dans cette maison de retraite gratuitement. Cela implique que je doive faire 30 heures de bénévolat tous les mois. Et en échange de cela, je peux disposer d’une chambre totalement aménagée », explique-t-il au micro de la RTBF.
Faire d’une pierre, deux coups
La solution est pragmatique et permet non seulement de pallier le manque de personnel dans les maisons de repos mais aussi de répondre à la pénurie de logements bons marchés pour les étudiants.
Et l’engagement de ces jeunes bénévoles est plutôt varié puisque le temps passé aux côtés des pensionnaires se décline en des tâches de la vie de tous les jours. Au programme : cours particuliers de maniement de tablette, préparation du souper ou encore animation de soirées bingo...
Maintenir la qualité des soins à moindre frais
Quoi qu’il en soit, cela fait maintenant presque 2 ans que cette maison de retraite néerlandaise accueille des jeunes. Une formule unique au Pays-Bas qui permet d’améliorer la qualité des services sans dépenses supplémentaires. Ce que confirme Gea Spijkes, directrice de la maison de retraite Humanitas, à la RTBF : « La chose la plus importante que l’on puisse offrir en tant que maison de retraite, c’est une fin de vie la plus chaleureuse et la plus agréable qu’il soit. Mais engager uniquement des professionnels pour y parvenir nous coûte beaucoup trop cher. On a donc cherché un moyen pour offrir cette fin de vie la plus heureuse possible, sans que cela nous coûte de l’argent supplémentaire . »
Anita Gancwajch est présidente de l’Association belge des Directeurs de Maison de Repos (ADMR). Elle se montre plutôt dubitative quant à une telle initiative : « l’idée est généreuse et prône des valeurs d’inclusion sociale et de solidarité. Mais en Belgique, ce serait très compliqué à mettre en place car il faut respecter la législation sur le travail. A cet égard, il y a des assurances à prendre si l’on fait appel à des bénévoles. »
Des initiatives freinées par le cadre législatif
Et d’ajouter que l’initiative mérite cependant d’être creusée au niveau institutionnel. A l’époque d’ailleurs, Eliane Tillieux (PS) avait lancé un projet dans le même ordre d’idée, pour l’accueil familial des aînés. La ministre wallonne, alors en charge de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances, s’était rapidement retrouvée confrontée à toute une série de problématiques juridiques, comme les problèmes de domiciliation ou encore le statut d’indépendant volontaire. « Il faudrait davantage que les textes de lois suivent les changements de mentalité », réagit Anita Gancwajch.
Par ailleurs, pour pouvoir accueillir des bénévoles en maisons de repos, il faudrait avoir des chambres excédentaires. Ce qui est loin d’être le cas en Belgique...
L’idée n’est donc pas prête de s’importer chez nous. Cela dit, telle initiative rappelle les logements kangourous dans le cadre du domicile, c’est-à-dire lorsque des personnes âgées accueillent sous leur toit des étudiants à prix réduit. « Les jeunes bénéficient d’un logement à moindre prix en échange de services rendus au quotidien. Cela permet de rompre l’isolement tant chez la personne âgée, que chez l’étudiant », indique la présidente de l’association des Directeurs de Maisons de repos.
Delphine Hotua
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