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Quand le personnel et la direction ne s'entendent pas

23/10/17
Quand le personnel et la direction ne s'entendent pas

Les relations humaines sont, par définition, compliquées, Cependant, dans le domaine de l’aide aux personnes, lorsque la vision du personnel aidant et de la direction ne coͯncident pas (ou plus), cela rend d’autant plus difficiles les missions à accomplir. Au début de l’année, deux services d’aide ont été en grève pendant plusieurs semaines : Le Mistral, à Saint-Georges (qui s’occupe d’adultes autistes) et l’Elysée, à Mont-Saint-Aubert, qui vient en aide aux personnes handicapées.

Le schéma est similaire : la direction, par souci de meilleure gestion, décide de licencier un ou plusieurs travailleurs. Les travailleurs, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Et sortent les piquets de grève. C’est la situation qu’ont connu les deux services Le Mistral et l’Elysée récemment. Pour le premier, la direction a licencié un délégué syndical, prétextant qu’il était maltraitant. Pour la seconde, la direction a voulu licencier 9 travailleurs, au profit d’engagement de personnel à temps partiel. Les travailleurs, tout en assurant un service minimum, ont décidé de dénoncer des méthodes qu’ils trouvent en désaccord avec les valeurs de leur profession.

La situation au Mistral

L’asbl Le Mistral est en grève depuis le 21 septembre. La cause : le licenciement d’un éducateur délégué syndical, qui aurait été maltraitant avec les personnes dont il avait la charge. Pour les syndicats, l’argument ne tient pas la route. « C’est vraiment sanctionner par rapport à son rôle de délégué, ça fait 19 ans qu’il travaille dans l’institution, à aucun moment il n’a été maltraitant par rapport à des personnes hébergées ici ». Les travailleurs n’en croient rien et voient en la décision de la nouvelle directrice, une volonté de marquer son autorité. Ils réclament son départ. Du côté des familles, on est plutôt avec les grévistes.

Un comportement inadéquat

La directrice, en fonction depuis un an et demi, ne semble pas permettre à ses travailleurs d’exercer leur métier dans les meilleures conditions. La porte-parole du Setca, Susan Delhaye, explique à la RTBF, « En termes de paroles, que ce soient des insultes, des remarques assez affligeantes par rapport au personnel, des offres d’emplois placées à côté de leurs horaires ou à certains on leur propose effectivement d’aller postuler ailleurs… toute une série de choses qui un moment donné mettent vraiment un climat compliqué pour l’institution et au niveau des travailleurs. »

Du côté du conseil d’administration, on supporte la directrice. « Le Conseil d’administration a longuement entendu la directrice et tous les faits qui ont été rapportés par rapport au travailleur incriminé et donc le conseil renouvelle sa confiance en la directrice et la soutient dans les actions vis-à-vis de cette personne », précise Paul Rorive, administrateur délégué à la RTBF.

La situation à l’Elysée

Si la grève s’est terminée ce mercredi à l’Elysée, elle aura cependant duré 3 semaines. Un record pour le secteur. Ici, la direction a voulu réorganiser le travail, en licenciant 9 éducateurs pour en engager à temps partiel. « Ce qui frappe particulièrement dans le conflit à la Résidence l’Elysée, c’est la violence des pratiques dont fait preuve la direction pour tenter de casser le mouvement de grève : réquisition forcée du personnel, recours à des huissiers sur le piquet de grève, intervention d’un escadron de police, provocations, etc. C’est du jamais vu ! Les travailleurs sont écœurés par la politique de l’employeur, son manque de soutien envers son personnel et son peu de respect pour les personnes handicapées qui résident dans l’institution », précise la porte-parole du Setca, Catherine Boël.

Le personnel obtient gain de cause

Contrairement au Mitral, le personnel de l’Elysée a lui obtenu que la direction abandonne son plan de restructuration du travail, qui visait à engager des travailleurs à temps partiel pour remplacer les travailleurs temps plein. La direction s’engage également à ne pas licencier les 9 éducateurs ni d’opérer tout autre licenciement dans le cadre d’autres projets. C’est le soulagement pour le personnel. « Tout nouveau projet fera l’objet d’une concertation et en cas d’échec le bureau de conciliation sera saisi », précise le Front commun syndical.

Les parents pris entre 2 feux

Ce genre de situation, si dure à gérer soit-elle pour le personnel, impacte immanquablement la prise en charge des résidents. Susan Van Mossenhove, mère d’un jeune autiste placé au Mistral, explique à la RTBF , « Nous avons noté pas mal de changements, surtout au niveau de l’atmosphère qui règne dans la maison. Il y avait un climat très familial. Maintenant, on sent bien que les éducateurs ne semblent pas heureux. Ils nous ont dit : on ne peut plus rien raconter aux parents, autrement, on est licenciés. Quand on l’a déposé ici à Mistral, il y a 23 ans, on a voulu un personnel expérimenté qui avait une connaissance de l’autisme. Maintenant, avec cet harcèlement d’éducateurs, ils partent, et je crois que ça va continuer. Il y en a encore d’autres qui vont partir. La directrice remercie les gens, elle ne renouvelle pas les contrats qui se terminent, et nos enfants se retrouvent avec de nouveaux éducateurs que je ne critique absolument pas mais qui n’ont pas les compétences de ceux qu’on avait. »

La rédaction

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