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Salles de consommation de drogues : un outil de « promotion à la santé »

14/01/14
Salles de consommation de drogues : un outil de « promotion à la santé »

L’offre en matière de réduction des risques n’est pas inexistante en Belgique mais insuffisante. Les salles de consommation offriraient un suivi plus global, selon l’association de réduction des risques Modus Vivendi.

Lire le dossier : Salles de consommation pour toxicomanes, s’ouvriront-elles un jour en Belgique ?

On compte en Belgique francophone 16 comptoirs d’échange de seringues. Qu’ils soient ambulatoires (distributions dans la rue) ou fixes (dans des lieux d’accueil), ils offrent la possibilité aux personnes consommatrices de se fournir en matériel stérile d’injection (seringues, désinfectants,...). S’ils permettent d’éviter les infections et autres complications, ces lieux ne suffisent pas à réduire les risques, explique Mira Goldwicht, sociologue en charge du dispositif d’accès au matériel d’injection chez Modus Vivendi (association bruxelloise axée sur la réduction des risques, RdR).« En l’absence d’un dispositif global, l’action de réduction de risque ne peut actuellement jamais se déployer complètement ». Et d’illustrer : « Les personnes consommatrices arrivent au comptoir, reçoivent du matériel et des conseils puis repartent dans la nature. Donner du matériel stérile puis consommer dans de mauvaises conditions fait que l’action de santé publique ne peut pas aboutir à ses pleins résultats. »

Outil de promotion à la santé

« Les salles de consommation sont un outil nécessaire à mettre en place dans le cadre d’un dispositif global d’accompagnement et de réduction des risques liés à l’usage de drogues par injection », estime Mira Goldwicht. Mais le projet se heurte, non seulement à des obstacles moraux (et aux défenseurs de la prohibition) mais aussi légaux (voir introduction du dossier). Pour les lever, Modus Vivendi promeut une nouvelle approche du rôle des salles de consommation : «  Il faut considérer les salles de consommation comme un outil de promotion à la santé et non d’incitation ». Et Mira Goldwicht d’ajouter que c’est également une nouvelle vision du consommateur qu’il faut adopter : « Les associations de réduction des risques fonctionnent dans une optique d’émancipation du consommateur. Nous considérons que la personne doit pouvoir faire ses propres choix dans un cadre non jugeant, dans de bonnes conditions et selon ce qui lui conviendra le mieux. Consommer en diminuant les risques est une manière d’aborder les questions de consommation. Dans ce sens, nous n’excluons pas l’abstinence, tout dépend de la personne, ses besoins, ses choix et ses possibilités ».

Attendre un nouveau cadre légal ?

Reste cette question : faut-il, comme ce fut le cas dans certains pays à l’étranger, lancer des initiatives sans attendre un changement législation ? « C’est une ligne de tension, indique Mira Goldwicht, cette question est travaillée par les associations. Force est de constater qu’historiquement la RdR a fait la majorité de ses avancées avant la mise en place de cadres légaux ». Pour l’heure, les associations de réduction des risques ont mis en place une plateforme visant à favoriser le débat public, tout en plaidant pour un cadre législatif plus clair. La question des salles de consommation a également été abordée dans les groupes de travail du nouveau Plan Drogues 2013-1018.

Manon Legrand

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