"Si c'est trop fort, vous êtes trop vieux"

Au temps des guitar-heroes, Ted Nugent, guitariste hard rock claironnait "Si c’est trop fort, vous êtes trop vieux". On vivait alors dans la plus pure inconscience auditive.
J-L Horvilleur, Audioprothésiste, fait le tour des risques liés aux expositions sonores élevées, et des solutions dans un article paru dans le magazine Guitar Part.
Le risque
Qui n’a pas eu, au sortir d’une soirée, les oreilles qui sifflent ? C’est-à-dire un acouphène, sensation sonore ne provenant pas de l’extérieur, avec l’impression de tout entendre moins fort (moteur, radio, etc) ? Ce sont des signes de souffrance de l’oreille. Et si ce symptôme dure plus de 48 heures, il s’agit d’un traumatisme sonore aigu et d’une urgence thérapeutique. Plus précoce est la prise en charge et meilleures sont les chances de récupération.
Tout compte : l’intensité, la durée et la répétition de l’exposition. L’oreille s’abime déjà, petit à petit, par vieillissement naturel. Mais en cas de sur-stimulation, les cellules ciliées externes, spécialisées dans la réponse à une fréquence, peuvent voir leurs cils arrachés par la violence de leurs mouvements. Et, à l’heure actuelle, il n’est pas possible de réparer.
Des solutions
La solution la plus efficace est de limiter à la source. L’ingénieur du son soignera sa balance, un guitariste aimant les amplis furieux pourra s’offrir un atténuateur de puissance. On peut aussi augmenter la distance par rapport à la source. Sans oublier l’aménagement acoustique du local de répétition. Enfin, un bon principe est de prévoir des périodes de récupération (10 minutes) pendant les concerts, permettant aux mécanismes de réparation d’agir.
Pour les oreilles, diverses protections existent. Le casque "passif" est surtout efficace contre les hautes fréquences, mais déforme beaucoup le son. Des bouchons pré-moulés en mousse sont efficaces (réduction du bruit de 35 dB), s’adaptent facilement et sont jetables lorsqu’ils sont sales. Pour quelques dizaine d’euros la paire, viennent ensuite des modèles réutilisables avec des filtres acoustiques, doublés ou non de membranes. Le son, diminué de 15 à 25 dB, est alors proche du timbre naturel.
Il y a aussi les retours actifs (ear monitors), utilisés par les professionnels, et pouvant être équipés d’un embout standard ou moulés sur mesure. Mais comme pour les casques d’écoute, les niveaux délivrés peuvent être très élevés, et il faut trouver le juste réglage pour entendre sans préjudice pour l’oreille interne.
Enfin, un bon moyen de repérer une zone de risque : si on a besoin de crier pour s’entendre, il vaut mieux sortir.
Voir l’article : A bon entendeur... Prenez soin de votre capital audition
Ajouter un commentaire à l'article