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Une pétition pour sauver crèches privées et accueillantes autonomes

07/05/20
Une pétition pour sauver crèches privées et accueillantes autonomes

Les acteurs non-subventionnés de la petite enfance lancent un cri de détresse. Lourdement impactées par la crise du coronavirus, les crèches privées, les accueillantes autonomes ou conventionnées craignent de devoir mettre la clé sous le paillasson. Selon elles, les mesures de soutien sont insuffisantes pour garantir l’avenir de dizaines de structures. Pour défendre les intérêts du secteur non subventionné, la Fédération des Milieux d’accueil de la petite Enfance a lancé une pétition en ligne. L’initiative affiche déjà plus de 1.500 signatures au compteur !

« La réforme, la crise sanitaire, les attaques répétées, combien de fardeaux aurons-nous encore à porter ? », alerte la Fédération des Milieux d’accueil de la petite Enfance (FeMAPE), dans son texte accompagnant la pétition. « Il est déjà trop tard pour beaucoup de milieux d’accueil qui sont découragés, abattus par les vagues successives de la réforme et du coronavirus, frappant de plein fouet un secteur déjà en souffrance. Nous représentons plus de 30% de l’accueil, nous n’avons aucune prise sur les décisions qui nous concernent, ni même une écoute proportionnelle. »

La réalité économique frappe de plein fouet de nombreux milieux d’accueil de la petite enfance. Face aux pressions économiques mais aussi aux ruptures de contrat, de nombreux acteurs oscillent entre l’inquiétude et la colère. « Comment allons-nous nous relever de la crise sanitaire ? » Cette question hante actuellement l’esprit des directions mais aussi des travailleurs des crèches privées ainsi que des accueillantes autonomes ou conventionnées. L’incertitude face à l’avenir mine le secteur… Mais, pas question de rester les bras croisés. Afin de faire entendre la voix du secteur non subventionné, la Fédération des Milieux d’accueil de la petite Enfance a lancé une pétition sur la toile.

« Pour beaucoup, les indemnités reçues par la Fédération Wallonie-Bruxelles via l’ONE ne suffisent pas à combler toutes les charges. La plupart des milieux d’accueil n’ont pas droit aux aides régionales ou fédérales, certains même n’ont qu’un accès limité à la sécurité sociale », dénonce la FeMAPE. « L’aide que nous avons reçue représente un pourcentage très variable du montant minimum qui nous permettrait de couvrir les dépenses. Chaque milieu tente de s’en sortir tant bien que mal suivant : le statut du personnel, son statut juridique, s’il est propriétaire ou non… » Face à ces difficultés, l’incertitude quant à l’avenir de leur activité professionnelle est plus que présente chez de nombreux acteurs.

Des tensions qui ne datent pas d’hier…

Les milieux d’accueil sont en colère. Et cette colère ne date pas d’hier, n’est pas née en même temps que la propagation du Covid-19. Non, cela fait un bail que le torchon brûle entre les autorités et cette partie du secteur de la petite enfance. « Cela fait des années que les maisons d’enfants (crèches privées), les accueillant.e.s autonomes, les accueillant.e.s conventionné.e.s, etc. sont en colère contre le monde politique et l’ONE. Cela fait des années que nous sommes dénigré.e.s et mis.e.s à mal par les autorités (ONE et le politique), mais également par d’autres organisations qui se reconnaîtront », rappelle la FeMAPE. « Nos différentes rencontres sectorielles nous font penser que les autorités connaissent mal notre réalité de terrain et que cette connaissance se base sur des stéréotypes, des défaillances isolées voire des caricatures. La perception de notre secteur par les décideur.euse.s ne reflète en rien la qualité de notre travail et notre diversité. Nous avons clamé à plusieurs reprises notre besoin de recevoir une écoute spécifique, mais il semble aujourd’hui qu’il faille exploser pour espérer être entendu.e.s. »

Dans le texte de la pétition, la fédération pointe l’énorme travail effectué par le secteur et ce souvent pour un salaire inférieur au minimum légal (parfois même en-dessous du seuil de pauvreté) malgré un temps de travail qui oscille entre 45 et 65 heures par semaine. « Et pourtant, nous sommes continuellement accusé.e.s d’être d’avides commerçants qui font passer l’argent avant le bien-être des enfants... » Et de lancer à la ministre Bénédicte Linard, en charge de la Petite Enfance à la Fédération Wallonie-Bruxelles : « Que la Ministre vienne voir de près combien nous investissons chacun et chacune pour le bien-être des enfants au détriment de notre propre confort. Nous parlons d’investissements financiers, mais surtout de temps, d’énergie, d’amour et de passion. »

Et de conclure : « Dans cette crise, la Ministre pense probablement faire de son mieux, mais elle ne fait qu’accentuer la fracture entre les autorités et les travailleur.euse.s de terrain. Il est urgent et indispensable qu’une véritable écoute se mette en place, que les stéréotypes tenaces à notre encontre soient combattus. Jusque-là nous resterons en colère. »

La pétition lancée par la fédération a déjà récolté plus de 1.500 signatures. L’appel au soutien du secteur trouvera-t-il un écho dans les sphères politiques ? Seul l’avenir nous le dira.

E.V.

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