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Entreprendre socialement : une alternative au système économique actuel ?

07/07/14
Entreprendre socialement : une alternative au système économique actuel ?

L’entrepreneuriat social bouleverse le paysage des entreprises belges. Comme une réponse à l’ampleur des défis sociaux, économiques et environnementaux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, ce mode d’entreprendre cherche à construire une société à visage plus humain, avec au cœur du modèle : la non-lucrativité et le mieux-être des citoyens.

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Bien que le phénomène existe depuis plus longtemps, la pierre angulaire du foisonnement d’initiatives à caractère social remonte à 2006. Précisément, lors de l’attribution du prix Nobel de la paix à Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, la première institution de microcrédit au monde. Ce Nobel visait à récompenser les efforts de celui aujourd’hui surnommé le « banquier des pauvres » pour promouvoir le développement économique et social à partir de la base.

La crise économique a mis en lumière les excès du capitalisme

Visiblement, cela aura donné des idées à d’autres gestionnaires sensibles à un mode d’entreprendre plus éthique. Comme l’explique Frédéric Dufays, doctorant Fresh (FRS-FNRS) chez HEC-ULg, l’entrepreneuriat social ne cesse de faire parler de lui depuis une quinzaine d’années. «  Le contexte de crise économique n’est sans doute pas étranger à l’intérêt croissant que portent les autorités publiques et les médias à ces deux termes a priori antinomiques. En effet, combinant une activité économique avec une finalité sociale et/ou environnementale, l’entrepreneuriat social contribue au bien-être sociétal et apporte ainsi, selon certains, une forme de réponse au contexte de réduction budgétaire et de désengagement de l’État dans ces matières. Mais d’après l’Académie des Entrepreneurs Sociaux, il constitue avant tout une réponse à des besoins sociaux non rencontrés ou mal rencontrés par les institutions existantes. »

Pas de définition unanime de l’entrepreneuriat social

L’entrepreneuriat social est multiple et dépend beaucoup de la culture et du contexte du pays dans lequel il s’applique. Différentes écoles de pensée ont ainsi fait leur apparition. On distingue l’approche occidentale de celle orientale. Et rien que pour l’Occident, plusieurs conceptions coexistent.
En ce qui concerne le projet européen, un consortium de quinze centres de recherche s’est créé sous le nom d’EMES (Émergence des Entreprises Sociales) fin des années 90. «  Ces chercheurs définissent une série de critères sociaux, économiques et relatifs à la gouvernance qui caractérisent l’archétype de l’entreprise sociale. Ils voient dans l’entrepreneuriat social un processus qui vise à la réalisation d’une mission sociale grâce à une production économique continue liée à cette mission sociale. Ce processus est davantage collectif, intégrant différentes parties prenantes dans les structures décisionnelles » souligne Frédéric Dufays dans le Baromètre des Entreprises Sociales en Belgique.

La finalité sociétale comme fil rouge

Des points de consensus existent néanmoins entre les différentes conceptions quant à la définition d’entrepreneuriat social. Aussi, il s’agit d’un « processus qui cherche à rencontrer des besoins sociaux en exploitant des opportunités créatrices de valeur à travers la production de biens ou de services. » Selon le Baromètre des Entreprises Sociales en Belgique, la notion d’entreprise sociale vise à décrire la tentative de combiner une finalité sociétale prioritaire avec une dynamique d’entreprise et la poursuite d’une activité économique. Concrètement, dans le contexte belge, ces entreprises empruntent le plus souvent des formes juridiques telles que l’ASBL, la société à finalité sociale ou encore la société coopérative.

Ce que n’est pas l’entrepreneuriat social

Pou Frédéric Dufays, il s’agira de ne pas confondre ce concept avec celui de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) qui « vise à intégrer des objectifs sociétaux dans les entreprises capitalistes classiques » ou encore d’innovation sociale qui « se conçoit de façon plus large. En effet, si les deux processus tentent d’apporter de nouvelles solutions aux besoins sociétaux, l’innovation sociale n’est pas nécessairement orientée vers une activité économique. »

Entreprendre dans le but de créer un monde différent

L’intention et les motivations d’entreprendre socialement sont basées sur une envie d’avoir une influence sur le cours des choses dans la société, de résoudre un problème social ou sociétal dont on est proche et/ou de contribuer à son épanouissement personnel. Acteur de changement, l’entrepreneur social crée de la valeur pour la société en utilisant les outils du capitalisme et de l’entreprise privée classique.

Toutefois, selon Frédéric Dufays, une mise en garde s’impose : « si l’entrepreneuriat social paraît particulièrement attirant en contexte de crise et peut se présenter comme réponse à certains maux du capitalisme néo-libéral, il ne faudrait toutefois pas qu’il serve de prétexte complémentaire au désengagement de l’État par rapport aux défis sociétaux actuels : intégration sociale, environnement, etc. L’entrepreneuriat social ne peut se substituer à l’État, mais peut contribuer à une transition de notre modèle économique, politique et social pour un avenir plus durable. »

www.academie-es.be

Delphine Hotua

Lire aussi : Entrepreneuriat social : 1 emploi sur 10 en Belgique

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