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Apprendre à décoder le stress des patients

02/01/19
Apprendre à décoder le stress des patients

Et si cette notion de stress, fourre-tout très à la mode, nous empêchait de voir l’émotion qui le provoque ? Et si c’était l’histoire d’un arbre qui cache une forêt ?

Le stress est inévitable. A dose raisonnable, il est même un bon moteur motivationnel et améliore notre performance. Mais lorsqu’il devient intense, débordant, non géré, ses effets sont néfastes, tant pour notre corps que pour notre santé mentale. Le stress de nos patients, et la façon dont ils le perçoivent, doit donc évidemment retenir toute notre attention lors des séances. Il doit surtout faire l’objet d’un travail sensible lorsque ses effets deviennent délétères.

Un stress n’est pas l’autre

C’est surtout le « stressé » qui va donner la mesure de ce qui se vit, comme toujours. Derrière la notion de résilience se cache une foule de paramètres qui vont colorer le ressenti du patient face à la situation qu’il vit. L’estime de soi et l’assise psychique donneront ou non la croyance que l’adaptation est possible, que les stratégies de coping seront efficaces. Mais c’est surtout le sens, toujours subjectif et singulier, que le patient donne (ou pas ) à ce qu’il vit qui déterminera le plus sûrement l’impact de ces tensions internes.

Tout est dans le « trop » !

Le stress est la conséquence d’un trop plein d’émotions, pas les émotions en elles-mêmes. Les émotions sont des messagers très utiles pour donner la mesure de ce qui se vit. La notion de stress, elle, ne permet pas d’aider utilement nos patients si nous n’investiguons pas exactement les émotions qui le provoquent et leur intensité. La précision s’avère alors indispensable pour comprendre en profondeur ce qui cause ce raz-de-marée inconfortable, certes, mais toujours riche en informations. Observer, verbaliser et comprendre l’expérience émotionnelle à l’origine du stress est la balise par excellence.

Les émotions, nos alliées

Les émotions nous protègent. Elles entrainent toujours des réponses physiologiques, comportementales et cognitives. Nous tendons à ne voir, dans les émotions, que des soubresauts de l’esprit. Or elles affectent le sujet « corps et âme », rappelant à quel point nous sommes une totalité psychocorporelle. Les émotions, et leur mise en mots, sont des résonances indispensables pour mener à bien l’accompagnement thérapeutique lorsque le patient rapporte une situation de stress important.

Et quand elles gênent ?

Quand ces émotions gênent ? Leur importance est en effet majeure dans la notion de « bien-être subjectif ». Peut-on alors « se servir » de ses émotions, en utiliser la force sans se faire emporter ou dominer par elles ? Oui. Comment ? En les reconnaissant d’abord. Et puis par un certain apprentissage de leur gestion, que ce soit par la confrontation progressive à celles-ci, par la compréhension des fausses croyances qui peut-être les sous-tendent, mais surtout par l’entraînement aux techniques de méditation de type mindfullness (de pleine conscience), par le maintien de l’attention dans l’instant présent (sans juger, ni anticiper) et de l’observation « neutre » de ses états émotionnels.

Des émotions à leur juste place

Le développement de l’intelligence émotionnelle est donc ce qui est visé : apprendre au patient à alterner introspection émotionnelle et travail plus rationnel autour des ressentis perçus. Les émotions doivent être utilisées pour ce qu’elles sont : un magnifique signal d’alarme. Ensuite, par leur observation, leur mise en mots, il s’agit d’en faire des alliées pour permettre une élaboration plus consciente du message précieux qu’elles délivrent.

D.B., psychologue

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Commentaires - 1 message
  • Article intéressant qui reflète bien l'approche que j'utilise avec mes patients. Le stress, ou l'angoisse, masquent parfois l'émotion authentique qui donnera un signal clair : quel est mon besoin?

    Ana Evangelista mercredi 2 janvier 2019 09:22

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