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La formation en alternance, une vraie rencontre entre apprentissage et réalité des métiers

La formation en alternance, une vraie rencontre entre apprentissage et réalité des métiers

Lorsque j’ai suivi ma formation d’éducatrice spécialisée, j’ai opté pour la formation classique « cours et stages », dans une école réputée pour faire la part belle aux stages. Je pensais donc être bien outillée et surtout confrontée à la réalité du métier que j’avais choisi. À cette époque, il existait une formation en alternance, permettant de travailler et de n’aller à l’école qu’un jour par semaine, mais elle avait la réputation d’être surtout fréquentée par des professionnels aguerris venus valider leur expérience par un diplôme. Il faut dire que du haut de mes 19 ans, je ne m’y serais pas sentie à ma place. C’est bien dommage …

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Les stages, une préparation insuffisante…

En effet, force fut de constater que mes stages, bien que nombreux et de longues durées, ne m’ont pas préparée correctement à la réalité de mon métier. Et lorsque j’ai eu l’occasion d’échanger avec certains condisciples de l’époque, ce qu’il en est ressorti était globalement la même sensation.

Lorsqu’on y réfléchit, c’est bien normal : un stagiaire vient quelques jours par semaine, parfois à 4/5e temps, mais pour une période relativement courte, quelques mois tout au plus. Il est demandé aux organismes accueillants d’aider le stagiaire à approfondir les aspects pratiques de son métier, à affiner ses compétences.

Et pas forcément conforme avec la réalité de terrain

Dès lors, du moins dans les organismes accueillants soucieux de « bien faire », les aspects plus rébarbatifs du métier sont parfois mis de côté. Ou alors, il est demandé au stagiaire de mener à bien un projet en particulier, mais dans des conditions idéales, qui ne sont pas celles de la réalité de terrain. Logique, la personne est en formation, donc un professionnel en devenir que l’on accompagne sur son chemin. Sauf qu’au terme de sa formation, à « diplôme + 1 jour », il sera attendu de ce nouveau chercheur d’emploi qu’il puisse exercer tous les aspects de son métier en conditions réelles, ce à quoi il n’a pas forcément été confronté durant sa formation.

Atterrissage difficile dans la vie professionnelle

Et c’est là que le bât blesse. Dans le meilleur des cas, un écolage est prévu. Mais écoler coûte cher et cela se fait de moins en moins. Le nouveau travailleur, fraîchement diplômé, est donc souvent parachuté de but en blanc dans sa nouvelle fonction … D’autant plus s’il s’agit d’un remplacement, et donc de l’intégration d’une équipe déjà réduite, ou d’une prise de fonction dans un métier en pénurie. Alors forcément, les choses sont compliquées, d’autant plus s’agissant d’un jeune diplômé parfois convaincu que son apprentissage scolaire fait de lui l’égal en termes de compétences de ses collègues plus aguerris. De fait, si un regard neuf et « frais » ne fait jamais de tort à une équipe, du moins lorsque cette dernière, et surtout l’institution, sont prêts à l’accueillir, force est de constater que les études ne font pas le poids face à l’expérience.

Développer les formations en alternance

D’où ma réflexion sur le développement et le renforcement des formations en alternance. Celles qui font la part belle à l’expérience de terrain, la vraie. Celles où l’étudiant est engagé, a un contrat de travail, avec une rémunération certes plus faible car il reste en apprentissage, mais surtout ces formations où les apports théoriques sont concentrés toute l’année sur une ou deux journées, libérant le reste du temps pour la formation réelle au métier de terrain. De telles formations sont parfois décriées car jugées de moindre valeur au vu des contenus théoriques prétendument inférieurs, mais il n’en est rien. En effet, il est tout à fait possible de condenser les apports théoriques nécessaires en une ou deux journées et d’élaguer ce qui ne l’est pas … Et dans les formations générales, du non nécessaire, il y en a, et pas qu’un peu …

MF - travailleuse sociale

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