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Ces patients « difficiles » …

09/01/18
Ces patients « difficiles » ...

Ils malmènent le cadre en permanence. Ils remettent souvent en question l’utilité du suivi tout en réclamant toujours davantage de séances. Ils sont tantôt collaborants et tantôt quasiment muets. Ou alors ils n’arrivent jamais à nous quitter à l’issue de la rencontre. Ils peuvent être agressifs ou arrogants. Bref, ils nous malmènent. Que faire de ces patients « difficiles » ?

La plupart des thérapeutes ont déjà été confrontés à des patients dits « difficiles ». Ils attaquent régulièrement le cadre, mettent parfois nos compétences en doute, changent sans cesse les rendez-vous, arrivent en retard ou en avance, menacent régulièrement de rompre le fil des séances, mais reviennent toujours. La fatigue, l’irritabilité, et toutes sortes de sentiments négatifs peuvent alors gêner le suivi. Avec, possiblement, des conséquences sur la qualité de l’accompagnement.

C’est quoi un patient difficile ?

Ces patients sont vus comme épuisants. Ils nous déstabilisent, nous malmènent ou nous irritent. Leur attitude en séance peut parfois s’avérer stressante voire franchement déplaisante. Quant à eux, ils se montreront tour à tour dubitatifs, exigeants, agressifs ou apathiques. Le suivi ressemble alors à un cheminement incertain sur un sol aride, dans lequel à la fois patient et thérapeute peuvent se perdre ou, au pire, se perdre de vue l’un l’autre.

Pour qui ?

Bien sûr, ce ressenti est éminemment subjectif. Tel patient suscitera chez l’un ce torrent négatif alors que, chez l’autre, ce sera l’empathie et la curiosité clinique qui prédomineront. La résonance émotionnelle sera donc à analyser de toute urgence afin de faire la part des choses entre ce qui revient au patient et ce qui se relie davantage à une sensibilité particulière chez le thérapeute. Sans ce travail essentiel d’analyse, aucune ouverture n’est possible.

Un patient ou une situation difficile ?

Finalement, ce n’est pas le contexte clinique ou la situation particulière du patient qui va engendrer ce ressenti d’être face à un patient « difficile ». On le sait, des configurations de vie complexes ou des souffrances difficiles à mettre au travail n’engendreront pas forcément ce sentiment négatif, au contraire. C’est plutôt le sentiment que cette énergie qu’ils nous prennent l’est de façon illégitime, voilée, sournoise ou en tout cas adressée. Ce sentiment peut alors nous mettre sur un chemin thérapeutique en forme de cul de sac.

Le suivi est-il de même qualité ?

Et c’est là que le bât blesse. Le risque, lorsque l’irritation n’est plus gérée, analysée, contenue, c’est que la qualité du suivi s’en trouve altérée. Le raisonnement clinique, l’analyse des éléments diagnostics et la justesse des éventuelles interprétations vont être gênés, voire entravés ou sérieusement perturbés par le ressenti du thérapeute face à l’attitude de son patient. En effet, les réactions émotionnelles qui vont alors affecter le thérapeute ne lui permettront plus de s’appuyer sur la neutralité bienveillante pourtant indispensable dans son écoute.

Comment gérer ce type de patients ?

Dans ce cas précis, le cadre sera une aide précieuse. La formation, la supervision et l’intervision seront également indispensables pour mettre au travail ces situations cliniques difficiles. Ces temps de recul, d’analyse, de mise en mots d’un ressenti pas toujours facile à admettre pourront changer bien des choses dans l’appréhension de ce qui se joue et dans la façon de poursuivre l’accompagnement. D’autant plus que ces éléments restent avant tout des signes cliniques dont la portée ne peut pas être gommée, effacée par ce qu’ils provoquent chez nous.

Avec humilité

Il n’en reste pas moins que, avant tout, c’est bien l’accueil du patient dans toute sa symptomatologie et dans toute sa singularité qui doit primer. Et donc, le cas échéant, il s’agira de passer la main, par respect pour celui qui nous a adressé, en toute confiance, sa souffrance et son désarroi.

DB, psychologue

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