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Décloisonnons les secteurs

10/11/17
Décloisonnons les secteurs

Chaque secteur a ses spécificités. Au sein de ceux-ci les associations ont leurs cadres particuliers et des mandats très différents. Parfois ces différences deviennent des freins à la collaboration.

De nombreux secteurs sont cloisonnés (le médical, le psy, le pédagogique, le socioculturel, etc.). Il en va de même pour les sous secteurs. Chacun doit être identifiable et développer ses domaines d’expertises sans se couper des autres secteurs. De fait, il n’existe personne qui ait un rapport exclusif avec un secteur. Les jeunes, par exemple, sont souvent pris dans des questions liées à la justice, la famille, l’enseignement, etc. Avant même de parler de mise en réseau, il faut peut-être parler de décloisonnement.

Entre discrétion et utilité

Une des premières raisons de ce cloisonnement est la tension entre l’obligation de discrétion et la plus-value d’un échange entre travailleurs. Même sans parler d’échanges d’informations, évoquer une collaboration avec une personne peut suffire à fragiliser le lien de confiance, voire à commettre une faute.Le simple fait de dire « Je le connais » peut avoir des conséquences pour la personne concernée (c’est très vrai dans les domaines de la santé mentale ou de la justice par exemple). Il faut donc réfléchir conjointement à des manières d’échanger qui ne soient pas déontologiquement ou légalement répréhensibles.

« Nous n’avons pas les mêmes valeurs »

Bien qu’il existe des incompatibilités entre certaines associations, services et ASBL, les barrières sont souvent dues à des préjugés ou à une méconnaissance dans le chef des travailleurs. Pire, les freins peuvent être l’héritage de querelles institutionnelles ou politiques. Cela nous amène à faire porter aux travailleurs notre représentation de leur institution. De plus, chaque intervenant a une tendance à croire qu’il agit pour le bien des personnes et que sa méthode est la meilleure. Il est souvent plus difficile de se remettre en question que de questionner l’autre.

Collaborations saines

Collaborer ne signifie pas échanger sans cadre et sans limite. Même si les ASBL sont proches, ont les mêmes valeurs ou les mêmes finalités, ce n’est pas une raison suffisante pour partager des informations. Bien qu’il soit couramment admit et mis en pratique, le « secret professionnel partagé » n’a pas de cadre légal. Néanmoins, il est important que chaque professionnel puisse faire comprendre ses missions et ses limites aux autres intervenants sans craindre le désaccord. Il faut donc multiplier les lieux de rencontre et d’information concernant les rôles de chacun.

Et les premiers concernés ?

Le plus gros problème est d’oublier l’intérêt des personnes et que leur avis prime.Ce qui nous amène à une autre tension récurrente : la volonté des individus face aux besoins identifiés par les travailleurs. Il faut communiquer de manière transparente aux yeux du public et ne jamais présupposer de ce qui est bien pour lui ou tout du moins ne pas lui imposer. Il est trop rare de voir une équipe questionner directement la personne concernée et lui faire part des possibilités.

Quelles perspectives ?

Au-delà des constats, certaines perspectives peuvent être envisagées. Une première piste pourrait être de penser des espaces pour parler de nos institutions, de nos missions et de nos cadres. Cela nous permettrait de nous connaître les uns les autres et de diminuer les représentations erronées. Selon les liens qui se font, nous pourrions ensuite mettre en débat les points de tension et de désaccord. Ce faisant,nous saurions où se situent les limites des autres et donc jusqu’où nous pouvons aller avec telle ou telle association. Enfin, il resterait à impliquer les personnes concernées aux discussions, savoir ce qu’elles acceptent comme échanges et les amener à venir déposer elles-mêmes certaines questions/problématiques. Ce ne sont bien sûr que des exemples, il existe déjà des dispositifs de rencontres, mais ceux-ci sont bien souvent organisés localement ou adressés à un sous-secteur défini. Pour autant, cette logique ne semble pas être systématique.

Perceval Carteron, éducateur.

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