Hôpital pédopsychiatrique, maximum 3 ans... et après ?

Les enfants souffrant de troubles envahissant du développement ou de troubles pédopsychiatriques nécessitent des soins spécifiques. Ce traitement se construit dans certaines situations autour d’une hospitalisation en hôpital pédopsychiatrique. Or, dans ces lieux de soins, on y passe, on n’y reste pas.
Les séjours en hôpital pédopsychiatrique sont très onéreux. Ceux-ci sont donc subventionnés par l’INAMI. Malheureusement, la durée de séjour dans ces lieux de soins est limitée à 3 ans. Après ces 3 années, il faut changer de structure. Cette politique de soins vise à répondre à un risque d’institutionnalisation des patients, mais elle ne répond pas nécessairement aux besoins spécifiques des enfants ou des adolescents accueillis par l’institut pédopsychiatrique.
Liste d’attente, durée d’attente minimum un an
En Belgique, il n’est pas bon de devoir bénéficier d’une structure de soins pédopsychiatriques. Trouver un lieu de soins relève du parcours du combattant pour les parents et leur enfant, ainsi que pour les professionnels qui les accompagnent. Les temps d’attente sont souvent compris entre une à deux années, selon les institutions. Dans cet entre-deux, les structures ambulatoires bricolent des solutions. Mais malgré toute leur bonne volonté, elles peinent à répondre aux besoins de l’enfant et de ses parents, aux prises avec une souffrance grandissante.
Durée de séjour maximum 3 ans
Mais la bataille ne s’arrête pas là car une fois le saint Graal atteint, le répit ne sera que de 3 ans. Si pour certaines situations, ce séjour de 3 ans répond amplement aux besoins de l’enfant ou du jeune hospitalisé, pour d’autres, ce temps d’hospitalisation est bien trop court. Ce changement n’est pas aisé et ce d’autant plus que le patient a besoin de continuité, de stabilité, de pérennité. Les changements sont très difficilement vécus par certains enfants pour qui la constance, la permanence sont les bases essentielles de leur bien-être.
Éviter la saturation et l’institutionnalisation ?
Cette législation de durée de séjour de 3 ans, mise en place par l’INAMI, vise à éviter l’institutionnalisation des patients et la saturation des lieux de soins. Malheureusement, elle n’évite ni l’une ni l’autre. Les listes d’attente sont longues. En outre, lorsqu’un patient doit bénéficier de soins spécifiques, il n’est pas question de les lui supprimer après 3 ans de traitement.
Maltraitance ou Bientraitance ?
Alors que la constance, la continuité des soins, la permanence sont prônées par les soins institutionnels, le cadre de soins imposé par l’INAMI n’apporte pas cela au-delà de 3 ans. Après ces 3 années, il faudra investir un autre lieu, d’autres soignants, un cadre distinct. Il faudra accepter de se séparer, de poursuivre le travail ailleurs, de redémarrer une nouvelle histoire. Le patient et sa famille devront à nouveau raconter leur parcours et leur histoire. Pour maintenir une bientraitance des patients, le carcan des 3 années pose quelque peu question.
Absence de relais
A la sortie des institutions psychiatriques, le manque de relais est également criant. Trouver une place en SRJ (Service Résidentiel pour Jeunes) , en enseignement spécialisé constitue à nouveau des démarches complexes et nécessite une bonne anticipation dans les demandes d’admission. Le projet de sortie doit impérativement être pensé bien à l’avance. A désinstitutionnaliser, à fermer des lits au profit de l’ambulatoire, nous finissons par manquer cruellement de structures capables de répondre aux besoins spécifiques de certains jeunes !
V.B, psychologue clinicienne
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