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Chronique d'un psy : l'art de poser un lapin thérapeutique

07/03/17
Chronique d'un psy : l'art de poser un lapin thérapeutique

Le psychologue est-il vénal ? Telle est la question épineuse à laquelle je vais tenter de répondre en partant d’une interrogation : que fait-on des rendez-vous manqués ?

Cette semaine, j’ai reçu un coup de fil impromptu : mon patient de seize heures voudrait annuler son rendez-vous. Quel est le problème me direz-vous ? Aucun, si ce n’est que notre entretien a lieu dans dix minutes. Ayant coutume de ce genre de maladresse, je lui propose un autre créneau horaire qu’il accepte plus que volontiers en s’excusant au moins dix fois pour l’ignoble lapin qu’il me pose. On aurait pu en rester là, mais cet honnête homme m’a énoncé quelque chose qui, tel un tube de Patrick Sébastien, n’arrête pas de me trotter dans la tête : « Combien je vous dois pour cette séance ? »

Je lui ai dit poliment que c’était sensible de sa part de me rémunérer pour quelque chose que je n’avais pas presté, mais que malheureusement, mon intégrité faisait que je ne pouvais décemment accepter aucune somme d’argent. « Ah, c’est bizarre, mon ancien psy, lui, il me faisait payer, il disait que c’était thérapeutique ».

Thérapeutique ? J’ai beau être ouvert d’esprit, je lui ai renvoyé d’une manière suffisamment claire que j’avais vraiment du mal à entrevoir le lien entre son mieux-être et le fait de louper son rendez-vous chez son ancien psy, sauf si on part du principe que celui-ci était vraiment mauvais… Mon adorable patient en a donc profité pour me déballer toutes les bizarreries de mon confrère, à savoir : la psychorigidité du rendez-vous une fois par semaine, toujours à la même heure, dans le même fauteuil, à ressasser la même chose.

Bref, en raccrochant mon téléphone, je n’ai pu m’empêcher de tourner en rond dans mon cabinet… Quel est le but de faire payer le patient quand il ne vient pas ? Je ne dis pas que cela ne me fait pas un pincement lorsqu’un patient annule, mais finalement, s’il ne se trouve pas en face de moi, c’est qu’il a de bonnes raisons, non ? J’entends déjà les dires de certains de mes collègues qui me hérissent fâcheusement le poil avec un argumentaire de type : « Oui, mais faut qu’ils apprennent l’importance de ces rendez-vous, c’est une manière de les discipliner ». Discipliner le patient ? N’avez-vous pas l’impression que l’on confond le cabinet du psy avec un zoo où le patient est un animal qu’il faut dresser ? Dresser pour quoi finalement ? Pour enrichir le psy ? Je vois déjà s’offusquer certains d’entre nous. L’argent ? On ne discute pas de ces choses-là, Monsieur, surtout lorsqu’on demande 70 euros pour quarante-cinq minutes…

Admettons, si on rentre dans cette logique où tout rendez-vous est dû. Je peux comprendre que chaque psychologue a sa propre manière de faire, de travailler, de vivre et donc de planifier ses rendez-vous. Je peux également entrevoir que le poids des années et la compétence font que l’on puisse augmenter ses honoraires. J’ai du mal, mais j’essaye péniblement d’envisager cette saugrenue manie de faire payer son patient quand il ne vient pas mais en contrepartie, j’exige un peu de cohérence. Par exemple, on fait quoi pour les vacances ? Quand mon confrère va se dorer la croûte trois semaines à St Barth ou va dévaler les pentes à Courchevel, peut-il juste timidement annoncer qu’il est en repos, ou doit-on pousser la rhétorique à fond et lui demander de rembourser son patient pour le rendez-vous manqué ? Absurde, dira-t-on. Oui, tout autant que de payer votre boucher pour la viande que vous n’avez pas eue ou d’exiger une rétribution parce que votre patient préfère investir sa vie plutôt que votre salle d’attente.

En conclusion, cette semaine, je me pose la question du sens que l’on met derrière le mot thérapeutique. Je ne suis pas contre le principe de la thérapie du portefeuille, pour autant que cela soit annoncé clairement et que les deux parties soient consentantes. Néanmoins, je renverrais aux psychologues concernés que pour ma part, on n’est riche que du temps que l’on s’accorde et que ma consultation est suffisamment pleine pour que je puisse, non sans un léger pincement de culpabilité, pousser un soupir de soulagement lorsqu’un patient annule en dernière minute. En effet, cela me laisse le temps de penser, vivre, rigoler et d’éventuellement écrire ma chronique…

T. Persons

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Commentaires - 12 messages
  • Cher Monsieur,

    En quoi votre chronique apporte une information qui intéresse les professionnels? Elle sert juste Í  rajouter de la polémique et Í  encombrer la toile d'informations non-pertinentes. Je trouve désastreux de la part d'un psy d'utiliser un confère pour critiquer une pratique que manifestement, vous ne maîtrisez pas (et votre collègue non plus d'ailleurs). Etre psy, c'est construire avec le patient un cadre de travail dans lequel il peut se livrer. C'est un temps qui est mis Í  sa disposition et qui nécessite une clarification quand Í  la mise en place d'un cadre suffisamment stable pour lui. Que chaque psy ait sa propre souplesse est une évidence, que son cadre soit partagé avec le patient aussi! Et que vous utilisiez la critique non-fondée d'une pratique que vous ne connaissez pas est juste indécent!

    MarieSalomé mardi 7 mars 2017 10:29
  • Je suis entièrement d'accord avec MarieSalomé, cette chronique est inutile... Quel intérêt? Vos pensées ne m'intéressent pas, surtout si c'est pour n'aboutir sur rien!

    Les psychanalystes - oui on sait très bien que c'est d'eux dont on parle! - ont leur façon de faire... Et même dans les psychanalystes chacun a sa façon de faire. Ben oui, et quoi? Mes chez les TCCistes, ou les systémiciens ou n'importe, chacun fait comme il le sent. Du moment que c'est réfléchis et que c'est clair pour le patient, quel problème?

    Je pensais que cet article m'indiquerait quelle est la législation par rapport Í  ce point qui, en effet, est épineux...Je suis déçue!

    Ninon2222 mardi 7 mars 2017 11:29
  • Article absurde sans aucun fondement théorique sur la mise en place du cadre, le socle de "notre" pratique. Ces références au cadre nesont sans doute pas partagé par tous le monde, ce que j'accepte,mais il faudrait alors un autre article qui suit et qui expliquerait une autre façon de penser la clinique.

    Cedric07 mardi 7 mars 2017 12:28
  • Je me questionne réellement sur l'intérêt de publier ce genre d' "opinion" sur le guide social. Sous prétexte de "questionner" une pratique, nous voilÍ  dans une pratique de démolition orientée et propagandiste. D'un niveau de réflexion, nuance et pertinence affligeantes.
    Chiara AQUINO psychologue, psychothérapeute.

    Chiara Aquino mardi 7 mars 2017 12:27
  • Monsieur,
    Je suis triste de voir que vous consacrez votre temps libre Í  rédiger un article pareil sur le guide social. Surtout que j'ai perdu mon temps Í  moi Í  le lire. Je ne vais pas vous faire l'offense de vous expliquer ce que vous pourriez savoir ou apprendre des pratiques thérapeutiques en lisant la littérature mais je condamne le procès d'intention vulgaire et démagogue que vous avez fait ici.
    Mais je vous laisse Í  vos pensées, rires et autres choses plus utiles...

    A. Taylor mardi 7 mars 2017 12:44
  • Je ne comprends pas pourquoi vous réagissez aussi négativement Í  cet article... si ça ne vous plaît pas... passer votre chemin! La toile est pleine de possibilités.
    J'ai personnellement trouvé cet article drôle et juste. Merci pour ce petit moment de détente ;)

    Juste.MoA mardi 7 mars 2017 13:11
  • Bonjour,
    l'article est critiqué, Juste.MoA , pas pour sa forme.

    En effet il est drôle, le ton est juste et l'auteur nous partage une tranche de vie de psy, ce qui est intéressant!

    En revanche le fond est tendancieux et peut semer la confusion dans le chef des clients/patients potentiels d'un service psy.
    Quel est le sens de faire payer ou pas une séance décommandée Í  la dernière minute? Ceci appartient au cadre et au contrat thérapeutique négocié avec le client Í  la première séance.
    Si mon thérapeute fait payer c'est un vénal, méchant, s'il ne fait pas payer il est gentil, altruiste? Un peu simpliste, non?

    Vaste débat, l'article a eu le mérite de soulever la question.
    Belle journée Í  tous!

    Ana Evangelista mercredi 8 mars 2017 07:25
  • Cher monsieur,
    Dans votre cas clinique, avez-vous entendu le malaise de votre patient qui voulait peut-être vous payer ? Parfois, il est bon qu'un patient puisse payer une séance manquée pour se sentir Í  l'aise avec le fait de ne pas vouloir y aller. Cela, c'est la clinique de tous les jours qui nous l'enseigne. Je vous suggère donc d'approfondir la question de la dette et du sens du payement en thérapie. La seule règle en travail clinique, c'est qu'il y n'y a pas de règle unique Í  appliquer. Il faut s'adapter Í  chaque situation. Pour cette raison, pour certains patients, il est préférable de faire payer et pour d'autres non. Tout dépend, entre autres, du moment dans le travail, du sens du payement, de la relation ou transfert, de la structure de personnalité avec laquelle on travaille (la sienne comme celle du patient, dirais-je avec sourire...). D'où l'importance aussi d'avoir fait un chemin thérapeutique soi-même et avoir travaillé ces questions touchant au payement. Elles sont vastes, en voici un petit panel : qu'est-ce que l'argent dans l'histoire et l'économie psychique de quelqu'un, en quoi cela impacte-t-il le travail, est-ce que payer son psy n'est qu'un acte commercial, l'argent n'est-il qu'un bout de papier ou peut-il représenter autre chose pour le patient, etc ? Je pense que traiter ces questions de manière approfondie permet de travailler cliniquement une annulation : cela évite donc que le ''psy'' pose un ''lapin thérapeutique'', Í  son patient : c'est-Í -dire louper un rendez-vous où le patient nous fait entendre autre chose que ce qu'il énonce.
    Autre chose, donner un rendez-vous régulier Í  son patient peut être très sécurisant pour lui ! Avec plus d'expérience, vous verrez qu'il est aussi bon de faire preuve de nuances sur ce sujet. Cela évite aussi cette ''psychorigidité'' que vous évoquez.
    En fait, il semblerait intéressant que vous mettiez au travail tout ce qui touche au cadre de travail autour de la relation thérapeutique. C'est indispensable pour tout travail clinique.
    Maintenant, comme d'autres, je me demande si ce texte, public, engage une ligne éditoriale du Guide Social : donner des conseils engagés sur la manière de travailler en psychothérapie. Est-ce un choix ? Est-ce le bon endroit ? Comme de jeunes cliniciens lisent ces articles, il serait bon qu'on leur montre les nuances du métier plutôt qu'un ''il faut'' ou ''il ne faut pas''. Une thérapie bien menée est saupoudrée de finesses et de nuances.

    cedricboussart mercredi 8 mars 2017 12:19
  • La différence essentielle c'est que, quand votre collègue part 3 semaines se dorer la pilule Í  Saint Barth, il ne prévient pas - j'imagine - ses patients 10 minutes avant leur rendez-vous... Personnellement, je pratique les TCC donc rien Í  voir avec la rigidité d'un cadre de psychanalyse mais j'informe en effet mes patients de la règle que la séance est due s'il ne l'ont pas annulée 24 heures Í  l'avance (évidemment pas s'ils m'appellent en pleurs parce qu'ils viennent de se faire cambrioler, d'avoir un accident de voiture, sont au fond de leur lit avec 40 de fièvre... Mais sans raison valable, oui !). Je ne fais pas cela parce que je pense que ce soit thérapeutique, je fais ça parce que les "no-show" deviennent un problème dramatique dans toutes les structures de soins, que ce soit le service d'ophtalmologie d'un hôpital ou le cabinet privé d'un kinésithérapeute. Ce n'est pas destiné Í  être psychothérapeutique (sinon pourquoi les ophtalmos feraient de même ?), c'est une question de respect de chacun, de moi-même et des autres patients qui n'ont pas pu bénéficier de cette plage horaire, bloquée pour rien par un patient égoͯste. Cela permet aussi d'accélérer l'abandon de la thérapie par les personnes qui finalement ne sont pas du tout motivées Í  initier une réflexion ou un changement. Si vous allez au restaurant et que vous commandez un plat, il n'est pas question de changer d'avis au moment où on vous l'apporte Í  table, vous l'avez demandé, vous l'avez laissé préparer, vous avez attendu le dernier moment, il vous faudra le payer ! Et c'est tout Í  fait normal car l'autre partie y aura perdu des ingrédients, du temps et de l'énergie, même si au final vous décidez de ne pas manger votre plat !

    Keram135 vendredi 5 mai 2017 17:59
  • L'enterrement de mon frère ayait lieu au moment de la consultation prévue, la psy réclame néanmoins le montant de la consultation alors qu'elle avait été prévenu deux jours avant. Est-ce normal?

    papouf1950 vendredi 14 mai 2021 12:13
  • bonjour à tous
    je ne comprends pas ce manque de tolerance,
    oui nous sommes tous confronté à des imprévus,
    la communauté des psy ce révèle intolérante et se sent en dehors de situations qui peut arriver à tous le monde, en effet si cela se reproduit trop souvent on doit mettre le cadre au clair avec la personne
    merci pour cet article que je trouve drole et pertinent à propos du quotidien des psy

    rymenchante lundi 12 juillet 2021 12:59
  • Petite réaction très pragmatique et que je souhaite constructive à cet article qui a l'intérêt d'aborder un aspect important de notre travail: Que faire lors d'une annulation de dernière minute, ou mieux encore, d'un vrai lapin (la séance n'a même pas été annulée).

    Première chose: il ne s'agit pas que des psy ! Les dentistes, kiné, autres professionnels de la santé affichent également ce même avertissement dans leurs salles d'attente: tout rdv non annulé par exemple 24h à l'avance sera considéré comme dû.

    Deuxième remarque très pragmatique: il s'agit en effet comme le soulignent d'autres intervenants avant moi du cadre et du travail d'indépendant, ainsi que de mes autres patients. Je m'explique.

    Et c'est très simple: j'ai un agenda bien chargé, et des patients parfois sur liste d'attente. Je me déplace parfois par exemple à 14h vers mon bureau pour démarrer mes consultations de l'après-midi. J'y suis (dans mon bureau) et la personne ne vient pas. Et je suis là à consacrer une heure à l'attendre. La séance est donc due.

    Soyons très vulgaires. Vous appelez un taxi, et quand il est à votre porte, vous lui dites "non, finalement, je prends mon vélo". Serait-il normal de ne pas payer sa course ?

    Deuxième chose, une autre patiente en détresse me demandait un rdv rapide que j'aurais donc pu lui céder durant cette heure "lapin".

    Mes patients comprennent parfaitement ces explications simples et claires qui insistent toujours sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une punition, que je ne suis pas fâché, mais que si on m'oublie ou qu'on me prévient à la dernière minute, c'est dû.

    Et quel message fait-on passer à l'inverse ? Vous pouvez ne pas venir, c'est pas grave, surtout n'hésitez pas ?

    Je regrette aussi, comme toujours, la composante désinhibée voire agressive de certains messages et commentaires.

    Bien à vous tous !

    Jérôme Vermeulen
    Psychologue clinicien

    Jérôme VERMEULEN mardi 14 septembre 2021 12:21

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