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Bulletin social : Comme un air d'avant-guerre

06/10/17
Bulletin social : Comme un air d'avant-guerre

A découvrir dans le bulletin social de cette semaine : un questionnement profond, une ode à la météo belge, des souvenirs nauséabonds, mais surtout beaucoup d’amour !

Pire que le bruit des bottes : le silence des pantoufles M. Frisch (1958)

Alors que l’automne vient précipitamment frapper à la porte de mes envies de chaleur, je dois bien vous avouer qu’un problème majeur m’empêche de trouver vaillamment le repos. Etant donné que mon opulente générosité m’affecte au point de devoir partager le moindre de mes tracas avec le monde entier, je tiens donc à vous faire part du tourment qui rythme mes pensées, à savoir : comment survivre ces prochains mois à une météo inhospitalière ?

Il faut dire, j’en discutais âprement avec un de mes amis de toujours qui, pour d’insondables raisons, a la particularité de ne pas être de nationalité belge, mais vivant depuis suffisamment de temps dans nos contrées pour savoir faire la différence entre deux bières d’abbayes, fussent-elles produites par le même moine. Lui qui, par vanité certainement, a préféré les odeurs graisseuses des kermesses de la foire du Midi au pittoresque charmant des favélas brésiliennes, me renvoya dans un relent de foi catholique exacerbée : « Bordel, mais qu’est-ce que vous avez fait, vous les belges, au bon Dieu pour avoir un temps aussi pourri ? »

A priori, pas grand chose. C’est vrai… Les belges sont plutôt sympathiques, tolérants, ouverts d’esprits, voire même super accueillants dans leur genre... Même si, je vous l’accorde, on est loin du traitement que prodiguait le Vatican d’antan lorsqu’il s’agissait d’offrir gracieusement le gîte et le couvert à de pauvres militaires nazis traqués par le monde entier, mais globalement, j’ai l’impression que la Belgique n’a pas à rougir ! En effet, lorsqu’il s’agit de recevoir des êtres humains aux coutumes étrangères, on arrive à s’adapter, à négocier et à faire en sorte que chacun s’y retrouve…

Vous en doutez ? Regardez notre gouvernement ! N’avons-nous pas un secrétaire d’état à l’asile et à la migration des plus hospitalier ? Alors que la plupart des pays qui se disent démocratisés refusent d’ouvrir poliment leur portes, lui, humaniste dans l’âme et mu par un désir profond de traitement équitable, accepte noblement et courageusement de « collaborer » avec une délégation soudanaise au mépris des qu’en dira-t-on.

Enfin, un homme de terrain qui se fiche des clichés partagés allègrement par une poignée de jeunes bouffeurs de graines bio qui pensent qu’il n’est pas très honorable de négocier ferme avec les services secrets d’un régime dictatorial des plus abjectes. Balivernes… Comme disait l’autre, une dictature, c’est quand les gens sont communistes, qu’ils ont froid, avec des chapeaux gris et des chaussures à fermeture éclair !

On ne va pas se mentir, même s’il prône une ferveur et un engouement d’une efficacité extrême qui n’est pas sans rappeler une célèbre machinerie d’avant-guerre, ne va-t-on pas trop loin ? Sous son costume de ministre, n’y a-t-il pas un cœur avec une toute petite moustache qui bat et qui, en dehors de « nettoyer » les gares de Bruxelles, aimerait pouvoir souffler et en finir avec toutes ces anxiétés, ces insomnies et cette peur d’être débusqué, mis en cage ou cloué au pilori de la presse le taxant de nazi ?

Honte à vous ! Tous ces bien-pensants qui, sans relâche, vont saper l’autorité de notre ministre alors qu’il ne demande qu’une seule chose : que chaque migrant ayant foulé le territoire belge puisse, par tous les moyens dont l’Etat dispose, retrouver l’amour de son pays, de sa culture, en le rempotant dans son pays d’origine tout en lui offrant gracieusement le voyage en avion. Donc, amies et amis, je vous demanderais de la clémence pour notre cher et tendre ministre qui, à force de voir l’opinion publique se ruer sur lui, doit certainement se sentir comme un étranger dans son propre pays…

Bref, je ne sais toujours pas pourquoi la Belgique doit subir un temps à reporter au lendemain les mises à mort mais j’aimerais postuler une hypothèse : peut-on imaginer que l’on pourra boire de la Triple Westmalle au mois de novembre en terrasse à Blankenberge le jour où l’on aura également la chance de pouvoir parler de migration en Belgique sans baisser honteusement la tête ?

A cette fin, je vous propose, Monsieur le ministre, pour le bien-être de notre population neurasthénique de collaborer sainement : venez du côté des vrais humanistes ! Et je vous le promets solennellement, les gens arrêteront de vous affubler de costumes dégueulasses le jour où la politique d’asile que vous tentez de mener cessera d’y rendre ignoblement hommage.

T. Persons

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