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La réalité de l'agent d'insertion

15/09/17
La réalité de l'agent d'insertion

Travailler comme assistant social en CPAS peut prendre différentes formes. L’agent d’insertion fait partie intégrante du panorama de l’institution et est de plus en plus sollicité. Le travailleur social endosse alors sa cape de « coach à l’embauche », avec comme mission d’accompagner les plus démunis dans le chemin de la réinsertion sociale et surtout professionnelle.

L’agent d’insertion sociale et professionnelle en CPAS est un assistant social de formation. Son travail est d’aider l’usager à faire émerger ses capacités et ses attentes afin de l’accompagner dans un projet visant à sa remise à l’emploi Ainsi, dans cet objectif, l’assistant social « propose » aux bénéficiaires un accompagnement et une aide adaptée. Cependant, le champ de l’insertion socioprofessionnelle est soumis par la hiérarchie à des exigences fortes en matière de résultats attendus. Un des enjeux pour l’institution étant, en effet, de voir diminuer le nombre de bénéficiaires du RI.

L’insertion professionnelle passe parfois par l’insertion sociale

L’octroi du RI est soumis à certaines conditions, dont celle pour l’usager d’être disposé à travailler. C’est dans ce contexte et au vu de l’explosion du nombre de RI que les services de réinsertion socioprofessionnelle ont vu le jour. Le contrat PIIS est un des outils obligatoires dont dispose l’assistant social pour mener à bien sa mission. Le public rencontré est constitué d’usagers à la limite de l’exclusion sans repères ni projet. Dans ce contexte, la remise à l’emploi est utopique. En effet, comment s’assurer que la personne va aller travailler quand plus aucun rythme ne ponctue sa journée ? Un travail d’insertion sociale d’accompagnement est alors indispensable. Pour ce faire, la collaboration avec les SIS (service d’insertion sociale) peut se révéler être un véritable levier

La remise à l’emploi : un marchepied vers l’autonomie

C’est à l’agent d’insertion qu’il convient d’évaluer si le bénéficiaire est prêt pour l’emploi. Ce départ dans le monde du travail peut se faire via l’article 60 ou le CPAS engage lui-même la personne ou via la collaboration avec un employeur. Cependant, malgré le travail de motivation, de préparation effectué par l’assistant social avec l’usager, les faux départs sont fréquents et souvent perçus de manière négative par l’institution. Une démotivation peut être alors ressentie par l’assistant social. Tant d’énergie déjà fournie pour si peu de résultats et de reconnaissance !

Les freins vécus par l’agent d’insertion

Dans son travail d’accompagnement, l’agent d’insertion va devoir se heurter à diverses difficultés. Le salaire peu attractif, le caractère limité du contrat en font partie. En effet, la remise à l’emploi est toujours et uniquement effectuée le temps nécessaire pour la personne de retrouver son droit au chômage. Peu importe les compétences professionnelles ou l’investissement dans le travail, le CPAS est une étape pour se remettre d’aplomb dont il ne faut pas abuser.

Le poids de l’évaluation

Tout au long du processus, l’agent d’insertion sera amené, via le contrat PIIS, à examiner le parcours de réinsertion de l’usager. Outre le formalisme et la paperasserie inhérents à la structure de l’institution, ces moments peuvent être des moments clé pour le travailleur social afin de clarifier et remettre en question ses outils et méthodes utilisés. Cependant, pour l’institution, l’évaluation se fera parfois trop souvent et trop vite en termes de chiffres et de résultats. Dans ce contexte, l’assistant social peut se sentir très rapidement sous pression lorsque le « retour sur investissement » est plus long qu’attendu. La qualité du travail de l’agent d’insertion doit pouvoir être mesurée et perçue avec un autre item que la diminution du nombre de RI.

Et après ?

Même lorsque l’usager est sous contrat d’emploi, que tout fonctionne pour le mieux, le travail n’est point encore terminé pour l’agent d’insertion. Loin de là ! Il faut éviter la rechute au CPAS. L’après contrat, que ce soit par l’orientation vers la formation ou la recherche d’un nouvel emploi, doit être anticipé. Là encore, la collaboration avec les services existants est indispensable (Forem, maison de l’emploi…). De plus, il lui faudra également préparer avec l’usager la chute de revenus liée au chômage, la diminution de contacts sociaux, la perte du rythme de travail…

Vers une reconnaissance du chemin parcouru

Dans une période où nous sommes loin du plein emploi, le service d’insertion en CPAS a toute son utilité. Il représente un travail à part entière qui demande investissement, spécialisation et connaissance pour le travailleur qui en la charge. Il n’est déjà pas aisé pour les plus qualifiés de décrocher un contrat stable, il est dès lors facile d’imaginer l’énergie à fournir pour les plus fragiles et ceux qui les accompagnent. Dans ce cadre, une reconnaissance du travail accompli devrait pouvoir être garantie.

I.I., assistante sociale

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