Des outils pour aider les professionnels à gérer le harcèlement scolaire

Ce mois-ci, Education Santé propose un sujet consacré au harcèlement en milieu scolaire. La question prend de plus en plus d’importance et pose de réels problèmes pour les professionnels du secteur. S’il est difficile de mesurer l’impact de l’avènement des réseaux sociaux sur le harcèlement scolaire, le manque de formation des professionnels face à ces situations est lui, clairement établi. De plus en plus de demandes émanent du secteur lui-même et depuis 2013, le CLPS travaille sur cette problématique, une réflexion entamée suite à une conférence de Bruno Humbeek, psychopédagogue et chercheur à l’Université de Mons.

Harcèlement ?

Le harcèlement fonctionne sur une dynamique particulière, triangulaire et non de dualité. En ce sens, il ne suppose jamais le face à face de deux personnes (un dominant, un dominé), mais a besoin d’un groupe. Le harceleur et « sa cour » installent la domination, les « spectateurs » authentifient le rapport. Le rejet est d’abord basé sur une différence, qu’elle soit physique, sociale, psychologique (une personnalité timide, effacée), relative à l’identité sexuelle ou à un handicap. Deux solutions s’offrent au harcelé, d’après Bruno Humbeek : faire « le hérisson », c’est-à-dire se battre physiquement en l’absence d’un discours fluide ou du charisme égal à celui de son agresseur ; ou faire « le paillasson », c’est-à-dire « s’écraser, baisser les yeux, froncer les sourcils et tirer la tête. »

Quelques initiatives

Une deuxième journée de réflexion, en collaboration avec le Département des affaires sociales de la Province de Liège, le service jeunesse Openado et les CLPS de Huy-Waremme et Verviers a été entamée suite à la conférence de Bruno Humbeeck. Elle se concentrait sur l’état d’avancée des divers projets en place dans les écoles primaires et secondaires. « Aujourd’hui, beaucoup d’écoles se mettent en projet, souvent dans une optique de prévention, avec des initiatives telles que celles proposées par Bruno Humbeeck mais aussi la mise en place de blogs par exemple, où les jeunes peuvent venir déposer leurs émotions », explique Emilie Scenna, responsable du Point d’appui assuétudes du Centre liégeois de promotion de la santé.

Outiller les professeurs

Plusieurs professeurs ne se sentent pas suffisamment armés pour faire face à ce genre de situations. Pour résoudre ce souci, une formation, en collaboration avec l’Université de Paix, une ASBL namuroise, a été mise sur pied. Donnée en octobre et novembre 2015, elle a rencontré un franc succès. Elle proposait divers outils, comme « la pyramide de prévention », qui permet de classer les mesures préventives en fonction de leur impact ; mais aussi « la boussole du changement », qui permet d’évaluer la pertinence de certains outils en fonction de la réalité interne de chaque établissement. L’Université de Paix propose continuellement un éventail de formations, notamment sur le harcèlement scolaire.

Des exercices pratiques

Pendant la formation, les professionnels réalisaient des exercices pratiques, lors desquels ils devaient proposer des pistes de solution pour gérer une situation de harcèlement. La formation mettait l’accent sur une approche positive, plutôt qu’alarmiste, y compris en ce qui concerne le cyber-harcèlement. « On invite les professionnels à développer avec leurs élèves les habiletés sociales, l’intégration dans un groupe, l’estime de soi, l’affirmation de soi. On essaie surtout de ne pas faire peur car les jeunes continueront de toute manière à utiliser les réseaux sociaux. Comme dans les assuétudes, on ne peut pas éviter que l’événement se produise mais on peut donner aux jeunes des ressources pour réagir et les responsabiliser », conclut Émilie Scenna.