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Le placement en urgence, décision difficile à prendre !

11/04/18
Le placement en urgence, décision difficile à prendre !

L’article 39 du Code de l’aide à la jeunesse, qui permet aux travailleurs sociaux de demander le placement en urgence, n’est pas utilisé à la légère. Cette décision est difficile à prendre. Mais, parfois, on doit le faire afin de protéger un enfant.

Dans ma pratique d’assistante sociale, je n’ai pas eu souvent l’occasion de demander le placement en urgence d’un enfant, mais j’ai dû le faire il y a quelques mois. Différents professionnels d’autres secteurs me demandent « Comment peut-on prendre une telle décision après avoir suivi durant des mois, voire des années, une famille » ? Je tente de leur répondre en me basant sur plusieurs critères, que mon patient c’est l’enfant, que cette décision ne se prend pas seule et que le décret de l’aide à la jeunesse peut aider à fixer le cadre.

Mon patient : l’enfant !

Je me suis occupée d’une maman dont la petite fille n’a que quelques mois. Cette maman a un compagnon avec lequel elle ne vit pas. La relation qu’ils entretiennent est très chaotique, empreinte de dénigrement permanent. Quand le couple se retrouve, la priorité de la maman n’est plus son bébé et souvent les disputes deviennent très violentes. Malheureusement, malgré un accompagnement régulier, de l’écoute et des pistes de solutions, en janvier 2017, une énième dispute éclate et un acte sur l’enfant est posé qui aurait pu être irréparable. La police doit intervenir, la maman et son compagnon sont entendus, mais la police ne va pas plus loin. Elle va me parler des faits qui se sont déroulés et je l’informe que je dois relayer sa situation en réunion d’équipe. Je lui rappelle également, que ma patiente, c’est sa petite fille et que la décision qui sera prise se fera dans le but de la protéger.

Réunion d’équipe

Mon équipe est pluridisciplinaire, certains suivent aussi cette maman depuis plusieurs mois alors que d’autres ne l’ont jamais rencontrée. Ces derniers sont importants dans la réunion car ils sont plus neutres et ont une meilleure prise de recul. Après une longue discussion sur le suivi qui a été mis en place, sur les pistes de solution proposées qui n’ont pas pu aboutir, nous arrivons à la conclusion que nous ne pouvons pas prendre un risque que la prochaine dispute engendre des conséquences beaucoup plus graves pour l’enfant. La décision est donc prise : nous faisons une demande d’article 39 et demandons donc le placement en urgence au parquet.
Quand on doit prendre une telle décision, la discussion d’équipe est d’une très grande richesse. Porter seule ce choix aurait été, selon moi, insurmontable.

Que dit le décret de l’aide à la jeunesse ?

L’article 39 du décret relatif à l’aide à la jeunesse du 4 mars 1991 prévoit que le tribunal de la jeunesse peut prendre une mesure de garde provisoire pour l’enfant ou autoriser le conseiller à le faire « à défaut d’accord des personnes visées à l’article 7, alinéa 1er » et « en cas de nécessité urgente de pourvoir au placement d’un enfant dont l’intégrité physique ou psychique est exposée directement et actuellement à un péril grave ». C’est sur cette base que l’on doit prendre la décision. Ici, dans ma situation, la personne visée est la maman et un accord n’a pas pu être trouvé. De plus, la petite fille est exposée à un péril grave et nous devons la protéger. La demande de placement doit se faire.

Et après ...

Nous avons contacté la maman afin de la prévenir de notre demande et lui expliquer nos raisons. Sur le moment même la réaction a été violente, mais elle a pu comprendre notre décision.
Le dossier n’a pas abouti à un placement mais à une ouverture de dossier au Service d’aide à la jeunesse.

En conclusion

Quand on doit prendre une telle décision, l’équipe est une ressource très importante. La discussion peut s’ouvrir en réunion d’équipe sur nos tentatives d’intervention pour améliorer la situation, en explicitant les différents faits qui se sont produits ... De plus, les membres de l’équipe qui ne connaissent pas la famille sont plus neutres que les professionnels qui ont gravité autour de la situation.
Le décret est aussi un moyen de confirmer si un placement est nécessaire ou pas.
Mais surtout, il ne faut pas oublier que notre patient, c’est l’enfant !!

CD, assistante sociale

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