L’étudiante en psychologie arrête son stage après avoir été obligée de changer de tenue

Sabine Roberty, députée wallonne, a soumis le cas d’Elise (nom d’emprunt), étudiante en deuxième année de Master en psychologie à l’université de Liège, à la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny. L’étudiante a été sommée par sa structure d’accueil, un service d’aide aux détenus et ex-détenus, de changer de tenue en raison de son caractère jugé provocant.
Une décision polémique, qui fait rejaillir des stéréotypes
La députée Sabine Roberty a d’abord rappelé le déroulement des faits qui ont mené à cette situation critique : “Élise, c’est son nom d’emprunt. Elle est élève stagiaire au sein d’un service d’aide aux détenus et ex-détenus. Un jour, elle est sommée de rentrer chez elle pour se changer, sa tenue vestimentaire ayant été jugée trop provocante. Élise portait une jupe noire courte, des bas collants noirs semi-opaques, un T-shirt blanc et une veste en jeans. Elle ne comprend pas cette remarque et décide de ne pas poursuivre son stage. La réussite de son année scolaire dépendant de la validation de son stage, elle sait que son année est fichue”. Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là : “Aujourd’hui, elle raconte son histoire sous le couvert d’anonymat, car, étant déjà titulaire d’un master en criminologie, elle a été menacée d’être mise sur liste noire dans son futur milieu professionnel”.
Le débat de la tenue vestimentaire, qui serait la prétendue cause des agressions sexuelles, refait donc inévitablement surface : “En plus de véhiculer des stéréotypes de genre, cette histoire rappelle ces raisonnements qui tendent à justifier que les agressions sexuelles se produisent à cause des tenues vestimentaires portées par les victimes. De tels raisonnements sont accablants et il est triste qu’un stage se termine de la sorte. Si une tenue particulière doit être portée, il faut que les élèves le sachent avant de commencer leur stage. S’il y a un dress code à respecter, ils doivent le savoir”, a affirmé Sabine Roberty. La députée, indignée de la tournure prise par cette situation, a également pointé du doigt la passivité et la responsabilité de l’employeur. Elle s’est donc adressée à Valérie Glatigny dans l’attente d’une réponse claire et concrète sur ce genre d’affaires.
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Plusieurs axes de réponse
La réponse de Valérie Glatigny a parfaitement concordé avec les enjeux soulevés par la députée Sabine Roberty : “C’est l’occasion de rappeler que chacun est libre de porter les vêtements qu’il veut et que leur port ne peut jamais, en aucun cas, être une justification pour commettre une agression, interpeller de manière sexiste ou injurier. Je rappelle aussi que ce serait faire offense aux hommes eux-mêmes que de les considérer tous comme de potentiels agresseurs ou violeurs”, a-t-elle proclamé, avant d’ajouter qu’un(e) stagiaire doit être mis(e) au courant avant le début du stage des règlements en application dans la structure d’accueil, ce qui n’a visiblement pas été le cas dans cette affaire :“Il faut relever le rôle du réviseur de stage. Il lui appartient d’expliquer à l’étudiante ce qui figure, par exemple, dans le règlement d’ordre intérieur des prisons puisqu’il s’agissait, dans le cas d’Élise, d’un stage au sein d’une prison. Le règlement d’ordre intérieur d’une telle institution ne signale rien concernant le port du vêtement”.
Elle a également prôné un dialogue entre l’établissement scolaire et le stagiaire pour éviter des situations de ce genre à l’avenir. “L’établissement a également un rôle à jouer. On attend de sa part qu’il fournisse un soutien ou une information claire sur ce qui s’est passé. Je pense ici au rôle que pourrait jouer la commission « Genre » qui a été créée au sein de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) et qui pourrait être de se pencher sur toutes ces questions qui sont à l’articulation entre l’établissement et le lieu de stage”. Cette commission pourrait également apporter son soutien aux étudiants en stage : “On pourrait confier un rôle accru – il est d’ailleurs en cours de redéfinition – aux personnes de contact « Genre » au sein des universités qui peuvent tout d’abord faire rapport et ensuite apporter une aide aux universités et hautes écoles pour déterminer comment soutenir les étudiants et les étudiants-travailleurs sur le lieu de stage”.
La réponse de Valérie Glatigny a été reçue de manière très positive : “Votre réponse tombe à point nommé parce que la jeune fille en question, qui a pris Élise comme prénom d’emprunt, ne se sent pas soutenue dans ce combat”, précise Sabine Roberty. La députée souhaite également que ce genre d’affaires fasse réfléchir et espère un changement des mentalités : “Dans l’inconscient collectif, il existe un lien systématique qui justifie systématiquement la conduite d’un agresseur sexuel en fonction des vêtements portés par sa victime. Il s’agit d’une excuse d’une violence insupportable, qui culpabilise la victime et déresponsabilise l’agresseur. C’est un comble et c’est totalement inacceptable !”.
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