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Les MRS sont-elles adaptées à un public vieillissant ?

20/09/17
Les MRS sont-elles adaptées à un public vieillissant ?

Aurélie Wijns, ergothérapeute depuis 10 ans en maison de repos, s’est interrogée sur la capacité qu’ont les maisons de repos et de soins (MRS) à prendre en charge un public déficient intellectuellement et vieillissant. Elle a analysé la question dans un travail de fin d’étude à l’Ecole de Santé publique de l’ULB, en se concentrant sur le ressenti des professionnels. Article issu de l’édition de septembre du magazine Vie@Home.

Aurélie Wijns est ergothérapeute et travaille depuis 10 ans en maison de repos. Elle a croisé dans sa pratique deux personnes déficientes mentales de plus de 65 ans, l’une venant du domicile, l’autre transférée d’un centre spécialisé. Ce qui l’a amenée à s‘interroger : les MRS sont-elles des milieux de vie adaptés pour ce public handicapé vieillissant ? Elle a creusé la question dans un travail de fin d’études, à l’Ecole de santé publique de l’ULB, en l’attaquant par l’angle du ressenti des professionnels.

Pourquoi, tout d’abord, devrait-on envisager la présence de personnes déficientes intellectuelles dans des institutions qui, a priori, ne leur sont pas destinées ? Parce que, sur les dernières décennies, leur espérance de vie s’est passablement allongée. « Elles vieillissent, comme le reste des gens », développe l’ergothérapeute. Si elles étaient prises en charge à domicile par des parents, elles leur survivent désormais plus souvent. Les places dans les centres d’hébergement spécialisés sont limitées et des plafonds d’âge fixés. Enfin, quand bien même l’adulte handicapé mental y a une place, « il commence à réclamer, l’âge avançant, des soins médicaux plus importants. Je songe aux personnes atteintes de cancer, en soins palliatifs.

Or, dans ces centres, le personnel se compose très majoritairement d’éducateurs, qui n’ont pas les aptitudes pour assurer l’aspect nursing. » Ils cherchent donc, à ce moment, à passer le flambeau. Le passer à une MRS coule-t-il de source ? Comment le personnel perçoit-il l’accueil de d’handicapés mentaux vieillissants ? C’est précisément ce vécu qu’Aurélie Wijns a choisi d’explorer pour son mémoire. Elle a pu compter sur la collaboration de cinq MRPA/MRS de la Région de Bruxelles Capitale (cinq sur une quinzaine d’établissements concernés ou ayant été concernés par le passé par l’accompagnement des personnes déficientes mentales vieillissantes, le tout sur un peu plus de 150 structures répertoriées sur le territoire). Une petite vingtaine de leurs collaborateurs, ayant de 1 mois à 40 ans d’ancienneté, se sont prêtés au jeu d’entretiens semi-directifs, principalement des aides-soignantes, infirmières, kinés, ergos, chef nursing, coordinatrice paramédicale... Le personnel administratif et les directions étaient moins représentés, ce qu’Aurélie Wijns lie à un problème de disponibilité.

Passer de soignant à éducateur, ça s’apprend

Des témoignages, il émerge une réponse mi-figue mi-raisin. Oui, les MRS sont adaptées comme milieu de vie à des déficients intellectuels par certains aspects. En revanche, par d’autres, elles ne le sont pas. Les professionnels interviewés pointent notamment le fait qu’ils n’ont pas forcément le bagage théorique requis (ou l’expérience de terrain) pour encadrer spécifiquement ce type de population. D’où la demande de recevoir des formations complémentaires adéquates, pour optimaliser l’accompagnement ou se rassurer sur la pertinence de ce qui est déjà mis en place.« Les différents entretiens ont révélé un déficit de connaissances, une certaine confusion, entre les concepts de déficience mentale et de démence. Il serait intéressant que les formations expliquent la différence, définissent le handicap mental, son évolution, les troubles de comportement associés. Elles devraient également aborder le type d’accompagnement à proposer, les pistes à suivre sur le plan du relationnel... »

Adapter plus la relation que l’infrastructure

Un second aspect perfectible, pour que les MRS deviennent un environnement davantage adapté aux personnes handicapées mentales, c’est le projet de vie institutionnel, qui inclut la politique d’admission. « Il faudrait quasi un projet pour la MRS dans son ensemble, et un autre pour la population qu’on cible. »

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