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Mémoires/TFE

Les pratiques médico-psycho-sociales en matière de toxicomanie

conceptions sectorielles autour de la réduction des risques


I. Introduction à la réduction des risques
Avec l’apparition des grands fléaux épidémiques de notre époque, comme le virus du SIDA et
les diverses hépatites, c’est l’ensemble du champ de la santé publique qui a vu ses
conceptions bouleversées. En effet, il s’agissait désormais de freiner au plus vite la
propagation de ces épidémies qu’on ne pouvait pas encore guérir. Dès lors, des politiques
sanitaires -dont le principal objectif est la minimisation des risques de transmission- ont été
développées par les pouvoirs publics. En raison d’un taux de morbidité accru dans les milieux
héroïnomanes, ces politiques sanitaires se sont peu à peu immiscées dans le champ de la
gestion de la toxicomanie, notamment par le biais des premiers programmes d’échange de
seringues. La philosophie sanitaire a énormément influencé la manière de concevoir les
réponses à la problématique de la drogue dans nos sociétés modernes et a donné naissance à -
on peut le dire - un nouveau paradigme en la matière : la réduction des risques (RDR).
La réduction des risques est un concept qui est ainsi apparu dans certains pays d’Europe
occidentale dans le milieu des années 80 et qui s’est développé plus particulièrement aux
Pays-Bas. La réduction des risques s’est présentée comme une stratégie de changement par
rapport à certaines politiques contre-productives, marquées par un esprit prohibitionniste
intransigeant dont l’échec était devenu patent. La réduction des risques propose une approche
radicalement différente de la problématique de la drogue. A contre-courant de la conception
prohibitionniste, cette nouvelle approche considère l’usage de drogues comme un fait que
nulle politique ne saurait faire magiquement disparaître. Elle constate que la majorité des
toxicomanes ne veut pas ou ne peut pas cesser tout usage du jour au lendemain. En
conséquence, n’adresser une offre de soins qu’à ceux qui souhaitent arrêter tout usage revient
à ignorer l’immense majorité des usagers de drogues. La promesse d’abstinence n’est donc
plus une condition pour avoir droit à une prise en charge.
La réduction des risques est une stratégie de santé pragmatique, c’est-à-dire qu’elle ne remet
pas en cause, à priori, le cadre existant des pratiques et des politiques en matière de drogues
afin de répondre au plus vite à l’urgence des problèmes. C’est seulement par la suite que les
pratiques de RDR susciteront des réflexions quant à la façon de concevoir les réponses à la
toxicomanie ainsi qu’une remise en question des conceptions morales dominantes de la
conscience collective.
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En Belgique, la réduction des risques bénéficie désormais d’un poids considérable. Elle a
conquis l’ensemble du champ de la toxicomanie et a modifié sensiblement la philosophie
d’intervention. La RDR est devenue la source d’inspiration la plus significative des pratiques
médico-psycho-sociales de ces deux dernières décennies.
Par ailleurs, il faut savoir que depuis le début des années 1990 le concept de RDR a été investi
par de multiples rationalités. La RDR d’aujourd’hui et la « façon dont on la pratique », sont le
résultat de ces diverses influences, parfois antagoniques. Le secteur médico-psycho-social, en
tant que principal « porteur » de la RDR, a logiquement subi les évolutions du concept.
Ajouté à cela, celui-ci a souvent été la principale victime des remaniements des politiques
publiques en matière de toxicomanie. Les « attaques » qu’il a essuyées et les conflits qu’il a
traversés ont néanmoins contraint le secteur à « organiser » la sauvegarde de ses intérêts mais
aussi de son identité.
Plus de 15 après les premières politiques sociopénales, nous pouvons donc nous demander à
quoi ressemble le réseau associatif actuel. Quel visage a la réduction des risques aujourd’hui ?
Comment est-elle pratiquée par le secteur médico-psycho-social ? Comment le secteur s’est-il
organisé pour défendre ses intérêts, ceux des usagers et ceux de la RDR ? Ce sont autant de
questions qui vont guider notre recherche.
Pour débuter ce travail, nous procèderons à une mise en contexte de la réduction des
risques, et cela à deux niveaux :
-premièrement nous la situerons parmi les grands concepts qui construisent le champ
de la drogue et nous verrons les interactions qui existent entre eux.
-deuxièmement, nous nous concentrerons sur les politiques publiques belges des
années 90 en matière de drogue afin de voir quel a été leur impact sur les pratiques
sectorielles.
Cela permettra également de se rendre compte comment la réduction des risques a pu être
instrumentalisée à des fins différentes de celles de son projet initial.
Pour créer l’information nécessaire à notre analyse, nous avons réalisé des entretiens avec
divers intervenants du secteur médico-psycho-social bruxellois de la toxicomanie.
L’exploration de notre problématique suivra 4 orientations fondamentales qui nous
permettront de circonscrire les pratiques sectorielles.
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· Primo, nous tâcherons de déceler la perception que les intervenants médicopsycho-
sociaux ont de leur pratique et du toxicomane.
· Secundo, nous analyserons les rapports entre les différents acteurs du « réseautoxicomanie
».
· Tertio, nous nous attarderons sur le statut des usagers de drogues et sur les
revendications sectorielles.
· Et enfin, quarto, nous nous focaliserons sur les pratiques de réduction des risques
ainsi que sur les valeurs et les finalités auxquelles elles sont associées au sein du
secteur.


Auteur

Julien BEUGNIES

Email :
Etudes : Sciences criminologiques
Etablissement : Université Libre de Bruxelles
2007, 190p.

Thème : Affaires sociales
(enregistrement le 12/09/08)

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