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Mémoires/TFE

L'Assistant Social, le Toxicomane et l'Aide Contrainte


La toxicomanie, et plus encore la dépendance, m’a interpellé très tôt. En effet, rares sont ceux qui peuvent se targuer de ne l’avoir jamais côtoyée, directement ou indirectement. Et pourtant, si le phénomène de dépendance suscite énormément de débats, politiques notamment, il n’en est pas neuf pour autant. Comme en témoigne la littérature européenne, notre histoire a été ponctuée de « vagues de dépendances » : à l’alcool, à l’absinthe, au tabac. La « drogue », à supposer qu’il soit correct d’écrire ce terme au singulier et au sens où nous l’entendons aujourd’hui, apparaît donc comme la dépendance de la fin du XXème et du début du XXIème siècle.

L’opportunité m’a été donnée cette année d’approfondir mes connaissances de la question dans le cadre d’un stage au sein de l’asbl Phénix, un centre de jour pour usagers de drogue(s). Cette institution est partenaire du Service d’Encadrement de Mesures Judiciaires Alternatives qui organise et évalue les sanctions alternatives à l’emprisonnement dans le but de responsabiliser la personne dite délinquante. Dans ce cadre, Phénix accueille des personnes poursuivies pour faits délictueux en lien avec l’usage de stupéfiants.

Lors de plusieurs entretiens avec les personnes encadrées, j’ai observé une absence quasi totale de sentiment d’implication de ces personnes dans le projet de l’institution. Loin de se sentir concernées, elles y participent, malgré elles, pour éviter la prison. Mais, fait remarquable, j’ai pu observer durant mon stage que certaines personnes changent progressivement d’opinion et décident de continuer le programme après l’échéance de leur mesure. Plusieurs questions me sont ainsi venues à l’esprit :
-Comment les personnes toxicomanes vivent-elle la contrainte?
-Comment l’assistant social vit la contrainte?
-Quel est le facteur déclencheur de changement dans la motivation des personnes délinquantes ? Quel élément induit-il leur décision de rester de manière consentante ?

Mon étude s’est par conséquent articulée autour de ces axes d’interrogation. Au cours de cette recherche, mon objectif a ainsi été de fournir une réponse à la question suivante : « Comment le travailleur social peut-il articuler son travail avec des personnes toxicomanes dans un contexte d’aide contrainte au sein d’une asbl telle que Phénix, centre de jour pour usagers de drogues? »

Au préalable, il m’est apparu fondamental de rendre compte du phénomène de toxicomanie en Belgique et de poser le cadre des différents concepts qui nous occupent ici afin de pouvoir bien comprendre la population concernée ainsi que le contexte dans lequel elle évolue.
Dans un premier chapitre, je proposerai une définition de la toxicomanie et tenterai de relever les différentes particularités qu’elle présente. J’exposerai également le contexte législatif et brosserai le paysage du travail social avec les personnes toxicodépendantes en Belgique francophone. Je clôturerai par un aperçu de la relation entre la toxicomanie et la délinquance. Le second chapitre sera consacré à l’aide contrainte. J’en définirai les différentes notions et présenterai les différentes mesures judiciaires alternatives. Je terminerai par l’explication du contexte de travail social dans l’aide contrainte.

La deuxième partie de cette étude cèdera le pas à une description de la pratique du travail social dans le secteur de la toxicomanie. Elle sera analysée à travers trois regards : celui de mon institution de stage, le mien au titre de stagiaire et future travailleuse sociale et enfin celui des usagers eux-mêmes. Pour commencer, je présenterai l’asbl Phénix et son travail d’encadrement des personnes toxicomanes. Ensuite, j’étayerai ma réflexion autour du travail social et des pratiques observées lors de mon stage. Afin de dégager des éléments permettant une réponse objective, mais néanmoins nuancée, à ma question de départ, je donnerai alors la parole aux usagers du centre à travers l’exposé et l’analyse de deux rencontres avec des personnes toxicomanes ayant vécu une mesure judiciaire alternative. Enfin, à la lumière de ces trois visions, j’essayerai de dégager des pistes pour un travail social pertinent avec des personnes toxicomanes sous mesure judiciaire alternative afin d’entrer dans un processus de changement.

Je terminerai ce travail par une conclusion tentant d’apporter une réponse à ma question de départ et d’amener des pistes de réflexion.


Auteur

Lucie Herrezeel

Email :
Etudes : Assistante sociale
Etablissement : Institut Cardijn Louvain la-Neuve
2009, 79p.

Thème : Santé
(enregistrement le 15/07/09)

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