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Accompagner un couple, spécificités de la rencontre.

21/08/17
Accompagner un couple, spécificités de la rencontre.

Recevoir un couple en difficulté, former ainsi une sorte de « trio thérapeutique », c’est une situation clinique particulière. Analyse.

Le couple qui prend la décision de consulter est fragile et les premiers échanges peuvent être vifs, voire très conflictuels. La visée sera parfois la décision de poursuivre autrement, parfois la possibilité de se séparer de façon plus sereine, voire celle d’organiser le couple parental dès lors que la relation conjugale prend fin. Dès la première séance, quelque chose se rejoue dans l’ici et maintenant de la rencontre, mais il sera important de dépasser les stéréotypes pour entendre les résonnances plus cachées des enjeux relationnels.

Un système a minima

Quelle que soit l’orientation du thérapeute, il y aura forcément du systémique dans le travail thérapeutique. Si le couple est parent, la poursuite ou non de la relation a des conséquences lourdes. Les familles recomposées compliquent encore la donne : les enfants des deux, de l’un, de l’autre… De même, le couple étant inévitablement un partenariat financier, l’argent aura sa place. Sans oublier les familles d’origine de chacun des partenaires ainsi que leur entourage relationnel et affectif significatif. Il y aura donc « beaucoup de monde » dans le cabinet !

Deux inconscients face à face

Dans tout système, et a fortiori dans un couple, chacun s’est forgé des croyances, des mythes. Comment ces croyances se sont-elles construites, et surtout comment entrent-elles en résonnance avec celles de l’autre, tout cela formera le cœur du travail thérapeutique. Pour identifier ces croyances, un bond dans le passé sera souvent nécessaire. L’inconscient est en effet au centre de la partie qui se joue. Quant à la communication, elle sera essentielle à la fois pour comprendre le système en place, mais aussi pour trouver de nouvelles façons de faire plus apaisantes pour chacun.

Les visées thérapeutiques

L’espace thérapeutique offert sera celui de la neutralité bienveillante, celui où il est enfin possible, grâce à la présence d’un tiers, de revisiter l’histoire, d’en comprendre les leviers, et de mettre éventuellement au jour de nouvelles façons de faire. La triangularisation des échanges donne à chacun l’occasion d’exposer ses doléances mais aussi de comprendre celles de l’autre et la façon dont elles se sont édifiées, parfois bien avant la naissance du couple. Une voie peut alors se dessiner, que ce soit pour reprendre la route commune ou pour se quitter plus sereinement.

Le cadre, encore et toujours

En thérapie de couple, le patient est le couple et seulement le couple. Personne ne sera reçu en séance individuelle. Et si, après une éventuelle séparation, un accompagnement individuel de l’un des partenaires se met en place, plus aucune thérapie de couple ne sera envisageable par la suite. De même, aucune thérapie de couple ne pourra se mettre en place avec un thérapeute qui a reçu, au préalable, l’un de ses membres en séances individuelles. Un écueil majeur sera ainsi évité : une alliance avec l’un des deux partenaires, voire un secret partagé avec ce dernier mais ignoré de l’autre.

Le thérapeute

Le risque pour le thérapeute est de se retrouver dans une position de juge, et de devoir finalement « trancher » les conflits en accordant les bons et mauvais points. Mais l’autre écueil est de perdre ce rôle de tiers qui renvoie du neuf pour entrer dans la même danse que le couple qui nous fait face et rejouer finalement avec eux le même scénario sur la même scène, mais à trois ! Rigueur, analyse, curiosité clinique seront donc les garde-fous indispensables en la matière.

DB, psychologue clinicienne

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