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L'EMDR, utile pour les psys ?

15/07/15
L'EMDR, utile pour les psys ?

La technique d’EMDR est utilisée en thérapie pour soigner les traumatismes. Cette formation est-elle reconnue ? Est-elle utile pour un psychologue ?

Quelquefois, les thérapies classiques ne suffisent pas à apaiser un traumatisme important. Des techniques complémentaires, comme celle de l’EMDR, peuvent-elles enrichir le travail thérapeutique ? C’est tout l’enjeu de cette technique défendue par de nombreux thérapeutes et scientifiques. Elle est surtout employée lorsque que la capacité innée du cerveau à traiter les traumatismes s’est enrayée. Les (mauvais) souvenirs sont alors classés de manière dysfonctionnelle et cela peut entraîner un état pathologique. Le but de l’EMDR consiste à réactiver le système naturel de guérison du cerveau, afin de terminer son travail de « classement » du trauma.

Ecole de Palo Alto

La thérapie EMDR (Eye Movement Desensitisation and Reprocessing/désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires) a été développée par la thérapeute américaine Francine Shapiro, à Palo Alto, en 1987. Il s’agit d’une thérapie alternative axée sur le traitement du stress post-traumatique, qui a par ailleurs fait ses preuves sur des anciens combattants du Vietnam. Cette technique utilise les mouvements oculaires ou des stimulations (auditives ou tactiles), de manière bilatérale, en vue de synchroniser l’activité des aires sensorielles et cognitives. En d’autres mots, il s’agit de reconnecter les émotions avec la raison.

Un processus neurobiologique

Comment expliquer l’action de l’EMDR ? Malgré les recherches scientifiques sur le sujet, il n’existe pas encore d’explication très précise sur ce processus de guérison, sinon qu’il est basé sur des données d’ordre neurobiologiques. Les processus sollicités sont proches de ceux du sommeil paradoxal, avec stimulation du transfert d’informations entre différentes parties du cerveau (hippocampe et cortex). En résumé, il s’agit donc d’une intégration neuro-émotionnelle par les mouvements.

Retraiter les (mauvais) souvenirs

Lorsque le processus de traitement de l’information n’a pas réussi à
« digérer » les souvenirs, à cause de l’intensité de l’expérience ou de sa chronicité, la personne demeure vulnérable, puisque ces souvenirs peuvent être réactivés à tout moment, par des influx environnementaux. Les réactions sont alors parfois trop importantes face à des faits ou remarques d’apparence anodines, mais qui renvoient à un registre émotionnel similaire. L’EMDR va rechercher ces informations douloureuses, tout en stimulant le système inné de traitement de l’information, afin de retraiter ces souvenirs de manière adéquate.

Quid de la reconnaissance ?

Pour de gros traumatismes (abus sexuels, violences), cette technique sera généralement utilisée en complément d’une psychothérapie approfondie. Et dans ce cas, le rôle d’un psychologue formé à cette technique est très utile. Néanmoins, pour obtenir la qualification de thérapeute EMDR, il faut être professionnel de la santé, mais pas forcément psychologue. Il faut par contre adhérer au code de déontologie de l’association EMDR Belgique. Cette dernière est la seule à octroyer le certificat de « practitioner », terme officiel protégé de cette formation reconnue par Francine Shapiro, après le suivi de différents modules d’une totalité de 22h. L’accréditation est valable 5 ans et est subordonnée à l’obtention de nouveaux crédits de formation continue.

Sandra Evrard



Commentaires - 3 messages
  • Bonjour, il me parait important de souligner aussi que l'EMDR a un champ d'application plus large que les traumas vécu brutalement et/ou violemment. L'EMDR traite aussi efficacement les traumas dits lents (manipulation, harcèlement psychologique diffus et répété dans la durée, en milieu scolaire, familial, professionnel, ...), les chocs émotionnels de changements de vie importants (perte d'emploi, divorce, deuils,...), et plus généralement la gestion du stress au quotidien.
    Sur ce dernier plan, l'EMDR est praticable par une personne non praticienne professionnelle qui aura appris certains gestes et exercices basiques et pourra les décliner en famille ou dans ses relations, pour les stress "non" traumatiques : calmer un enfant agité ou inquiet, faciliter le sommeil, retrouver ses esprits après un événement émouvant ou un conflit interpersonnel, ou une "contrariété" du quotidien. Encore, l'EMDR permet aussi de faire évoluer les croyances et d'installer un mode de pensée plus positif.
    Mon commentaire part d'un vécu personnel avec et sans thérapeute, et d'un pratique courante pour les problématique humaine simple (non "psychopatique").
    Par ailleurs, la technique EFT qui exploite certains principes de l'EMDR, ou encore la Microkinésithérapie, méritent elles aussi une vulgarisation tant elle sont puissantes et permettent comme l'EMDR de dépasser le champ purement mental en accédant aux niveaux neurologiques, énergétiques et de la mémoire biologique cellulaire. Combiner ces outils à la psychothérapie a une très forte valeur ajoutée pour l'évolution et le bien-être de chaque personne.

    Enric jeudi 16 juillet 2015 13:35
  • Bonjour,

    Je suis d'accord avec ce qu'a écrit Enric.
    J'ai fais 3 séances D'EMDR, avec un praticien certifier, et je n'avais pas vécu de chose traumatisante comme un viol.

    Toutefois ma vie personnelle était un désastre, et quand je me suis retrouvé à deux doigts du divorce, même après plusieurs années de thérapies, je ne savais plus ou me tournée. En faisant des recherches j'ai trouvé des infos sur l'emdr, J'ai pris un rdv, et après trois séances et beaucoup de larmes, il en est ressortis que j'étais tout même perturbée (et non traumatisé) par la vie de couple et le divorce de mes parents, et que j'étais tout simplement entrain de reproduire. Mes parents n'étaient pas heureux alors je ne me donnais pas le droit d'être heureuse en couple. L'Emdr ma permis de sauver mon mariage et ma libérée de mimétisme famille. Oui j'ai le droit d'être heureuse en couple même si mes parents ne l'on pas été.

    Parfois des petites choses ressurgissent, alors oui je me fait des "séances" toutes seules. Quand c'est vraiment trop "fort, et que je vois que seule, ce n'ai pas assez alors je retourne consulter.

    J'aimerais aussi, partager, que l'Emdr, m'as permis aussi d'arrêter de me ronger les ongles.... Cela n'a l'air de rien, comparativement à un viol ou tout autres traumatismes, toutefois cette action cachait un profond mal être en moi.

    Alors je penses aussi que l'Emdr, peut être aussi utiliser pour tout nos petits et grands "bobos" sans pour autant qu'il y est eu traumatisme. C'est en tout cas l'expérience que j'en est eu.

    Maiky lundi 20 juillet 2015 09:49
  • Tout-à-fat d'accord avec ces commentaires. Toutefois, je me permettrais juste une remarque : pratiquer ce type de technique sans être formé adéquatement est à éviter. Psychologue de formation, je ne suis moi-même pas formée à l'EMDR, et alors que j'en connais les principes et gestes de base, je ne l'utilise pas, même pour des situations de stress "minimes". Je renvois systématiquement vers un(e) spécialiste. Il ne faut jamais perdre de vue la nécessité de cadrer toute pratique thérapeutique.

    Alexy mardi 28 juillet 2015 10:00

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