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« Soutenir l'emploi dans le non marchand, c'est vital »

17/04/15
« Soutenir l'emploi dans le non marchand, c'est vital »

Dans un éditorial pour le journal En Marche, la secrétaire nationale de la Mutualité chrétienne appelle à la concertation entre le monde politique et les secteurs associatif et non marchand, face à la possible réforme des politiques de soutien à l’emploi à Bruxelles.

Depuis ce 1er mars, des inspecteurs Actiris évaluent les emplois ACS en Région bruxelloise dans le but d’identifier les secteurs qui ont le plus besoin de ces contrats subsidiés. En toile de fond de tels contrôles, c’est tout le système des politiques de soutien à l’emploi qui est sur le gril.

Une enquête de terrain qui fait frémir le non marchand

Les aides à l’embauche dans le secteur non marchand existent depuis plus de 30 ans. Sur Bruxelles, une enveloppe de 200 000 millions d’euros est dépensée chaque année pour subsidier quelque 10.000 emplois. « Concrètement, ces dispositifs se matérialisent sous la forme d’une subvention versée à l’employeur qui couvre tout ou une partie de la rémunération du collaborateur. Ils donnent lieu, dans certains cas, à une exonération – quasiment totale - des cotisations patronales de sécurité sociale », explique Elisabeth Degryse, secrétaire nationale de la Mutualité chrétienne.

Ces aides à l’emploi ont été mises en place afin d’encourager le monde associatif et favoriser les missions porteuses de sens pour la société. Au cœur même des acteurs subventionnés, on retrouve les secteurs socio-culturels ou socio-sanitaires actifs dans des domaines tels que la petite enfance, la jeunesse, l’insertion socio-professionnelle, l’éducation permanente ou encore la santé.

L’avenir du secteur aux mains des Régions

Avec la 6e réforme de l’État, la presque totalité de ces politiques est transférée du Fédéral aux Régions. « Les entités régionales ont donc l’entièreté du coût de ces dispositifs à leurs charges. Elles ont alors saisi ce qui leur semblait être une opportunité : elles ont réfléchi à la question du soutien à l’emploi et elles ont repensé leurs politiques », indique Elisabeth Degryse.

Elle poursuit : « cependant, les prismes de l’efficacité, de l’activation des chômeurs, du coût et de la charge financière deviennent pour ainsi dire les seuls angles d’attaque de la problématique. La question des types de politiques soutenues, celle des retombées pour l’ensemble de la population et celles des enjeux majeurs en termes d’éducation ou de création de lien social ne sont que peu abordées. Voire absente des débats. »

Pérenniser les plus-values sociétales de ces emplois

Les réformes envisagées font dès lors craindre, selon la secrétaire nationale de la Mutualité chrétienne, des répercussions peu favorables au secteur. « Les emplois en question seront-ils directement menacés ? Seront-ils demain promis au secteur marchand ? »

Aujourd’hui, tout l’enjeu est donc de défendre les associations afin de sauver notre projet de société. « Faut-il rappeler que les emplois créés par le non marchand ne sont pas délocalisables ? Qu’ils garantissent des emplois pérennes dans nos régions ? Que ces emplois participent directement au maintien et au développement de la cohésion sociale ? ».

Par ailleurs, les pouvoirs publics pourraient profiter de l’occasion pour demander une réorganisation du secteur associatif, «  avec des exigences de rationalisation dans des logiques financières ou le nivellement de la qualification des travailleurs par le bas ». Pour Elisabeth Degryse, il est essentiel dans les réformes à venir de tenir compte de la complexité sociale du terrain.

Une concertation plus que nécessaire

Dans un tel contexte, la Mutualité chrétienne plaide pour que les gouvernements concernés soient attentifs à la concertation nécessaire avec les secteurs associatif et non marchand. « La Mutualité demande de considérer ce qui a motivé la création de ces postes, et de faire en sorte que les politiques soutenues à l’époque par ces mesures d’encouragement à l’emploi soient encore les politiques prioritaires de demain. »

Delphine Hotua



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