Trois km² libres de tout préjugé grâce à l'ASBL Le Laboratoire

"1 km²", c’est la rencontre improbable entre Andrée (88 ans) et Yassine (15 ans) autour d’un atelier sur le street art. C’est aussi les échanges riches et authentiques, mais tout aussi étonnants, entre Christiane (96 ans) et Aya (15 ans) autour de la place de la femme en 2023 et en 1943.

Les points communs entre ces étudiant·e·s de 2e secondaire et ces résidentes d’une maison de repos ? Ils/elles vivent dans le même quartier mais évoluent dans des univers totalement différents. En les réunissant le temps de plusieurs ateliers, l’ASBL Le Laboratoire vise à décloisonner les milieux, créer du lien, mais aussi valoriser les acteur·ice·s d’un même quartier pour que le "faire-ensemble" favorise le "vivre-ensemble".

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L’autre grande mission de cette jeune association, qui a vu le jour en 2022, consiste à favoriser l’inclusion de toutes et tous dans les médias par l’expérience et l’échange. Andrée, Yassine, Aya et Christiane font partie de groupes généralement sous-représentés, voire invisibilisés, dans les médias.

"Les médias façonnent notre vision du monde, des autres et aussi de nous-mêmes. Or, les études sur la diversité dans les médias démontrent un énorme déséquilibre entre la place que certaines personnes occupent dans les médias et la part qu’elles représentent réellement dans la société. Cela concerne les femmes, bien sûr, mais aussi les personnes racisées, les personnes en situation de handicap, les personnes de la communauté LGBTQIA+ ou encore les jeunes et nos aîné·e·s.", détaille la fondatrice de l’ASBL Le Laboratoire Emilie Vervust, en s’appuyant sur des chiffres éloquents.

"Les plus de 55 ans : les plus discriminés !"

Dans les matinales radio, 63,69% des personnes sont identifiées comme des hommes contre 36,26% comme des femmes. En télévision, les chiffres sont très similaires (CSA 2019). Quant à la presse quotidienne, c’est le type de média le moins égalitaire, avec à peine 15% de femmes dans ses contenus (AJP 2019).

Rappelons également que 85,84% des expert·e·s qui s’expriment dans la presse quotidienne belge sont des hommes et que la quasi-totalité des personnes en situation de handicap est invisible dans les médias belges. Et quand elle est visible, c’est essentiellement dans des sujets traitant de leur handicap (AJP 2019).

Enfin, comme le souligne Amnesty International, les personnes les plus discriminées actuellement en Europe sont les hommes et les femmes de plus de 55 ans.

Cette sous-représentation renforce les discriminations à l’égard des personnes invisibilisées et affecte leur pouvoir d’agir dans notre société ainsi que leur capacité à se projeter dans l’avenir. Visibiliser la diversité de la société dans les médias contribue à lutter contre les préjugés, les discriminations et les violences (sexistes, racistes, âgistes, validiste, etc.).

Le Laboratoire triple le périmètre d’1km² de janvier à juin 2024

Après le succès des premiers ateliers interactifs menés dans le cadre de son projet pilote (de janvier à juin 2023), Le Laboratoire triple le périmètre, de janvier à juin 2024, avec, au total, l’organisation d’une quarantaine de séances. Cette expansion est rendue possible grâce à de précieux soutiens financiers, notamment via l’obtention en janvier 2024 d’un Prix remis par la Fondation Bervelt et l’ISFSC.

La Fondation Jacqueline Bervelt, du nom d’une assistante sociale engagée ayant créé ce fond, et l’ASBL ISFSC unissent leurs forces pour soutenir chaque année un projet à impact social. Au total, depuis la création de la fondation, 23 projets ont été soutenus.

Ces 3 nouveaux km² se dérouleront à Woluwe-Saint-Lambert, Ixelles, et à cheval sur Bruxelles-Ville et Schaerbeek. Cette année, l’ASBL ouvrira son champ d’action aux questions de santé mentale, grâce à des partenariats avec le Créahm et l’Espace 51.

Durant ces moments d’échanges, les participant·e·s auront l’occasion de se découvrir, d’explorer la richesse culturelle de leur quartier et de créer un souvenir média de leur expérience.

Objectifs d’ici 2025 : 250 participant·e·s et une plate-forme d’expression citoyenne

Le projet-pilote d’1km² n’a pas été imaginé comme un projet isolé. Il est voué à essaimer dans tout Bruxelles au fil des années et vise à rassembler 250 participant·e·s d’ici 2025. Une plate-forme d’expression citoyenne devrait se développer en 2024. Elle mettra en valeur les richesses culturelles, associatives et humaines des quartiers bruxellois.

Les retours des premières sessions encouragent l’ASBL dans cette voie. "1km² a sauvé la vie de certain·e·s résident·e·s ! Avant l’expérience, leurs enfants nous avaient confié que leurs parents éprouvaient l’envie de s’éteindre. Cela a vraiment ravivé une flamme en eux/elles qui les a reboosté·e·s même au-delà de l’expérience. À présent, elles/ils participent à nouveau à la vie active de la résidence ! C’est assez impressionnant !", rapporte Lisa, ergothérapeute.

Du côté des jeunes, l’enthousiasme est aussi présent. "Au début, c’était stressant d’aller à la maison de repos, mais après je me suis habitué. Je me suis senti écouté, malgré mon bégaiement et j’ai même réalisé une interview pour la première fois !", confie Samet, 14 ans.

Voici les participant·e·s des prochaines sessions :

1km² - 1050 Bruxelles : le centre de jour pour seniors Audrey Hepburn (CPAS), l’AMO Quartier Libre - SOS Jeunes, le Centre scolaire Eperonniers Mercelis, le Créahm pour le partenaire culturel.

1km² - 1200 Bruxelles  : la Maison de repos et de Soins Les Pléiades, l’institut des Dames de Marie, partenaires culturels à choisir.

1km² - 1000 et 1030 Bruxelles : l’Institut Saint-Louis (école secondaire) et l’Espace 51